Débat sur le budget 2021 de la Confédération
Le Covid au centre du budget 2021 de la Confédération
Le Conseil national a entamé mercredi les débats sur le budget 2021 de la Confédération. Les dépenses pour la crise du Covid ont été au centre des interventions. Première décision: les députés ont inscrit au budget 680 millions pour les cas de rigueur.
L'arrivée du coronavirus a tout bouleversé depuis février, ont relevé les députés. La Suisse vit une période de récession grave: le PIB devrait subir une baisse de 3,8% en 2020 et la deuxième vague laisse encore planer pas mal d'incertitude sur l'économie, a déclaré Roland Fischer (PVL/LU) pour la commission.
Tous les députés ont salué la bonne réaction de la Confédération qui n'a pas hésité dès le début de la crise à débloquer des milliards de francs pour soutenir l'économie et les emplois. Mais pour 2021, les fronts se sont déjà durcis.
Pour la gauche, "cette crise a encore renforcé les failles de notre société", selon Christian Dandrès (PS/GE). La Confédération doit faire mieux pour les travailleurs, a-t-il ajouté. La situation est exceptionnelle par sa dimension sociale et économique. L'Etat se doit de soutenir l'économie et la population maintenant et sans bureaucratie, a renchéri Michel Matter (PVL/GE).
Le PDC craint lui un budget 2021 basé sur des prévisions trop optimistes, a relevé Aloïs Gmür (PDC/SZ). Il a plaidé pour renoncer à des cadeaux fiscaux, comme le droit de timbre ou les tarifs de douane des biens industriels.
A droite, on s'est félicité de l'excellente situation financière de la Suisse grâce à une politique financière prudente. Mais aujourd'hui, la situation doit être abordée avec la plus grande rigueur. "Il faut éviter une dérive des équilibres entre l'Etat, l'économie et la société", a dit Alex Farinelli (PLR/TI).
Il s'agit maintenant retrouver la voie de la raison, selon l'UDC. Pour 2021, l'évolution de l'économie va déterminer les recettes et cela aura des retombées très lourdes pour les dépenses. D'où la nécessité de bien réfléchir à chaque franc dépensé, a ajouté Pirmin Schwander (UDC/SZ).
Le chef des Finances Ueli Maurer s'est montré rassurant: "Le budget pour l'année prochaine est discipliné, mais il n'est pas un plan d'austérité". Il a appelé à ne pas augmenter les dépenses, sachant que la dette budgétisée pour l'an prochain atteindra 4,2 milliards de francs. Il y a encore de grosses incertitudes pour les années à venir, a-t-il mis en garde. Il compte sur un budget à nouveau équilibré en 2024.
La Chambre du peuple a pris une première décision pour les cas de rigueur. Elle a inscrit au budget 680 millions de francs. Cette somme correspond à la part de deux-tiers de la Confédération pour les entreprises mises à mal par le Covid, le reste revenant aux cantons. Au total, un milliard sera disponible.
En inscrivant ces 680 millions dans le budget, on fait en sorte que cet argent soit disponible dès le 1er janvier prochain, a argumenté Olivier Feller (PLR/VD). Comme le montant des dépenses effectives est encore incertain, le Conseil fédéral s'était contenté d'un crédit d'engagement.
Une proposition socialiste de porter la somme à un milliard a été rejetée par 110 voix contre 78. C'est prématuré, selon le ministre des finances. Les cantons n'ont d'ailleurs pas été consultés sur cette proposition. Le National a par ailleurs adopté les plus de 3 milliards de francs pour les crédits Covid supplémentaires.
Dans le détail du budget, le National a rejeté plusieurs propositions UDC et PS visant respectivement à réduire ou augmenter les ressources pour la coopération au développement, les contributions aux organisations internationales ou la coopération avec l'Est.
Une large majorité, sans l'UDC, a accepté l'augmentation de l'enveloppe pour la protection de l'enfance. Le montant porté à 2 millions de francs vise à soutenir les organisations qui s'engagent dans la prévention des mauvais traitements infligés aux enfants sur Internet.
L'UDC a échoué à réduire les dépenses du Bureau fédéral de l'égalité. Il a aussi fait chou blanc pour couper dans l'accueil extra-familial pour enfants. La gauche n'a elle pas réussi à augmenter les dépenses pour les personnes handicapées.
En début de matinée, le National a adopté à l’unanimité le compte d’Etat 2019 qui s'est soldé par un excédent ordinaire de 3,1 milliards. Il a également approuvé un supplément au budget 2020. Il s’agit de dix crédits supplémentaires d’un montant total de 98,2 millions de francs. Ils sont sans lien avec la lutte contre le coronavirus.
Le débat se poursuit jeudi.