C'est une approche ultrasensible : pour protéger les enfants, il faut s'adresser directement aux pédophiles… L'association DIS NO de Monthey multiplie les campagnes de sensibilisation «choc».
«Vous ressentez une attirance sexuelle concernant les enfants, vous aimeriez en parler et vous ne savez pas à qui vous adresser ? DIS NO a créé ce service pour vous». L’association valaisanne DIS NO est née en 1995. A l’origine, sa mission est de prévenir la maltraitance et les abus sexuels envers les enfants, apprendre à «dire non», d’où son nom. Mais depuis cinq ans, elle adopte une approche novatrice, inédite en Suisse romande. Et les campagnes de sensibilisation se multiplient ces derniers mois.
S’adresser directement aux malades
DIS NO veut parler aux «potentiels» pédophiles. Le directeur François Boillat le confirme sur Rhône FM. «Nous nous adressons aux personnes préoccupées par des attirances envers les enfants, mais qui ne sont pas passées à l’acte. Elles n’ont pas commis d’abus sexuels, c’est important de le dire. Une partie de ces gens vivent dans la honte, la souffrance, l’isolement. Ces situations sont très délicates... pour la personne qui appelle, pour son entourage aussi.» Des gens de toutes la Suisse romande peuvent appeler. «Cela peut être la personne elle-même, ou un proche. Imaginons une compagne qui tombe sur des photos pédopornographiques par exemple, qui nous appelle car elle ne sait pas quoi faire».
150 cas, une dizaine en Valais
Un numéro de téléphone, 0840 740 640. Un anonymat garanti. Et cela semble porter ses fruits. En cinq ans, ce sont plus de 150 cas en Suisse romande qui ont été révélés à DIS NO, dont une dizaine en Valais. «Sur ces 150 cas, j’estime à 100 ces hommes directement concernés qui nous ont appelés. Une cinquantaine d’appels venaient des proches, de la famille, des amis, de collègues de travail qui ont découvert des choses inquiétantes», explique François Boillat. La suite ? «Nous ne sommes pas la police, nous ne sommes pas là pour punir, mais pour aider. Nous avons un réseau en Suisse romande de psychothérapeutes, de psychiatres, qui sont d’accord d’aider ces personnes, de les accueillir». François Boillat qui conclut par ces mots, comme un appel. «Je suis conscient que ça doit être extrêmement difficile de nous appeler. Mais il le faut, c’est une première étape indispensable pour trouver une aide extérieure».
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