Canon à eau contre les anti-masques à Berlin
Canon à eau contre une manifestation d'"anti-masques" à Berlin
Canons à eau et gaz lacrymogènes: une manifestation d'opposants aux mesures restrictives imposées par la pandémie a été stoppée par la police dans le centre de Berlin. Moins nombreux qu'annoncés, les "anti-masques" étaient en infraction avec les gestes barrières.
Réunis dans la matinée autour de la porte de Brandebourg, les 5000 à 10'000 personnes, majoritairement pacifiques et la plupart sans masque, ont été rapidement sommées de se disperser. Après leur avoir demandé par haut-parleurs de respecter les consignes sanitaires, la police a finalement utilisé des canons à eau pour les faire reculer.
Mais la majorité d'entre eux n'ont pas obtempéré, scandant "Honte! Honte!" ou "Amour, Liberté, pas de dictature" aux forces de l'ordre présentes en nombre. Le rassemblement s'est progressivement disloqué jusqu'à la tombée de la nuit.
Des policiers ont reçu des pierres, des bouteilles, des pétards et ont procédé à près de 200 interpellations, a également indiqué dans un tweet la police. "Nous n'avons utilisé les canons à eau qu'en dernier recours, seulement parce que les gens ne portaient pas leur masque et ne respectaient pas la distance sanitaire", a expliqué à l'AFP Thilo Cablitz, porte-parole de la police berlinoise.
A Berlin, certains protestataires accusaient le gouvernement d'Angela Merkel de vouloir instaurer une "dictature". Depuis début novembre, l'Allemagne a renforcé les restrictions pour tenter d'endiguer une seconde vague de contaminations plus forte que la première, au printemps.
"Merkel doit partir!" et "Pas de dictature!" criaient d'ailleurs certains d'entre eux. D'autres arboraient des ballons gonflables rouges en forme de coeur, des drapeaux arc-en-ciel appelant à la paix ou des croix chrétiennes.
Ce rassemblement est intervenu alors que les deux chambres du parlement (Bundestag et Bundesrat) ont adopté mercredi une réforme. Celle-ci inscrit dans la loi nationale une batterie de mesures pour lutter contre la propagation du virus, comme le respect de la distanciation sociale ou le port du masque.
Sur des groupes de discussion en ligne, certains des opposants n'hésitaient pas à comparer cette réforme à la loi sur les pleins pouvoirs octroyés à Adolf Hitler en 1933, à peine deux mois après son accession à la chancellerie.
Ces comparaisons ont suscité l'ire d'une partie des responsables politiques. La porte-parole du gouvernement, Ulrike Demmer, a rejeté ces accusations, rappelant qu'à l'époque, le Reichstag avait dû renoncer à toutes ses prérogatives au profit du Führer.
"Je suis venue parce qu'on nous prend notre liberté", assurait à l'AFP Bonny, une étudiante berlinoise portant un sac "Peace and love". "Je veux pouvoir sortir, voyager, voir mes amis. Ce virus est certes dangereux mais (...) nous ne devons pas mettre le monde entier sous cloche", ajoutait-elle.
De son côté, le cinquantenaire Achim Ecker, qui vit dans une communauté dans l'Etat régional du Brandebourg et affirme avoir toujours voté pour les Verts jusqu'ici, entendait marquer son opposition à l'obligation éventuelle de se faire vacciner contre le Covid-19.
"Cela va trop vite, sans contrôle", assurait-il alors que le ministre de la Santé, Jens Spahn, a affirmé qu'il n'y aurait aucune obligation. "Peut-être que ce vaccin est encore plus dangereux que le virus", soulignait M. Ecker.
Ces opposants aux mesures liées à l'épidémie agrègent notamment militants antivaccins, citoyens inquiets des atteintes aux libertés publiques, anti-nucléaires mais aussi conspirationnistes ou encore sympathisants d'extrême droite.
La manifestation du 7 novembre à Leipzig, dans l'ex-RDA, où 20'000 personnes s'étaient rassemblées, avait dégénéré en violences et suscité un vif débat sur l'opportunité d'autoriser de tels rassemblements en plein dispositif sanitaire coercitif. La manifestation avait été organisée par un collectif hétéroclite se définissant comme des "libres-penseurs".
Les opposants aux restrictions étaient déjà à l'origine de plusieurs rassemblements cet été à Berlin, dont l'un, fin août qui avait rassemblé quelque 22'000 personnes. On avait vu plusieurs centaines de manifestants forcer des barrières de sécurité pour atteindre les marches du siège de la chambre des députés.