L'aide humanitaire devrait commencer à arriver vendredi à Gaza
L'aide humanitaire tant attendue par les Palestiniens bloqués dans la bande de Gaza devrait commencer à y entrer vendredi, a rapporté jeudi un média égyptien. La guerre meurtrière entre Israël et le Hamas se poursuit en dépit d'une intense activité diplomatique.
L'armée israélienne a continué jeudi de pilonner la bande de Gaza, en riposte à l'attaque sans précédent menée le 7 octobre sur le sol israélien par le mouvement palestinien Hamas qui règne sur ce territoire d'où des roquettes ont été tirées également sur Israël, selon des journalistes de l'AFP.
Plus de 1400 personnes ont depuis été tuées sur le territoire israélien par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes. Selon l'armée israélienne, environ 1500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive, ayant permis à Israël de reprendre le contrôle des zones attaquées. Le nombre d'otages du Hamas a été revu à la hausse à 203 personnes jeudi.
Côté palestinien, plus de 3700 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans les bombardements incessants menés en représailles par l'armée israélienne, selon un dernier bilan des autorités locales.
La chaîne égyptienne AlQahera News affirme que le point de passage de "Rafah (entre l'Egypte et la bande de Gaza, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, ndlr), ouvrira demain" vendredi, sans donner plus de détails sur l'aide qui passera.
Sans eau, nourriture, ni électricité
Au Caire, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a plaidé jeudi pour "un accès humanitaire rapide et sans obstacle" de l'aide humanitaire à Gaza, appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".
Le président américain, Joe Biden, qui était en visite mercredi en Israël, avait affirmé avoir obtenu du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de "laisser jusqu'à 20 camions traverser", un nombre totalement insuffisant selon l'OMS.
Les convois d'aide humanitaire, qui doivent se rendre sur cette langue de terre exiguë où vivent 2,4 millions de Palestiniens, sont bloqués depuis des jours au point de passage de Rafah, le seul à ne pas être contrôlé par Israël.
Des quartiers entiers ont été rasés et se retrouvent sans eau, sans nourriture ni électricité, et plus d'un million de personnes ont été déplacées après le siège imposé par Israël le 9 octobre à Gaza, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Passage des camions
Au terminal de Rafah entre l'Egypte et Gaza, des Egyptiens ont réparé jeudi les dégâts des bombardements israéliens en vue du passage des camions d'aide, selon des témoins. Et des dizaines de personnes se sont rassemblées dans l'espoir d'une réouverture du point de passage.
"Nous voulons faire passer autant de camions que possible. Il y en a, je crois, 150 environ", a déclaré mercredi soir le président américain. Mais "si le Hamas ne les laisse pas passer (...) alors ce sera fini", a-t-il averti.
Mercredi, M. Biden avait mis Israël hors de cause pour la frappe meurtrière contre l'hôpital Ahli Arab de Gaza, parlant d'une "roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza". L'armée israélienne, qui affirme avoir des "preuves" de la responsabilité du Djihad islamique, et le Hamas se renvoient la responsabilité.
Cette frappe a fait au moins 471 morts parmi des déplacés du conflit qui s'abritaient dans l'enceinte de l'hôpital, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. Probablement beaucoup moins, a toutefois affirmé un haut responsable européen du renseignement, interrogé par l'AFP, qui évalue à "quelques dizaines" le nombre de morts de cette frappe mardi soir.
Un porte-parole de l'armée israélienne a également contesté le nombre avancé par le Hamas: "Où sont tous les corps?", a-t-il dit. Les photos et vidéos de l'AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures.
Eviter un embrasement régional
Sur le plan diplomatique, plusieurs pays s'activent pour éviter un embrasement régional. En visite en Israël, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a exprimé jeudi son soutien à ce pays, mais a appelé à accélérer l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.
Le président égyptien et le roi Abdallah II de Jordanie ont réclamé l'"arrêt immédiat" du conflit dans la bande de Gaza tout en accusant Israël d'infliger à ce territoire une "punition collective" visant à "affamer" les Palestiniens et à les "forcer au déplacement", selon Amman. Ces deux pays, qui ont souvent joué les médiateurs entre Israéliens et Palestiniens, mettent en garde depuis plusieurs jours contre un "déplacement forcé" de Palestiniens sur leur sol.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a entamé de son côté jeudi une nouvelle tournée au Proche-Orient.
La tension reste forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas. Washington et Londres ont appelé jeudi leurs ressortissants à quitter le Liban.
Jeudi soir, le président Biden doit s'adresser aux Américains depuis la Maison Blanche pour tenter de les souder derrière Israël et l'Ukraine.