Décès de René Felber
Décès de l'ancien conseiller fédéral René Felber
L'ancien conseiller fédéral René Felber est décédé à l'âge de 87 ans. Ministre des affaires étrangères durant cinq ans (1988-93), il a assoupli la politique de neutralité helvétique. Il s'est surtout engagé en faveur de l'intégration européenne de la Suisse.
La présidente du Parti socialiste neuchâtelois Florence Nater a confirmé à Keystone-ATS l'information publiée dimanche soir par le site Arcinfo.
René Felber est le premier conseiller fédéral à avoir plaidé ouvertement pour l'adhésion de la Suisse à l'UE. Il avait reconnu que la question européenne ne se pose pas seulement en termes économiques, mais bien politiques et existentiels.
C'est sous son impulsion et celle de son collègue vaudois Jean-Pascal Delamuraz que le Conseil fédéral a demandé en mai 1992l'ouverture de négociations en vue d'une adhésion à l'UE - demande gelée, puis retirée depuis.
Pour M. Felber et une petite majorité du gouvernement de l'époque, le traité sur l'Espace économique européen (EEE) ne devait être qu'une étape sur le chemin de l'adhésion. Avec M. Delamuraz, il s'est fortement engagé dans la campagne passionnée sur l'EEE. Mais le message des deux Romands a mal passé en Suisse alémanique et au Tessin. Le non du 6 décembre 1992 a été le principal échec de la carrière de René Felber.
De manière générale, René Felber a accentué la politique d'ouverture de son prédécesseur Pierre Aubert, un autre socialiste neuchâtelois. Il l'a fait dans une période de bouleversements mondiaux, marquée notamment par la chute des régimes communistes en Europe de l'Est et la dislocation de l'URSS. La Suisse a été parmi les premiers pays à reconnaître et à coopérer avec les nouveaux Etats d'Europe centrale et orientale.
Après la fin de la guerre froide, il a relativisé la neutralité avec pragmatisme. Ainsi, la Suisse a participé pour la première fois aux sanctions de l'ONU lors de la guerre du Golfe, puis du conflit yougoslave. Elle a aussi commencé à prendre part aux missions de paix de l'ONU, notamment à Chypre, au Liban, en Namibie et au Sahara occidental.
Président de la Confédération en 1992, René Felber a quitté le Conseil fédéral au printemps suivant. Après l'ablation d'une tumeur maligne à la vessie en 1991, il n'avait pas récupéré tous ses moyens et ne se sentait plus en mesure d'assumer pleinement ses charges. Cette démission lui a permis de "sauver sa peau", a-t-il déclaré plus tard.
A peine sorti du gouvernement, René Felber a été nommé rapporteur de la Commission des droits de l'homme de l'ONU pour les territoires occupés par Israël. Après avoir présenté deux rapports sévères pour l'armée israélienne, il a démissionné en février 1995, expliquant que seule l'accélération du processus de paix au Proche-Orient pourrait améliorer la situation.
De 1994 à 1996, le Neuchâtelois a réussi, comme premier président de l'Assemblée interjurassienne. De 1998 à 2000, René Felber a encore présidé le conseil de fondation du Centre international de déminage humanitaire, à Genève.
Même à la retraite, René Felber n'a jamais caché ses opinions, notamment sur les rapports entre la Suisse et l'UE. Ainsi, il a soutenu l'initiative "Oui à l'Europe" en 2001. Pour lui, la voie bilatérale n'est pas une solution à long terme. Si elle n'adhère pas, la Suisse risque de devenir un satellite de l'Union européenne.
René Felber est né le 14 mars 1933 à Bienne. Il a suivi le parcours classique de l'homme politique suisse, en accédant successivement aux trois niveaux de responsabilité de l'Etat.
Sa carrière politique dans les rangs socialistes a commencé en 1960 au parlement communal du Locle, ville dont il a été le président de 1964 à 1980. Il a siégé au Grand conseil neuchâtelois de 1965 à 1976 et au Conseil national de 1967 à 1981, comme chef du groupesocialiste pendant les derniers mois.
Après 16 ans à la tête du Locle, M. Felber a poursuivi sa carrière gouvernementale au Conseil d'Etat neuchâtelois. Il y a dirigé le Département des finances et des cultes de 1981 à 1988.