Attaque meurtrière des shebabs somaliens
Les shebab attaquent un hôtel de Mogadiscio: au moins cinq morts
Les djihadistes somaliens shebab ont lancé dimanche une attaque d'envergure sur un hôtel réputé de Mogadiscio. Ils ont tué au moins cinq personnes, dont un responsable gouvernemental.
L'attaque a débuté par l'explosion d'une voiture piégée près de l'hôtel Elite sur la plage du Lido, fréquenté par les dirigeants somaliens. Puis des hommes armés ont investi l'établissement où des coups de feu ont été entendus. Dimanche soir, les forces de sécurité tentaient de reprendre le contrôle de l'hôtel.
"Il y a encore des tirs sporadiques dans l'hôtel, et selon les premières informations reçues, il y a cinq morts et plus de dix blessés", selon un responsable sécuritaire du gouvernement.
Il a ajouté que "le bilan des morts" pouvait encore augmenter, car l'explosion de la voiture piégée "a été massive" et il y a "des otages dans l'hôtel". Une compagnie privée, Aamin Ambulance, a chiffré le nombre de blessés à au moins 28.
Des témoins ont confirmé que l'attaque avait débuté par une forte explosion et qu'ensuite des gens fuyaient en courant le secteur de l'établissement où des coups de feu étaient entendus. "L'explosion a été très forte et j'ai vu de la fumée dans la zone, c'est le chaos et les gens fuient les bâtiments alentour", selon l'un d'entre eux.
Les shebab ont revendiqué l'attaque dans un communiqué au groupe de surveillance des sites islamistes, SITE. Ils ont affirmé que leurs "martyrs" avaient "pris le contrôle de l'hôtel" et qu'ils avaient infligé "de lourdes pertes" aux personnes qui y étaient présentes.
Les shebab soulignent par ailleurs que l'hôtel Elite "est habité par un grand nombre de responsables gouvernementaux". Parmi les morts figure au moins un haut fonctionnaire du ministère de l'information, Abdirasak Abdi, a indiqué l'un de ses collègues, Hussein Ali.
La Somalie a plongé dans le chaos après la chute du régime militaire du président Siad Barre en 1991, suivie d'une guerre de chefs de clans et de la montée en puissance des combattants islamistes.
Chassés de la capitale somalienne en 2011, les shebab ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils.
Lundi, au moins quatre personnes avaient été tuées dans des échanges de coups de feu à l'intérieur de la prison centrale de Mogadiscio après que des prisonniers ont réussi à s'emparer d'armes détenues par leurs gardiens.
Tous les prisonniers impliqués dans l'incident étaient des shebab, dont certains purgeaient une peine de prison à perpétuité, a affirmé un responsable de la police ayant requis l'anonymat.
Les hôtels ont longtemps été la cible des shebab. En février 2019 une attaque de près de 24 heures avait fait au moins 20 morts à Mogadiscio. Un mois plus tôt, ils avaient attaqué un hôtel de luxe de Nairobi, tuant 21 personnes et démontrant la capacité de la milice islamiste à agir en dehors des frontières somaliennes.
Leur dernière action massive à Mogadiscio remonte à décembre 2019: ils avaient fait exploser un véhicule piégé, tuant 81 personnes, essentiellement des civils.
Selon Omar Mahmood, de l'International crisis group (ICG), s'en prendre de nouveau à un hôtel est pour les shebab "un retour aux attaques qu'ils avaient l'habitude de mener". Ils voient "plus ou moins ces hôtels comme une extension du gouvernement, raison pour laquelle ils les ciblent".
Affiliés à Al-Qaïda, les shebab ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20'000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).