Allocution du roi d'Espagne
Le roi d'Espagne appelle au respect des "principes moraux"
Le roi d'Espagne, Felipe VI, a appelé jeudi dans son discours de Noël au respect "des principes moraux et éthiques". C'est une timide allusion aux scandales entourant son père Juan Carlos.
"Déjà en 2014, au cours de mon intronisation devant le Parlement, je m'étais référé aux principes moraux et éthiques que les citoyens attendent de nous. Des principes qui nous concernent tous sans exception, et qui prévalent sur toutes les considérations quelles que soient leur nature, y compris personnelles ou familiales", a déclaré le monarque.
"En accord avec mes convictions, cela a toujours correspondu à la manière de concevoir mes responsabilités comme chef de l'Etat dans l'esprit de réforme qui inspire mon règne depuis le premier jour", a-t-il ajouté. Ce bref passage était la seule référence implicite de Felipe VI à son père, jamais nommé dans ce discours, qui s'est exilé en août aux Emirats Arabes Unis et est l'objet de trois enquêtes judiciaires.
Diffusée comme chaque année à la télévision, cette allocution était très attendue à l'issue d'une année difficile pour l'image de la monarchie espagnole, doublée de la grave crise économique et sociale provoquée par la pandémie de Covid-19.
En mars, face à la multiplication d'indices sur l'existence d'une fortune cachée de Juan Carlos à l'étranger, Felipe VI avait renoncé à l'héritage de son père. Il lui avait retiré son indemnité annuelle, estimée à près de 200'000 euros.
Juan Carlos a réglé début décembre une ardoise fiscale de 678'393 euros afin de tenter d'éviter des poursuites pour blanchiment dans le cadre d'une enquête portant sur l'utilisation de cartes de crédit liées à des comptes bancaires aux noms d'un entrepreneur mexicain et d'un officier de l'armée de l'air espagnole. Deux autres enquêtes visent l'ex-roi, qui a régné de 1975 à son abdication sur fond de scandales en 2014.
L'une vise à déterminer s'il a empoché une commission dans le cadre de l'attribution à des entreprises espagnoles d'un contrat pour la construction d'un train à grande vitesse en Arabie saoudite en 2011. Au centre de cette affaire figure un virement de 100 millions de dollars que Juan Carlos aurait, selon La Tribune de Genève, reçu en 2008 de l'ancien roi saoudien Abdallah sur un compte en Suisse.
L'autre enquête a été ouverte après un rapport du service de prévention du blanchiment de capitaux et confiée au Tribunal suprême, seul habilité à juger un ancien souverain.