Des objectifs de rentabilité qui dépassent l’entendement. Sarah, psychologue valaisanne, dénonce.
Elle a travaillé dans un cabinet de groupe qui réunit psychologues et psychiatres, avant de donner sa démission.
« Il m’arrivait de prendre en charge jusqu’à 10 patients par jours », explique-t-elle. Un rendement imposé par la direction qui ne permet tout simplement pas une prise en charge efficace. « Les personnes qui ont rendez-vous le matin ont de la chance, mais ceux qui viennent en fin de journée, c’est une autre histoire ».
Sarah relève qu’il faut énormément d’énergie pour chaque consultation. Quand elles s’enchaînent à ce rythme, la fatigue se fait sentir.
Une fatigue amplifiée par la pression du rendement. A la fin de chaque mois, les employés reçoivent un tableau de statistiques. Si les chiffres ne sont pas jugés satisfaisants par la direction, les psychologues sont convoqués.
« Cette pression mettait une mauvais ambiance », poursuit Sarah. Elle dénonce également un manque d’encadrement. Dans un cabinet de groupe, les psychiatres doivent superviser la formation des psychothérapeutes. Un critère qui n’est pas toujours respecté.
Cette situation révolte Anne Guidoux, présidente de l’Association des psychologues du Valais. « Un étudiant qui sort de l’Université ne peut pas effectuer directement des consultations psychothérapeutiques. Il faut lui laisser le temps nécessaire pour continuer à se former tout en travaillant», relève-t-elle.
Parallèlement, Anne Guidoux continue à se battre pour que le modèle actuel de délégation soit remplacé par un modèle de prescription. En clair, il faut que les psychologues-psychothérapeutes puissent être remboursés par l’assurance-maladie, sans dépendre d’un psychiatre.
Les dernières discussions sous la Coupole fédérales vont dans ce sens. Lors de la session d’automne, le Gouvernement a apporté son soutien à la Fédération suisse des psychologues qui milite pour ce changement. Une pétition circule également depuis quelques semaines.
« Les frais liés à une maladie psychique doivent être remboursés au même titre que ceux liés à une maladie physique. Mais le chemin est encore long », conclut Anne Guidoux.