Bande de Gaza: au moins 19 morts dans un raid israélien
La Défense civile de Gaza a fait état dans la nuit de lundi à mardi de la mort de 40 personnes dans une attaque israélienne sur la zone humanitaire d'Al-Mawasi à Khan Younès, Israël soulignant avoir visé un "centre de commandement" du Hamas.
L'émissaire de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a "condamné fermement" les "frappes aériennes meurtrières d'Israël". Londres a jugé les décès "choquants", la Turquie a dénoncé un "crime de guerre" et l'Egypte a condamné "la poursuite des massacres israéliens".
Alors que la guerre ne connaît pas de répit, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé qu'au moins 19 Palestiniens avaient été tués et plus de 60 blessés dans des frappes israéliennes menées avant l'aube sur la zone humanitaire d'Al-Mawassi, dans le sud de la bande de Gaza, où des déplacés ont installé des tentes de fortune.
"Sous le sable"
Les morts ont été identifiés dans divers hôpitaux, a-t-il ajouté dans un communiqué. Mais "des victimes se trouvent toujours sous les décombres, sous le sable et sur les routes. Les ambulances et les équipes de la protection civile ne peuvent pas les atteindre et les récupérer".
Plus tôt, un responsable de la Défense civile, Mohammed Al-Mughair, a fait état de 40 morts, 60 blessés et 15 disparus dans ces frappes. "Des familles entières ont disparu (...) sous le sable, dans des cratères profonds", a déclaré un porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.
L'armée israélienne a indiqué avoir mené une "frappe de précision" contre des "cadres du Hamas" à al-Mawassi. Elle avait pourtant désigné ce secteur côtier de 46 km2 "zone humanitaire" où sont censés se regrouper les Palestiniens appelés à évacués les secteurs ciblés par les bombardements israéliens.
Elle a mis en doute le bilan palestinien des victimes. Selon elle, des "terroristes du Hamas qui opéraient dans un centre de commandement dans la zone humanitaire" ont été ciblés. Des chefs militaires du Hamas figurent parmi les morts, dont trois présentés comme "directement impliqués dans l'exécution du massacre du 7 octobre".
Missiles "sur nos têtes"
"Les allégations de l'occupation (Israël, ndlr) sur la présence de combattants de la résistance (à al-Mawassi) sont un mensonge éhonté", a rétorqué le Hamas.
"Ils nous ont dit de venir à al-Mawassi et nous nous sommes installés ici. La zone a été bombardée sans avertissement", a dit à l'AFPTV un témoin palestinien. "Il n'y a que des tentes autour de nous, des abris, il n'y a rien ici, et puis nous avons vu les missiles tomber sur nos têtes."
Devant l'hôpital Nasser de Khan Younès, où des victimes ont été transférées, Taghreed Abou Assi, désespérée, raconte avoir identifié le corps de sa soeur. "Mon message au monde: s'ils veulent nous exterminer, qu'ils le fassent, parce que nous sommes fatigués, nous sommes épuisés, nous sommes impuissants."
L'armée israélienne a précédemment ciblé al-Mawassi, zone proche de Khan Younès. En juillet, selon les autorités sanitaires, plus de 90 personnes ont péri dans des frappes, Israël affirmant ensuite y avoir tué le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif.
"Le Hamas n'existe plus"
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien à partir de Gaza. En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une campagne de bombardements aériens suivie d'une offensive terrestre qui ont dévasté le territoire palestinien et fait des dizaines de milliers de morts.
"En tant que formation militaire", le Hamas "n'existe plus", a affirmé le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant. Désormais, ce mouvement "mène une guerre de guérilla et nous sommes toujours en train de combattre des terroristes du Hamas à Gaza et de traquer" ses dirigeants, a-t-il dit.
Commandant du Hezbollah tué
Au Liban voisin, un commandant local du Hezbollah a péri mardi dans une frappe israélienne dans l'est du Liban, a indiqué une source proche du mouvement libanais. L'armée israélienne a confirmé avoir tué un responsable de ce groupe islamiste.
L'armée israélienne a par ailleurs jugé mardi "très probable" que ses tirs ont tué "indirectement et involontairement" une militante américano-turque vendredi lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée. Selon elle, les tirs ne visaient pas cette militante de 26 ans, mais "le principal instigateur de l'émeute".
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé que l'armée israélienne devait procéder à des "changements fondamentaux dans leur manière d'opérer en Cisjordanie" après cette mort "injustifiée". Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé que son pays ferait tout son possible pour que ce décès "ne reste pas impuni".