La pro-européenne Sandu en tête en Moldavie
Présidentielle en Moldavie: la pro-européenne Sandu en tête
L'ex-Première ministre pro-européenne Maia Sandu était en tête du second tour de la présidentielle en Moldavie dimanche. Elle devancerait le chef de l'Etat sortant pro-russe Igor Dodon, après le dépouillement de plus de 90% des bulletins.
Avec 94,97% des bulletins dépouillés, Mme Sandu a obtenu 52,09% des suffrages contre 47,91% pour M. Dodon, qui dirige depuis quatre ans cette ex-république soviétique à majorité roumanophone qui balance depuis des années entre ambitions européennes et rapprochement avec Moscou.
La probable victoire de Mme Sandu risque d'être mal vue en Russie, déjà confrontée cette année à des mouvements de protestation dans d'autres pays de sa zone d'influence comme le Bélarus et le Kirghizstan, après avoir perdu depuis 2014 ses liens avec l'Ukraine.
"La Commission électorale centrale a fermé les yeux sur des violations flagrantes" mais "je suis confiante dans le fait que la voix de la nation sera entendue", a déclaré Mme Sandu, 48 ans après la fermeture des bureaux de vote à 20h00 (heure suisse), appelant ses compatriotes à "attendre calmement les résultats" et à "éviter les provocations".
Dans la même veine, M. Dodon, 45 ans dont quatre à la présidence, a "appelé au calme" ses supporters et ceux "de sa rivale". "Nous allons tout faire pour ne pas permettre de déstabilisation", a-t-il ajouté, faisant lui aussi état de "violations".
Cheffe du parti Action et solidarité (centre droit) après avoir travaillé pour la Banque mondiale, Mme Sandu, 48 ans, avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour de la présidentielle.
"Aujourd'hui, vous avez le pouvoir de punir ceux qui vous ont volés, qui vous ont réduits à la misère et contraints de quitter votre maison", a-t-elle lancé après avoir voté à Chisinau, dans une allusion claire à son rival, visé par des accusations de corruption pendant son mandat.
Pour sa part, M. Dodon, 45 ans, a déclaré avoir "voté pour la paix". "Nous devons maintenir de bonnes relations avec l'Union européenne et avec la Russie", a déclaré le responsable qui s'est posé comme un garant de la "stabilité" pendant sa campagne.
Amputé d'une partie de son territoire, la Transdniestrie, contrôlée par des séparatistes pro-russes, ce pays de 3,5 millions d'habitants est parmi les pays les plus pauvres d'Europe et jusqu'à 40% de sa population, selon les estimations, est partie à l'étranger pour échapper à la misère.
Coincée entre l'Ukraine pro-occidentale et la Roumanie membre de l'Union européenne, la Moldavie a été secouée en 2015 par un énorme scandale de corruption, concernant la disparition d'un milliard de dollars des caisses de trois banques nationales, équivalent de 15% du PIB.
Alors que le décalage entre les deux rivaux n'était pas très important, l'issue du vote pourrait à nouveau être décidée par la diaspora moldave en Europe, qui s'est à nouveau rendue massivement aux urnes formant des files d'attente dans une dizaine de pays européens mais aussi à Moscou.
Près de 258'000 Moldaves ont voté à l'étranger contre 150'000 au premier tour. La participation globale a atteint 52,7% contre 43% au total au premier tour.
A Varnita (sud-est), localité située près de la ligne de contact avec la Transdniestrie, des dizaines de policiers sont intervenus face à des supporters de Mme Sandu qui avaient tenté de bloquer la route pour empêcher l'arrivée des électeurs depuis ce territoire sécessionniste, généralement pro-russes, sur fond de rumeurs d'achat de voix en faveur de M. Dodon.
A Chisinau, cinq des six électeurs interrogés par l'AFP ont dit avoir voté pour Mme Sandu.
L'opposante Sandu a reçu le soutien de Bucarest qui a de forts liens historiques avec Chisinau. Moscou a publiquement soutenu M. Dodon en accusant les Occidentaux d'ingérence et d'orchestrer "un scénario révolutionnaire" pour la Moldavie, qui a déjà connu des contestations post-électorales.
Selon des analystes pourtant, seule la victoire de M. Dodon pourrait déclencher des manifestations des partisans de Mme Sandu, surtout en cas de résultat final serré.