Espoirs démocrates en Géorgie
Espoirs démocrates en Géorgie pour le Sénat, le suspense demeure
Des voix démocrates se montraient confiantes mardi soir de remporter une double élection sénatoriale cruciale pour le début de mandat de Joe Biden. L'annonce d'un résultat restait cependant lointaine deux heures après la fermeture des bureaux de vote.
"Tout se joue aujourd'hui", avait prévenu Joe Biden, qui deviendra le 20 janvier le 46e président des Etats-Unis et compte bien marquer la rupture avec Donald Trump.
S'ils parviennent à conserver un seul des deux sièges en jeu, les républicains garderont leur majorité au Sénat. "Cette élection va être très serrée", ont mis en garde dans l'après-midi les deux sénateurs républicains sortants, David Perdue et Kelly Loeffler.
Mais si les deux candidats démocrates, Jon Ossoff et Raphael Warnock, l'emportent, la chambre haute basculera dans le camp de Joe Biden. Avec un peu plus de 60% des bulletins dépouillés dans l'Etat de la Géorgie, les deux candidats démocrates menaient d'une très courte tête.
La prudence restait de mise, l'écart se resserrant à mesure que le dépouillement avançait; les résultats peuvent varier grandement entre le dépouillement des bulletins déposés par anticipation et ceux du jour du vote, comme l'a démontré la présidentielle du 3 novembre.
Mais des démocrates n'ont pas attendu pour dire leur espoir. "Je crois qu'on va gagner", a tweeté l'ancien chef adjoint de la campagne de Joe Biden et ex-ambassadeur, Rufus Gifford. "La Géorgie va une nouvelle fois marquer l'histoire", a affirmé l'élue démocrate de la Chambre des représentants, Ilhan Omar.
Dave Wasserman, analyste du site indépendant Cook Political Report, a estimé que les républicains avaient un "problème de participation", en rappelant la vague démocrate à la Chambre il y a deux ans.
"C'est ce que nous avons vu en 2018: de nombreux électeurs de Trump ne se mobilisent simplement pas quand Trump n'est pas sur le bulletin. Est-ce que l'histoire se répète ce soir? Jusqu'ici, oui", a-t-il tweeté. Des républicains pourraient en outre avoir été découragés d'aller voter par les accusations répétées de fraude lancées par le milliardaire.
Plus de trois millions d'électeurs, un nombre record pour une sénatoriale partielle en Géorgie, ont pu voter par anticipation, soit quelque 40% des inscrits dans l'Etat.
Au total 832 millions de dollars ont été dépensés dans la campagne, selon le Center for Responsive Politics, un organisme indépendant.
Signe des grands enjeux, les présidents élu et sortant avaient fait lundi le déplacement sur le terrain pour donner de la voix.
Ces élections partielles pourraient être "votre dernière chance de sauver l'Amérique telle que nous l'aimons", a tonné à Dalton Donald Trump, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite, plus de deux mois après l'élection.
Les deux sénateurs républicains partaient favoris dans cet Etat conservateur. S'il n'a pas remporté le premier tour, David Perdue était arrivé proche des 50% face à Jon Ossoff. Kelly Loeffler pourrait, elle, bénéficier d'un important report de voix d'un rival républicain qui avait divisé les soutiens au premier round contre Raphael Warnock, arrivé en tête.
Mais les démocrates ont espoir de l'emporter, galvanisés par la courte victoire de Joe Biden dans l'Etat le 3 novembre, une première depuis 1992.
Ils ont notamment tenté de largement mobiliser les électeurs afro-américains, clés pour toute victoire démocrate.
Au lendemain de ces élections partielles, le Congrès se réunira pour enregistrer formellement le vote des grands électeurs en faveur de Joe Biden (306 contre 232). L'issue de cette obligation constitutionnelle, qui relève d'ordinaire de la simple formalité, ne fait aucun doute.
Mais la croisade de Donald Trump donne à cette journée une tonalité particulière. Si certains poids lourds républicains, dont le chef des sénateurs Mitch McConnell, ont fini par admettre la victoire de Joe Biden, le président sortant peut encore compter sur le soutien indéfectible de dizaines de parlementaires. Ces élus ont promis d'exprimer leurs objections mercredi, et de faire résonner les allégations de fraude au sein même du Capitole.
M. Trump a de nouveau fait pression mardi sur son vice-président Mike Pence, auquel reviendra le rôle protocolaire de déclarer Joe Biden vainqueur. "Le vice-président a le pouvoir de rejeter les grands électeurs choisis de façon frauduleuse", a tweeté le président, à tort.
Dans la rue, une grande manifestation de soutien à Donald Trump est prévue à Washington. Tenant des drapeaux au nom du milliardaire, des centaines de sympathisants se rassemblaient déjà dans la capitale lundi.
Le président sortant a confirmé qu'il s'exprimerait devant eux mercredi à 11h00 (17h00 en Suisse) depuis l'Ellipse, esplanade située au sud de la Maison Blanche.
Joe Biden lui s'est largement gardé de commenter cette pression sans précédent autour d'une journée qui relève d'ordinaire d'une formalité. Mercredi il a prévu de faire un discours... sur l'économie.