Moins de passagers aux CFF au 1er semestre
Un tiers de passagers en moins au premier semestre 2020
Les CFF enregistrent une baisse du nombre de voyageurs de plus d'un tiers au premier semestre 2020 à cause de la pandémie. Les recettes ont fortement diminué, alors que les coûts n'ont été que "légèrement amortis" en raison du maintien de la desserte de base.
En moyenne 810'000 passagers ont voyagé quotidiennement, ce qui représente un tiers de moins par rapport à la même période de l'année précédente, ont indiqué les CFF jeudi dans un communiqué. Le nombre de voyageurs-kilomètres a également diminué de 38,4%.
La perte semestrielle s'élève à 479 millions de francs, contre un résultat positif de 279 millions pour le premier semestre 2019. Le trafic régional enregistre une perte de 146 millions et le trafic grandes lignes de 261 millions.
Les CFF indiquent encore que le bénéfice semestriel du secteur Immobilier s'élève à 106 millions de francs et que celui de CFF Cargo Suisse essuie une perte de 27,7 millions. La perte de SBB Cargo International se chiffre à 4,21 millions.
Les deux premiers mois ont vu une augmentation de la fréquentation de 4%. Mais la période de confinement à partir de mars a impacté le deuxième trimestre: les CFF indiquent avoir perdu la moitié des produits du trafic voyageurs par rapport à la même période de 2019.
Dès avril, les CFF ont pris des mesures d'économies d'un montant de 250 millions de francs, écrivent-ils. Les embauches dans les secteurs administratifs sont déjà gelées. Les investissements dans les technologies de l'information, l'énergie et l'innovation seront réduits et certains projets reportés. L'exploitation et la sécurité des chemins de fer ne sont pas concernées, assurent les CFF.
Ils indiquent par ailleurs avoir versé, avec l'ensemble de la branche, 100 millions de francs aux clients titulaires d'abonnements à titre de compensation. De plus, des loyers d'entreprises ont été réduits voire abandonnés pendant le confinement, d'après le communiqué.
Les CFF avaient déposé une demande de chômage partiel, refusée par les autorités cantonales. La compagnie indique avoir fait recours contre cette décision. Elle insiste par ailleurs sur le fait que ses collaborateurs ont toujours été intégralement payés.
Depuis le mois de juin, le nombre de passagers augmente de nouveau, ce qui devrait continuer au deuxième semestre, d'après les CFF. En conférence de presse jeudi, son CEO Vincent Ducrot a déclaré que le taux d'occupation actuel s'élevait à 70% du taux de la même période de l'année dernière pour le trafic grandes lignes et à 80% pour le trafic régional.
Soutenue par les mesures de la Confédération, la situation financière devrait donc s'améliorer au deuxième semestre, selon les CFF. Mais ils s'attendent toutefois à ce que le coronavirus impacte le comportement des voyageurs à moyen terme. Vincent Ducrot est satisfait de constater que la majorité des passagers portent le masque.
Malgré une dette à 13,4%, au-dessus de la limite maximale de 6,5% exigée par le gouvernement, les CFF indiquent avoir assez de liquidités ces prochains mois grâce au soutien de la Confédération. Ils sont actuellement en discussion au sujet d'autres mesures possibles pour le financement à moyen terme.
Le Conseil national a approuvé jeudi une aide de 900 millions de francs pour les transports publics. Il a suivi le Conseil des Etats en soutenant l'augmentation de 200 millions de francs proposée par le Conseil fédéral.
Malgré l'arrêt temporaire des chantiers, ceux-ci sont en bonne voie, selon les CFF. Ils indiquent encore que les investissements d'un peu plus d'un milliard sont globalement conformes au budget.
Les CFF regrettent de ne pas avoir planifié leur recrutement de conducteurs de locomotive de façon "assez proactive". En raison du manque de mécaniciens, certaines liaisons ferroviaires seront supprimées jusqu'à la fin de l'année, indique la compagnie. Les CFF écrivent que l'offre prévue pourra à nouveau être assurée à partir du changement d'horaire en décembre 2020. En Suisse romande, certaines restrictions seront en vigueur jusqu'à avril 2021.
Le Syndicat du personnel des transports (SEV) a réagi par communiqué, demandant qu'aucune mesure d'économie ne soit prise à la hâte. "Le rail est une activité à long terme dont la valeur ne peut se refléter que de manière insuffisante dans les chiffres annuels", a déclaré Barbara Spalinger, vice-présidente du SEV, dans le communiqué.
Le syndicat regrette que les mesures soient prises "comme s'il n'y avait pas de lendemain". Des mesures qui ont "durement touché le personnel".