Charles III salue des anciens combattants
Le roi Charles III a rencontré mercredi à Nairobi des vétérans kényans des deux guerres mondiales au deuxième jour de son voyage au Kenya, après avoir condamné les abus coloniaux des Britanniques dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Le roi n'a toutefois pas formulé la demande de pardon réclamée par certains.
Le programme des deux jours du souverain de 73 ans dans la capitale prévoit également des rencontres avec des entrepreneurs, des jeunes, la visite d'un nouveau musée dédié à l'histoire du Kenya ou d'un orphelinat d'éléphants.
Accompagné de Camilla, le roi a visité en matinée un cimetière militaire à Nairobi pour rendre hommage aux Africains morts pour la Grande-Bretagne lors des deux guerres mondiales.
Ils ont déposé une couronne devant leurs tombes avant de rencontrer des anciens combattants kényans, dont certains se déplaçaient en fauteuil roulant.
Le roi se rendra ensuite dans la ville portuaire de Mombasa (sud), où Charles, attaché aux questions environnementales, visitera notamment une réserve naturelle et rencontrera des représentants religieux.
Mardi, il a déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu dans un jardin où a été hissé en décembre 1963 le drapeau du Kenya, à la place de "l'Union Jack" britannique, et participé à un dîner d'Etat avec le président William Ruto.
"Des actes de violence odieux et injustifiables ont été commis à l'encontre de Kényans alors qu'ils menaient (...) une lutte douloureuse pour l'indépendance et la souveraineté. Et pour cela, il ne peut pas y avoir d'excuses", a affirmé Charles III dans un discours prononcé mardi soir.
"Rien de tout cela ne peut changer le passé, mais en abordant notre histoire avec honnêteté et ouverture, nous pouvons peut-être démontrer la force de notre amitié aujourd'hui et, ce faisant, nous pouvons, je l'espère, continuer à construire un lien toujours plus étroit pour les années à venir", a-t-il ajouté, sans formuler de demande de pardon.
"Passé sombre de l'Empire"
M. Ruto a de son côté salué "le courage et la volonté" de Charles "de faire la lumière sur des vérités inconfortables" et qui "constituent un premier pas vers "des progrès allant au-delà des demi-mesures timides et équivoques de ces dernières années".
"Faire face au passé sombre de l'Empire" britannique, titrait mercredi le quotidien kényan The Standard.
Pour The Star, les demandes de réparations sont "irréalistes", ajoutant dans un éditorial: "qu'est-ce que le roi Charles peut réparer aujourd'hui?".
Il a toutefois suggéré que le souverain pourrait contribuer à la restitution de biens spoliés et d'un crâne d'un chef traditionnel ayant mené un mouvement de résistance sanglant contre l'occupation coloniale il y a un siècle.
De nombreuses organisations kényanes d'anciens combattants et de défense des droits humains attendaient des excuses de la part des autorités britanniques pour les atrocités commises pendant la période coloniale (1895-1963).
Celles-ci avaient pour l'instant simplement exprimé en 2013 des "regrets sincères" pour les violences coloniales au Kenya.
En 2013, après des années de procédure, Londres avait aussi accepté de dédommager plus de 5000 Kényans victimes d'abus pendant l'insurrection Mau Mau, qui avait fait plus de 10'000 morts entre 1952 et 1960.
Après déduction des frais de justice, chacun avait reçu environ 2600 livres (2900 francs).
La visite d'Etat de quatre jours de Charles III au Kenya, sa première en tant que roi dans un pays du Commonwealth, intervient à quelques semaines des célébrations des 60 ans de l'indépendance du pays, le 12 décembre.
En visite en Tanzanie, pays voisin du Kenya, le chef de l'Etat allemand pour sa part a demandé "pardon" mercredi pour les exactions commises par les forces coloniales de son pays, lors d'une visite à Songea, lieu d'un massacre de Maji-Maji (Maï-Maï) au début du XXe siècle.
"Je m'incline devant les victimes de la domination coloniale allemande. Et en tant que président allemand, je voudrais demander pardon pour ce que les Allemands ont fait subir ici à vos ancêtres", a déclaré Frank-Walter Steinmeier.