Le Hamas a perdu le contrôle à Gaza, selon Israël
Israël a affirmé lundi que le Hamas avait "perdu le contrôle à Gaza", au 38e jour de la guerre. Le conflit a pris au piège des milliers de déplacés vivant dans des conditions "inhumaines" dans plusieurs hôpitaux du petit territoire palestinien.
Le Hamas "a perdu le contrôle à Gaza" et ses combattants "fuient vers le sud" de ce territoire où il est au pouvoir depuis 2007, a affirmé lundi le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, dans un message vidéo diffusé par plusieurs chaînes de télévision. Le mouvement palestinien, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, n'a pas réagi dans l'immédiat à ces affirmations.
Dans l'immense hôpital al-Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire, "la situation est très grave, c'est inhumain", a pour sa part alerté sur X (ex-Twitter) Médecins sans frontières, citant un de ses chirurgiens présent dans le complexe.
Depuis des jours, les affrontements entre combattants du Hamas et soldats israéliens se concentrent à Gaza-ville et les ambulanciers ne peuvent pas récupérer les morts et les blessés dans les rues alentours, a ajouté ce médecin. "Nous n'avons ni électricité, ni nourriture, ni eau dans l'hôpital", a-t-il raconté. "Des gens vont mourir dans quelques heures sans respirateurs artificiels qui fonctionnent".
Patients décédés
Des malades et des bébés sont déjà morts, a affirmé le Hamas, à cause du manque d'électricité dans cet hôpital qui abrite environ 600 patients et des milliers de civils cherchant un abri. Israël frappe sans répit la bande de Gaza depuis l'attaque lancée sur son sol par des commandos du Hamas le 7 octobre, et mène depuis le 27 octobre une opération terrestre dans le but "d'anéantir" le mouvement islamiste.
Du côté israélien, environ 1200 personnes ont été tuée et environ 240 sont retenues en otage, selon les autorités. L'armée israélienne fait état de 44 soldats tués. Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué l'éventualité d'un accord pour libérer certains des otages, une condition selon lui à tout cessez-le-feu.
Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont tué depuis le 7 octobre 11'240 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4630 enfants, selon le ministère de la santé du Hamas.
"Boucliers humains"
L'armée israélienne accuse le mouvement islamiste palestinien d'avoir installé ses infrastructures dans un réseau de tunnels sous l'hôpital al-Chifa, transformé en zone de guerre au coeur de la ville de Gaza, et d'utiliser les malades et les réfugiés comme "boucliers humains".
Le vice-ministre de la Santé du gouvernement du Hamas, Youssef Abou Rich, a déclaré lundi à l'AFP que "sept bébés prématurés" et "27 patients en soins intensifs" étaient morts depuis samedi en raison du manque d'électricité dans cet hôpital.
La situation est également dramatique à l'hôpital al-Qods, une autre zone où les combats font rage, selon le Croissant-Rouge palestinien. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) avait précisé que 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza ne fonctionnaient plus ces derniers jours.
"Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant", a plaidé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
"Légitimité" des opérations
Depuis plusieurs semaines, l'ONU demande que du carburant soit acheminé dans le territoire palestinien assiégé et privé d'électricité, notamment pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux. Faute d'essence, les camions de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ne pourront pas recevoir mardi l'aide internationale venant d'Egypte via le terminal de Rafah, a annoncé lundi sur X son patron, Thomas White.
Israël refuse de laisser le carburant entrer à Gaza, affirmant que cela pourrait profiter aux opérations militaires du Hamas, au pouvoir depuis 2007. Mais le chef de la diplomatie israélienne, Eli Cohen, a admis lundi que son pays devait s'efforcer de prolonger "la légitimité" des opérations militaires face à la pression internationale qui s'accentue.
Israël, qui ordonne à la population de quitter les zones de guerre, a annoncé qu'un "couloir" d'évacuation resterait en place lundi pour permettre aux civils de quitter l'hôpital al-Chifa, tout en admettant que ce secteur était en proie à "d'intenses combats".
Lundi, l'armée a annoncé qu'elle "continuait à mener des raids, visant des infrastructures terroristes installées dans des bâtiments gouvernementaux, au coeur de la population civile, y compris dans des écoles, des universités, des mosquées". Mais, a précisé sur X un porte-parole militaire, Richard Hecht: "Soyons clairs, notre guerre est contre le Hamas, pas contre la population de Gaza".
Navire turc transportant des hôpitaux
L'armée a aussi mis en place des "couloirs" sécurisés vers le sud de Gaza, moins touché par la guerre. Près de 200'000 Palestiniens, selon l'armée israélienne, avaient fui en trois jours, à la date de samedi, pour se réfugier dans le sud où des centaines de milliers de déplacés s'entassent dans des conditions humanitaires désastreuses. L'armée a aussi mis en place des "couloirs" sécurisés vers le sud de Gaza, moins touché par la guerre.
Selon l'ONU, environ 1,6 des 2,4 millions d'habitants du territoire ont été déplacés par la guerre.
L'aide internationale arrive lentement depuis l'Egypte, en quantité très insuffisante selon l'ONU. Un navire turc transportant des hôpitaux de campagne est arrivé au port égyptien d'Al-Arish, près du poste-frontière de Rafah. Environ 980 camions chargés d'aide sont arrivés dans la bande de Gaza depuis le 21 octobre, dont 76 dimanche, selon l'Ocha.
Dans l'autre sens, plus de 550 ressortissants étrangers et binationaux ont pu quitter Gaza lundi, ainsi que neuf Palestiniens blessés, selon les services palestiniens.