L'UDC seule, les avions de combat ont divisé
L'UDC s'est retrouvée seule, les avions de combat ont divisé
Lors du scrutin fédéral du 27 septembre, l'UDC n'a pas convaincu au-delà de son électorat pour son initiative de limitation. L'électorat suisse s'est divisé en deux camps presque égaux quant aux coûts de six milliards de francs pour l'équipement des forces aériennes.
Pour les personnes ayant voté "non" à l'initiative dite de limitation, cette dernière représentait une menace pour les relations entre la Suisse et l'Union européenne (UE). Telle est la principale cause du rejet de l'initiative, relève jeudi l'analyse VOTO relative au scrutin fédéral du 27 septembre.
Les votants proches du PS, des Verts et des Vert'libéraux ont rejeté cet objet à plus de 85%. Une minorité des partisans du PDC et du PLR ont accepté l'initiative, à respectivement 33% et 28%.
Les sympathisants des partis bourgeois craignaient des conséquences économiques graves. Par principe, ils souhaitent une reprise du contrôle de l'immigration, mais pas au prix d'une rupture avec l'UE, d'après l'enquête, financée par la Chancellerie fédérale et réalisée par le Zentrum für Demokratie Aarau, FORS et l'institut de sondage LINK.
Concernant la révision de la loi sur la chasse, l'argumentation a été dominée par les émotions, selon l'étude. Les opposants estimaient que le loup avait sa place en Suisse tandis que les partisans l'ont présenté comme une bête dangereuse pour la population et pour les autres animaux.
Le lieu du domicile, selon qu'il se situe dans une région repeuplée par le loup ou non, ainsi que les sympathies politiques ont joué un rôle. Celles-ci n'ont eu qu'un rôle secondaire dans les cantons alpins mais elles ont eu plus de poids dans les centres urbains.
La révision de la loi a été rejetée à 93% à gauche et acceptée à plus de 60% à droite. Le fait que des animaux aient pu être abattus sans avoir causé de dommages a fait pencher la balance du côté du "non". Les partisans ont perçu ce rejet comme une mise sous tutelle des régions de montagne par les cantons de plaine plus peuplés, d'après l'analyse.
Les personnes ayant voté en faveur des nouveaux avions de combat étaient majoritairement des hommes, des personnes des tranches les plus âgées de l'électorat et les votants avec un niveau de formation modeste. Les femmes, les plus jeunes et les personnes ayant une bonne formation ont pour la plupart voté "non". Mais l'écart était serré, note l'enquête VOTO, conduite auprès de 1513 personnes ayant le droit de vote.
Les positions politiques ont aussi eu leur importance: comme lors d'autres scrutins relatifs à l'armée, la gauche a massivement rejeté l'objet et la droite l'a nettement accepté. L'électorat se positionnant au centre a voté "oui" à 60%. Ce scrutin était avant tout un vote pour ou contre l'armée, d'après l'analyse.
Dans le camp du "oui", la plupart des personnes étaient fondamentalement favorables à l'armée. Les faits que les six milliards de francs nécessaires proviennent du budget ordinaire de l'armée et que le Conseil fédéral ait recommandé de voter "oui" sont des arguments qui ont fait mouche.
Du côté des opposants, les coûts étaient trop élevés et il y avait des doutes quant à la nécessité d'un équipement de pointe pour les forces aériennes. L'enquête souligne qu'au Tessin, 13% des opposants ont invoqué le coronavirus comme principal motif de leur décision.
L'introduction du congé paternité était associée à l'égalité entre hommes et femmes concernant non seulement les droits mais aussi les obligations. Les jeunes femmes ont largement accepté cet objet, précise l'analyse.
A gauche, le congé paternité a été accepté à 90%. Les partisans du PDC et du PLR étaient divisés: environ la moitié d'entre eux ont voté "oui". Du côté de l'UDC, l'objet a été refusé à 78%.
Quant à la modification de la loi sur l'impôt fédéral direct, son refus s'explique par le fait que beaucoup y ont vu un cadeau fiscal aux ménages fortunés, explique l'enquête VOTO. Le projet de révision n'a pas obtenu de majorité dans aucun des six grands partis. Rejeté à gauche, il n'a pas convaincu non plus les sympathisants du camp bourgeois, pourtant favorable à ce projet.
Les partisans du camp rose-vert ont été nombreux à se rendre aux urnes le 27 septembre, de même que les personnes ayant un bon niveau de formation, bénéficiant d'un revenu élevé ou qui vivent dans les centres urbains. La forte mobilisation de ces groupes a eu un impact sur les résultats du scrutin, selon l'enquête.