ENVIRONNEMENT Des bouquetins qui se baladent sur la paroi vertigineuse du barrage de Salanfe : il faut le voir pour le croire. Ces bovidés défient les lois de la gravité pour...déguster du sel.
C'est un spectacle impressionnant qu'on peut admirer à Salanfe : des dizaines de bouquetins qui se promènent tranquillement sur les parois vertigineuses du barrage. Située sur les hauts de Salvan, la région est connue pour abriter une importante population de ces bovidés, qui n'hésitent pas à braver les lois de la gravité. On peut parfois les voir grimper jusqu'à mi-hauteur de cet ouvrage qui mesure 52 mètres de haut. S'ils s'aventurent sur ces pentes à 75%, c'est pour aller lécher le salpêtre, autrement dit, le sel qui s'échappe du béton, dont ils sont friands. «C’est le même principe que les pierres à sel pour le bétail», explique Sébastien Tinguely, biologiste et photographe. «Et sur les parois du barrage, les bouquetins trouvent ce sel en libre-service», sourit-il.
De génération en génération
«Généralement, ce sont des femelles avec des jeunes», précise-t-il. «Il y a une véritable transmission de ce savoir d’une génération à l’autre. Les femelles guident les jeunes sur les pentes du barrage, qui eux-mêmes reproduiront ce schéma». Et si ces animaux parviennent à évoluer dans ces endroits vertigineux, c'est principalement grâce à leurs sabots mobiles, qu'on appelle des onglons. Ainsi qu'au revêtement qui en recouvre le dessous. «C’est une matière très kératinisée, qui adhère un peu comme du caoutchouc sur la pierre», détaille Sébastien Tinguely.
Du sel sur un barrage ?
Des bouquetins accrochés à la paroi d'un barrage pour lécher du sel, soit. Mais pourquoi trouve-t-on du sel à cet endroit ? C'est la question que nous avons posée à Raphaël Leroy, responsable de l'unité «Génie civil et environnement» pour la production hydroélectrique chez Alpiq, l'exploitant du barrage de Salanfe. «Il résulte de la dissolution de matériaux comme le ciment. On peut aussi le trouver dans certain agrégats. Par capillarité, il arrive à la surface du béton». Quant à savoir si l’activité de ces animaux a une incidence sur le barrage : «Compte tenu de la masse de l’ouvrage, ça n’a aucun impact», assure Raphaël Leroy. Et inversément, ce salpêtre ne serait pas nocif pour les bouquetins. «C’est du nitrate de potassium», précise Sébastien Tinguely. «Comme pour les êtres humains, le sel est nécessaire à leur organisme».