61% de "oui" au congé paternité
Le peuple accepte par 61% l'introduction d'un congé paternité
Les pères auront droit à dix jours de congé à la naissance de leur enfant. Sans surprise, les Suisses ont soutenu dimanche l'introduction d'un congé paternité à 61%, selon une projection de l'institut gfs.bern.
Les premiers résultats confirment cette projection. Après le dépouillement de 95% des bulletins, Genève aurait accepté le congé paternité par 78,87%. Les Vaudois ont également largement soutenu ce projet à plus de 80%. Le congé paternité passe nettement la rampe dans le Jura avec 70,6% de oui.
Le oui est aussi devant à Fribourg (63,8%), après dépouillement de près de la moitié des communes. Avec 57% de "oui", le Valais est moins fervent; les communes du Haut-Valais ont dit "non". Le "oui" l'emporte également au Tessin
A Zurich, les projections donnent le "oui" gagnant à 59,7%. Selon les plus de 95% des voix exprimées par correspondance, Bâle-Ville penche en faveur d'un congé paternité. Après décompte des voix de 71 communes sur 109, les Soleurois rejetteraient en revanche le congé paternité par 52% des voix.
Le projet prévoit un congé de dix jours de travail. Ces jours seraient à prendre dans les six mois suivant la naissance, soit en bloc, soit sous forme de journées isolées. Les vacances ne pourront pas être réduites.
Comme le congé maternité, celui pour les pères est financé par les allocations pour perte de gain (APG). L'indemnité correspond à 80% du salaire, mais au maximum 196 francs par jour.
Estimant que ce congé était trop coûteux pour les employés et les employeurs, l'UDC, quelques membres des jeunes PLR et du PDC ont lancé le référendum. Selon eux, tout le monde verra son salaire diminué afin que "quelques personnes" puissent prendre des vacances payées.
Les partisans du texte y voient des bénéfices pour toute la famille. L'arrivée d'un enfant est un bouleversement pour le couple. De nombreux pères ne bénéficient que d'un ou deux jours à la naissance du bébé. Cela n'est plus en phase avec notre époque.
L'introduction d'un congé paternité de deux semaines est un signal fort pour les familles. Il permettra au père d'être plus présent pour l'enfant, de s'impliquer plus activement dans la nouvelle dynamique familiale et de décharger la mère de certaines tâches.
Un congé paternité favorise l'équilibre du couple: les deux pourront s'occuper de l'enfant et des autres tâches et contribuer au revenu du ménage. Ainsi, toute la famille en bénéficie. Tout comme l'économie qui ne sera pas privée de personnes qualifiées.
De plus, les entreprises peuvent facilement s'organiser pour pallier une absence de dix jours. Et les PME pourront proposer un congé paternité et resteront ainsi attrayantes comme employeurs.
Un argument qui n'est pas du goût des opposants. Les PME n'ont pas les moyens financiers ou organisationnels pour mettre en place un tel congé. Les remplacements de courte durée sont compliqués. Et le congé entraîne des frais supplémentaires de 500 à 900 millions, ont-ils fait valoir.
Ceux-ci rappellent que de nombreuses entreprises ont développé des solutions en fonction de leur possibilité, leur permettant de se distinguer sur le marché du travail. Un congé imposé par l'Etat les prive de cette possibilité.
L'Etat n'a pas à se mêler des affaires des familles. Un congé imposé ne change rien à la répartition des rôles au sein du couple, argumentent encore les opposants. Et il ne renforce pas le sens des responsabilités des pères.
Pour avoir droit au congé, le père doit exercer une activité lucrative au moment de la naissance, soit en tant qu'employé soit en tant qu'indépendant. Il doit avoir été assuré durant les neuf mois précédant la naissance de l’enfant et avoir exercé une activité lucrative durant au moins cinq mois.
L'allocation maximale pour les deux semaines sera de 2744 francs. L'Office fédéral des assurances sociales estime les coûts à 230 millions de francs par an. Mais ces estimations sont prudentes, a-t-il reconnu.