Hôpital de Rennaz à nouveau sous perfusion
Hôpital de Rennaz: Vaud et Valais à la rescousse pour 125 millions
Face aux difficultés financières de l'Hôpital de Rennaz, les cantons de Vaud et du Valais viennent à nouveau à sa rescousse. Ils prévoient un important soutien financier de 125 millions de francs sur quinze ans. Le retour à des comptes équilibrés est prévu pour 2026.
"Ces 125 millions représentent une subvention, de l'argent frais, pour assurer la viabilité à moyen terme" de l'Hôpital Riviera-Chablais (HRC), a expliqué vendredi à Keystone-ATS Esther Waeber-Kalbermatten, ministre valaisanne de la santé. Elle précise que la direction de l'HRC, de son côté, va entreprendre des mesures structurelles d'économie à hauteur de 25 millions de francs d'ici 2026.
Avec ce double effort, "l'objectif est d'arriver à un équilibre financier dès 2026", a affirmé la cheffe du Département de la santé, des affaires sociales et de la culture. Ces 125 millions de francs se répartissent en deux montants: 20 millions en 2021 pour éponger les pertes actuelles et 7 millions sur 15 ans, soit 105 millions au total, pour couvrir les charges d'investissement, car l'activité déployée ne permet pas actuellement de les financer.
Le communiqué publié vendredi par les deux Conseils d'Etat indique aussi que les coûts de construction de l'HRC, tant pour le nouvel hôpital de Rennaz que pour la transformation des deux antennes locales de Monthey et Vevey, "s'élèvent à un total de 400 millions de francs, alors que les garanties d'emprunt déjà octroyées par les deux cantons sont au total de 330 millions de francs".
Ils demandent dès lors l'octroi d'une garantie complémentaire de 70 millions de francs afin de permettre à l'HRC d'emprunter de l'argent à des banques ou sur les marchés financiers pour payer la fin de la construction de l'établissement. Pour rappel, le coût de l'Hôpital de Rennaz avait été estimé à environ 350 millions en 2012.
Les deux cantons vont également se porter garant à hauteur de 40 millions de francs supplémentaires pour permettre à la direction de l'établissement d'emprunter de l'argent pour couvrir son déficit. Cette nouvelle garantie d'emprunt s'ajoute aux 90 millions déjà garantis, désormais aussi pour payer des équipements médicaux (35 mio) et alimenter la trésorerie (55 mio) afin d'assurer l'exploitation de l'HRC (stocks, salaires, débiteurs, etc).
Au total, nous arrivons à 130 millions de garanties d'emprunt de la part de nos deux cantons, souligne Mme Waeber-Kalbermatten, dont 75% sera assuré par Vaud et 25% par le Valais. En revanche, la garantie d'emprunt provisoire de 80 millions, accordée ce printemps, va disparaître, précise-t-on.
Tout cet "ambitieux" plan de sauvetage va devoir être approuvé par les Parlements des deux cantons. En Valais, le Grand Conseil devrait s'y pencher en février prochain, selon Mme Waeber-Kalbermatten. Son homologue vaudois certainement aussi au début de l'année prochaine. Les deux gouvernements se disent conscients que les montants demandés aux deux parlements sont "très importants".
C'est ce printemps que l'ampleur de la tourmente financière de l'établissement valdo-valaisan - qui a permis de regrouper cinq sites hospitaliers de la région et a accueilli ses premiers patients en novembre 2019 - a été découverte. Le déficit budgétisé à six millions de francs pour 2019 s'est finalement monté à 18 millions. Celui de 2020 devrait dépasser les 18 millions.
Surcoûts et retards liés au déménagement (reporté de mai à novembre l'an dernier), problèmes de mise en oeuvre et revenus hospitaliers inférieurs aux attentes ont été avancés pour justifier l'ampleur de la perte. Plusieurs voix se sont aussi élevées contre la gouvernance de l'établissement, qui a notamment dû composer avec des démissions en cascade et des problèmes d'absentéisme depuis son inauguration.
Publiés le 28 août, les deux audits ordonnés par les cantons de Vaud et du Valais avaient plus globalement confirmé d'importantes lacunes dans la gestion financière et des affaires courantes de l'HRC.