Les Bélarusses à nouveau dans la rue
Dizaines de milliers de manifestants de l'opposition à Minsk
Des dizaines de milliers de manifestants dénonçant le pouvoir du président bélarusse Alexandre Loukachenko sont descendus dans les rues de Minsk à l'appel de l'opposition pour le troisième dimanche consécutif. La police a arrêté des dizaines de personnes.
Malgré une présence massive des forces anti-émeutes, y compris de véhicules blindés, qui ont empêché plusieurs cortèges d'opposants de se rejoindre, le centre-ville de la capitale bélarusse était noir de monde, notamment de la place d'Octobre à celle de l'Indépendance, mais aussi aux abords du monument de la Stella, protégé par l'armée.
Les manifestants portaient des drapeaux rouge et blanc de l'opposition et scandaient des slogans comme "Loukachenko en fourgon cellulaire" ou "Pars!", selon un journaliste de l'AFP.
En plusieurs endroits du centre, les forces de l'ordre sont intervenues en début de manifestation, vers 14h00 locales, arrêtant plusieurs dizaines de personnes.
Présente en nombre et avec véhicules et grilles géantes, la police anti-émeute a quadrillé la place de l'Indépendance et d'autres endroits du centre de Minsk, aux côtés de militaires masqués et armés, sans signes distinctifs, selon une journaliste de l'AFP.
Mais les forces de l'ordre n'ont pas fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes ou de balles en caoutchouc, comme elles l'avaient fait contre les premiers rassemblements dénonçant la réélection le 9 août d'Alexandre Loukachenko, qui est confronté depuis à une vague de contestation inédite.
Beaucoup de manifestants moquaient aussi dans leurs slogans dimanche le président à l'occasion de son 66e anniversaire. Certains portaient même un cercueil décoré d'un cafard, le surnom donné à Loukachenko par ses détracteurs. D'autres, confrontés à des cordons de forces anti-émeutes, reprenaient en choeur: "libérez le passage!"
Des médias et groupes Telegram d'opposition, moyens de mobilisation cruciaux pour l'opposition, ont aussi diffusé des images de manifestations rassemblant des milliers de personnes dans différentes villes du pays, comme Brest ou Grodno.
Les deux dimanches précédents, quelque 100'000 personnes avaient défilé dans les rues de Minsk, défiant l'interdiction de manifester et une répression qui a visé manifestants, responsables politiques et de nombreux médias.
Les résultats de la présidentielle ont été rejetés par l'Union européenne, qui prépare des sanctions contre des hauts responsables du pouvoir bélarusse et a exhorté Alexandre Loukachenko à dialoguer avec l'opposition.
M. Loukachenko s'est pour sa part refusé à toute concession et dénonce un complot occidental destiné à le faire tomber. Vendredi, il a encore accusé les Occidentaux de vouloir le renverser dans le but d'affaiblir la Russie.
Il jouit jusqu'à présent du soutien prudent de son plus proche allié, le président russe Vladimir Poutine, qui s'est dit prêt à intervenir chez son voisin si les protestations dégénéraient, tout en appelant autorités et opposition à négocier.
Les deux hommes se sont parlés au téléphone dimanche, M. Poutine félicitant M. Loukachenko pour son son 66è anniversaire et promettant "le renforcement de l'alliance russo-bélarusse et le développement de la coopération dans tous les domaines", selon un communiqué du Kremlin.