Accord "pionnier" avec Jakarta
L'accord avec Jakarta encourage un "commerce durable et équitable"
Après les opposants, c'est au tour des partisans de l'accord de libre-échange avec l'Indonésie de monter au front. Un comité interpartis a loué mardi un texte "pionnier", encourageant un "commerce durable et équitable".
Élimination des barrières tarifaires, démantèlement des obstacles techniques au commerce ou encore intensification des échanges commerciaux: les avantages économiques du texte, qui sera soumis au peuple le 7 mars, sont indéniables. Les entreprises suisses pourront réaliser des bénéfices supplémentaires substantiels, s'est réjoui Fabio Regazzi (PDC/TI) devant la presse réunie à Berne.
"La valeur totale des flux commerciaux bilatéraux s’élève à 1,4 milliard de francs", a abondé Céline Amaudruz (UDC/GE). "Et cette valeur a un potentiel de croissance évident. Rien qu’au cours des dix dernières années, le volume des échanges entre la Suisse et l’Indonésie a plus que doublé."
Mais le texte "est beaucoup plus qu’un accord douanier", a ajouté Fabio Regazzi (PDC/TI). En associant étroitement le libre-échange au développement durable, il devient "un accord véritablement pionnier".
Des engagements concrets en matière d'environnement et de respect des droits des travailleurs et des populations indigènes ont été pris, a précisé Jürg Grossn (PVL/BE). Les forêts vierges et les autres écosystèmes doivent notamment être protégés. L'accord représente aussi une chance de promouvoir la production durable d'huile de palme.
Au vu des fortes réticences tant des milieux environnementaux que des milieux agricoles, le Conseil fédéral a prévu des contingents sur les importations de ce produit dont les droits de douane seront réduits.
L'ordonnance d'application, actuellement en consultation, contient également des garde-fous. Afin de bénéficier des taux préférentiels, les importateurs devront apporter la preuve qu'ils respectent des objectifs de durabilité. Ils devront se munir d'un certificat de traçabilité.
Pour Josef Dittli (PLR/UR), "les opposants se focalisent à tort sur un seul produit, l'huile de palme". Le produit n'arrive toutefois pas en tête des échanges commerciaux entre Berne et Jakarta. Ce sont les pièces mécaniques, qui représentent près d'un quart des exportations suisses vers l’Indonésie, a pointé Fabio Regazzi. Les produits pharmaceutiques et chimiques arrivent en deuxième position.
Côté importations, les textiles et les chaussures occupent le haut du podium, a-t-il complété. Ils sont suivis de l’appareillage électrique, du thé, du café et des épices. "L’accord de libre-échange avec l’Indonésie est donc bien plus qu’un accord sur l’huile de palme."
Exclure un produit important pour les partenaires commerciaux enverrait un signal négatif pour les futurs accords, a dénoncé Josepf Dittli. En avançant des arguments protectionnistes, les opposants "n'ont pour but que d'entraver la politique économique extérieure".
Et Céline Amaudruz de rappeler l'existence d'un mécanisme de sauvegarde. Si le marché suisse des oléagineux devait subir des pressions consécutives à l'accord, Berne pourrait réagir de manière appropriée aux importations d'huile de palme indonésienne. Une suspension temporaire des réductions tarifaires est possible sous certaines conditions.
"Les concessions prévues dans l'accord sont soigneusement définies. Il n’y a aucun danger pour la production nationale d’huile de colza et de tournesol", a poursuivi la députée. "Au contraire, il existe de nouvelles possibilités d'exportation pour les produits suisses, tels que le chocolat ou les produits laitiers, comme le fromage."
"Les accords de libre-échange sont importants pour une Suisse forte", a encore ajouté la Genevoise. "Plus il y a d’accords de libre-échange, moins nous sommes dépendants."
Les opposants ne sont pas convaincus par les cautèles annoncées par la Confédération. La destruction des forêts tropicales, les nuisances pour la biodiversité et la mise en danger des populations locales se poursuivront.
Les critères de durabilité exigés ne sont pas à la hauteur, selon le comité référendaire. Trois-quarts des plantations de palmiers à huile certifiées RSPO en Indonésie sont situées sur d'anciennes zones forestières.