Covid: remdesivir pas concluant selon l'OMS
OMS: sites de réanimation bientôt saturés dans des pays en Europe
L'OMS s'attend à ce que les capacités de réanimation face au Covid soient saturées dans des pays européens dans les prochaines semaines. Autre annonce, les essais Solidarity concluent que le remdesivir a "peu ou pas" d'effet sur la durée d'hospitalisation.
"Les capacités de réanimation seront en saturation dans les prochaines semaines", a affirmé vendredi à la presse à Genève une épidémiologiste de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle ajoute toutefois que le virus ne se propage pas aussi rapidement dans tous les pays.
Selon le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, de nombreuses villes mentionnent déjà le scénario de prochaines saturations. Le nombre de cas en Europe la semaine dernière était trois fois supérieur à ceux de mars, même si le nombre de décès est inférieur.
"La co-circulation du Covid et de la grippe pourrait provoquer des défis pour le système de santé", a également affirmé M. Tedros. Toutefois, dans le sud, presque aucun cas de grippe n'a été observé grâce aux recommandations du Covid.
L'OMS oeuvre avec un certain nombre de pays et son directeur général rappelle que les mêmes composantes de distanciation physique et d'hygiène peuvent permettre de lutter contre les deux pathologies. Etant donné que la demande de vaccin contre la grippe pourrait dépasser l'offre, des experts mandatés par l'OMS ont récemment appelé à immuniser avant tout les personnes âgées et le personnel de santé.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'OMS avait dévoilé les résultats provisoires de ses essais cliniques Solidarity, auxquels la Suisse participe. Selon une autre étude publiée fin mai, l'antiviral remdesivir, lancé au début contre Ebola, réduit légèrement la durée de rétablissement des malades du Covid hospitalisés (de 15 à 11 jours en moyenne). Mais de son côté, Solidarity relève qu'"il n'y a eu aucun effet matériel sur la mise sous intubation ou sur la durée" avant la sortie des soins.
Le fabricant Gilead conteste ces résultats en s'appuyant sur la précédente étude. Mais ceux-ci sont "solides", a affirmé la cheffe scientifique de l'OMS Soumya Swaminathan. Ces essais cliniques confirment aussi que le remdesivir n'apporte aucun avantage sur la réduction de mortalité.
Ils aboutissent aux mêmes indications sur l'hydroxychloroquine, le lopinavir/ritonavir et l'interferon, affirme l'OMS. En juin, l'hydroxychloroquine avait été retirée des essais cliniques et le lopinavir/ritonavir avait suivi en juillet. Un comité doit décider désormais d'en faire de même ou non avec le remdesivir.
Solidarity, piloté par l'organisation, est le plus grand test clinique de patients sur le Covid, mené dans plus de 30 pays auprès de 13'000 personnes. Elle n'a pas testé ces médicaments pour une utilisation préventive. L'OMS se félicite que ces essais cliniques aient montré qu'un large dispositif international est possible, même pendant une pandémie. Chaque mois, des milliers de personnes rejoignent les patients testés.
L'organisation relève que Solidarity va rapidement évaluer de nouveaux soins prometteurs dans des centaines d'hôpitaux. Parmi eux figurent notamment des anticorps monoclonaux. Il y a une dizaine de jours, M. Tedros avait affirmé que le dispositif était prêt pour tester des candidats vaccins. Mais il faut d'abord attendre les résultats des essais cliniques, alors que 10 d'entre eux sont en troisième phase.
Pour le moment, seule la dexaméthasone permet de réduire la mortalité du Covid pour les patients graves. Le président américain Donald Trump se l'est vu administrer de même que du remdesivir et d'autres médicaments.
L'approbation ces derniers jours, après le vaccin expérimental, d'un premier médicament contre Ebola montre qu'il faut rester optimiste pour des soins contre le Covid, a dit le chef du programme d'urgence au sein de l'OMS Michael Ryan. M. Tedros a lui également salué les deux pays qui ont proposé aux autres membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de décider d'exceptions aux brevets et à la propriété intellectuelle pour les médicaments, les tests, les futurs vaccins et les technologies liés au Covid.
Et de premières discussions ont eu lieu jeudi et vendredi entre les différents Etats à Genève. Comme d'autres acteurs onusiens et des ONG, l'OMS souhaiterait ce dispositif.