Le chancelier vaudois à la retraite
Chancelier vaudois: la retraite après 24 ans de fonction
Fin diplomate, passionné de Tintin, féru d'histoire et doté d'un sens du devoir sans faille: le chancelier vaudois Vincent Grandjean part à la retraite le 30 septembre 2021 après 24 ans de carrière. Le gouvernement salue "un exceptionnel et grand serviteur de l'Etat".
Un peu serviteur de l'ombre mais surtout rouage essentiel de l'Etat, le chancelier a côtoyé 22 conseillers d'Etat. Homme de culture, à l'humour pince-sans-rire, il estime "pour un cocktail de raisons" qu'il "est temps de passer la main. Même si j'adore mon job et que je m'y consacrerai avec la même passion jusqu'à mon départ", confie-t-il jeudi à Keystone-ATS.
Né le 28 novembre 1958 à Lausanne, Vincent Grandjean y mène des études de droit, travaille dans les cercles patronaux puis entre à l'Etat de Vaud. En 1992, il est délégué aux affaires européennes, puis secrétaire général du Département de justice et police et, enfin, chancelier de l'Etat de Vaud à partir du 1er août 1997.
Son début de carrière a été marqué par la crise des années 90 et la grande mue des institutions qui s'en est suivie. Il nuance: "les institutions sont d'une grande stabilité, ce qui est bénéfique, surtout en période de crise". Mais le tissu économique du canton, sa démographie et son ouverture au monde ont fortement évolué.
La manière de travailler du gouvernement et de l'administration ont totalement changé. Le chancelier y a contribué, tout comme il a participé activement à la réalisation de trois programmes de législatures, un document qui guide l'action du gouvernement.
Quelle sont ses plus grandes fiertés ? "Mon souci de tous les jours était que le Conseil d'Etat ait le temps, la planification et les instruments de pilotage pour mener à bien son action. Dans ce domaine, j'ai le sentiment d'avoir fait le job", dit-il.
Mais il n'accepte de parler de ses fiertés que si on mentionne aussi ce dont il est le moins satisfait: il estime que le démarrage vers la cyberadministration aurait pu être plus rapide et qu'il aurait dû faire davantage en faveur de la simplification administrative.
Vincent Grandjean va quitter avec un pincement au coeur le château Saint-Maire à Lausanne, siège du gouvernement. "J'adore l'Histoire, C'est une des choses qui va me manquer: parler de la rénovation du château et de son histoire", ajoute-t-il.
Un château dont il connaît parfaitement l'histoire, tout comme celle du château de Klow, écrit le communiqué de presse officiel. "C'est un double clin d'oeil du Conseil d'Etat", s'amuse-t-il. "D'une part à mon côté facétieux, car j'adore faire des petits faux. D'autre part à mon intérêt pour Tintin et la BD, que j'adore", dit-il.
Vincent Grandjean part environ deux ans avant l'âge légal. "C'est un choix personnel", explique-t-il. Il songeait à démissionner à la fin de la législature en juin 2022, mais a finalement jugé "plus adéquat" de partir quelques mois avant, pour que son successeur ait le "pied à l'étrier" lorsqu'il s'agira de rédiger le prochain programme de législature.
Il a plusieurs projets personnels pour la suite, et envisage notamment de prendre la plume. "Je souhaite rendre à la collectivité ce qu'elle m'a donné pendant près d'un quart de siècle. Pas pour écrire des mémoires ou des anecdotes, mais pour livrer le regard d'un observateur, d'un témoin d'une époque".
Il pourrait aussi rédiger le troisième tome de l'histoire du gouvernement vaudois, des années 1953 à 2022. Et il continuera à s'investir dans les conseils de Fondation du Château de Chillon, de Plateforme 10 et du festival de bandes dessinées BDFil.