Liz Truss remporte la course à Downing Street
La très libérale Liz Truss a remporté lundi la course pour devenir Première ministre britannique et succéder à Boris Johnson. Elle aura pour défi immédiat de s'attaquer à la crise historique du pouvoir d'achat qui frappe le Royaume-Uni.
Sans surprise, la cheffe de la diplomatie, qui a mené une campagne très à droite axée sur les baisses d'impôt, s'est imposée face à l'ex-ministre des Finances Rishi Sunak. Lors d'un vote réservé aux adhérents du parti conservateur, elle a recueilli 57% des voix, un score plus faible que prévu, alors que déjà elle n'avait pas la préférence des seuls députés.
Dans son discours, elle a promis "un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie". "Je m'attaquerai à la crise énergétique en m'occupant des factures d'énergie des gens, mais aussi en m'occupant des difficultés à long terme d'approvisionnement en énergie", a-t-elle ajouté, alors que selon la presse elle se prépare à annoncer un gel des factures d'énergie.
La nouvelle cheffe du gouvernement, âgée de 47 ans, a promis une "grande victoire" à son parti lors des législatives prévues en 2024, semblant exclure dans l'immédiat des élections anticipées. Elue cheffe du parti conservateur, Liz Truss va automatiquement accéder au pouvoir en raison de la majorité dont bénéficient les "tories" à la chambre des Communes.
Restée fidèle jusqu'au bout à Boris Johnson, qu'elle a fait applaudir en énumérant le Brexit, sa victoire face aux travaillistes et son soutien à l'Ukraine, Liz Truss va entrer à Downing Street dans un contexte économique et social explosif, marqué par une inflation qui dépasse les 10%, une hausse exorbitante des factures d'énergie prévue à l'automne et des grèves qui s'étendent.
Elle ne dispose d'aucun répit pour convaincre, à deux ans des prochaines élections. Forte d'une nette avance dans les sondages, l'opposition travailliste espère chasser les conservateurs au pouvoir depuis 2010. Le chef du Labour Keir Starmer a accueilli le résultat en soulignant que Liz Truss "n'est pas du côté des travailleurs".
Liz Truss devra aussi composer avec l'ombre de Boris Johnson, qui manque déjà à certains membres du parti conservateur - plus masculins, âgés et blancs que la moyenne des Britanniques - et n'a pas exclu un retour en politique.
Adressant ses félicitations à Liz Truss, le dirigeant sortant a appelé le parti à l'unité, après une campagne qui a mis au jour divisions et rancoeurs chez les conservateurs. Un appel auquel Rishi Sunak a immédiatement répondu favorablement, alors que la nouvelle Première ministre va devoir "diriger le pays dans une période difficile".
Boris Johnson ira dès mardi remettre sa démission à la reine Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse. Liz Truss suivra pour devenir la 15e cheffe de gouvernement du règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street, et former son gouvernement.
Premier dirigeant étranger à réagir après l'annonce officielle, le chancelier allemand Olaf Scholz a fait part de sa "hâte" de travailler avec la nouvelle dirigeante britannique.
Même impatience affichée de la part du Premier ministre irlandais Micheal Martin, alors que les relations entre les deux pays ont été durement éprouvées par les conséquences du Brexit. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré de son côté espérer "le respect intégral (des) accords" entre Londres et l'UE.
Le président de la Confédération Ignazio Cassis a quant à lui adressé ses "chaleureuses félicitations" à Mme Truss. Sur Twitter, il s'est réjoui de travailler avec elle pour "renforcer encore notre partenariat de longue date et notre coopération économique dans les mois à venir".