José Sinval, l'exemplaire homme de l'ombre du FC Sion
Après avoir fait le bonheur du Servette FC en tant que joueur, José Sinval s'impose aujourd'hui comme une figure indissociable du FC Sion. Le Brésilien appartient à l'encadrement du club sédunois depuis de longues années. Rencontre avec un homme très apprécié de tous et doté d'une immense humilité.
![José Sinval, une décennie d'un investissement sans faille au service du FC Sion.](/media/image/11/mini_3_2/image00002.jpeg?3c71cac9055d07727b2176e4b4c7408f 320w,/media/image/11/normal_3_2/image00002.jpeg?3c71cac9055d07727b2176e4b4c7408f 1080w)
"Je suis un travailleur de l'ombre. Je n'aime pas parler de moi. Je préfère me concentrer sur mon travail et ma famille." José Sinval donne immédiatement le ton, sans se départir de son sourire contagieux. Le Brésilien s'exprime sur le terrain plutôt que dans les médias. L'assistant de Didier Tholot donne de la voix durant les entraînements. Il replace, parfois. Il encourage et motive, toujours. S'il ne cherche pas à être mis en lumière, l'ancien artiste du Servette FC s'investit sans compter depuis des années au service du club valaisan.
Un double défi relevé avec Tholot en 2009
José Sinval débarque pour la première fois à Tourbillon lors de la saison 2008/2009. Son premier mandat se concentre au niveau de la formation, aux côtés de Christian Zermatten qu'il a déjà côtoyé auparavant. "C'est lui qui m'a fait venir ici", raconte le Brésilien qui ne tarde pas à faire le saut dans le staff technique de la première équipe. "Didier Tholot est arrivé en deuxième moitié de saison et il m'a piqué à l'encadrement des M21. Nous avions un mois et demi pour relever un double défi. Nous devions sauver le club en championnat et aller chercher la 11ème Coupe de Suisse. Nous avons rempli cette mission et je garde un souvenir fantastique de cette première année."
![José Sinval et Didier Tholot après avoir gagné la Coupe de Suisse face à YB le 20 mai 2009.](/media/image/11/mini_3_2/69401162-highres.jpg?75c2a8a07610d0e63427620b410f1a5e 320w,/media/image/11/normal_3_2/69401162-highres.jpg?75c2a8a07610d0e63427620b410f1a5e 1080w)
Les deux hommes quittent simultanément le FC Sion à l'été 2010. Le technicien tricolore reprend les rênes de Châteauroux en Ligue 2. De son côté, le Brésilien retrouve le Servette FC avec qui il vit la promotion en Super League le printemps suivant. Il regagne le Valais au début de l'année 2016. "J'étais en vacances chez moi, au Brésil, lorsque j'ai reçu un coup de téléphone", se souvient-il. "Didier Tholot était à l'autre bout du fil. Il était revenu un an plus tôt et il m'a demandé de le rejoindre. Je lui ai dit de me laisser rentrer à Genève pour résilier mon contrat. Je n'ai pas hésité à quitter Servette car je savais avec qui j'allais travailler."
Le Français et le Brésilien se quittent à nouveau en août de la même année lorsque le technicien est remercié par Christian Constantin. "Quand il est parti, j'ai dit à Didier que j'allais faire de même. Je ne pensais pas rester au FC Sion sans lui." José Sinval ne quittera pourtant jamais le club sédunois. "À chaque fois qu'un nouvel entraineur débarquait, il me disait immédiatement qu'il voulait travailler avec moi. Ma réponse était toujours la même : c'est le président qui décide. Tous me rétorquaient alors que c'était réglé. Voilà pourquoi je n'ai plus jamais bougé. Beaucoup m'ont demandé comment j'expliquais le fait que tout le monde parle en bien de moi. J'ai simplement toujours fait en sorte de travailler le plus honnêtement possible. Je n'aime pas qu'on parle dans mon dos donc je ne le fais pas dans le sens inverse. Voir que ma personnalité et mes valeurs ont plu à autant de personnes différentes est forcément gratifiant."
Une impressionnante capacité d'adaptation
Au total, José Sinval a collaboré avec une quinzaine d'entraîneurs différents au FC Sion. Que l'homme de banc soit de nationalité suisse, française, allemande, italienne, portugaise ou espagnole, le Brésilien a toujours réussi à s'adapter.
S'il s'est donc toujours entendu avec les techniciens qu'il a côtoyé, José Sinval n'hésite pas une seule seconde lorsqu'on lui demande lequel l'a le plus marqué. "J'ai bien aimé travailler avec Tramezzani, mais le numéro 1 reste Didier. Avec lui, le lien est presque familial. Quand il voit que quelqu'un a besoin d'aide, il est le premier à donner un coup de main. Il est toujours resté le même depuis que je le connais." Ensemble, les deux hommes ont vécu passablement de moments mémorables. Le sacre en Coupe de 2009, mais également la double confrontation face à Braga en Europa League et la "mission reconstruction" de la saison passée. "Ce que l'on a vécu l'an dernier dépasse tout le reste selon moi. Didier était convaincu de faire remonter le club et il a mis cette idée dans la tête de tout le monde. Tout le staff a énormément bossé pour y arriver. L'investissement de chacun était fantastique. Je tiens également à souligner le soutien du public. Lors du premier match de la saison à Vaduz, ils étaient plusieurs centaines à être présents deux heures avant le coup d'envoi. Beaucoup d'émotions m'ont traversé l'esprit à ce moment-là. J'ai compris que les supporters seraient avec nous et représenteraient une grande force. Contrairement à ce que certains pourraient penser, remonter immédiatement après la relégation n'a rien d'anodin."
Au sein du staff technique sédunois, José Sinval partage le titre d'entraîneur-assistant avec Benjamin Bertrand. "Je lui dit toujours qu'il est l'assistant numéro 1 et moi le numéro 2 et il me rétorque l'inverse. Il y a énormément de respect entre nous. On ne se connaissait pas il y a deux ans, mais je le considère aujourd'hui comme mon frère. On se taquine beaucoup et on cherche les deux à apporter de la bonne ambiance dans le staff. C'est un élément qui aide dans le travail quotidien." Concrètement, s'ils occupent la même fonction, chacun des deux assistants à un rôle bien défini. "Personnellement, je travaille de manière plus poussée avec les joueurs offensifs. J'ai vraiment mal vécu les matches lors desquels nous ne parvenions pas à marquer. Sur la base des analyses effectuées, on montre chaque semaine les schémas qu'il faut appliquer pour mettre en difficultés la défense adverse. Des fois ça fonctionne bien, comme cela a été le cas contre Lucerne ou à Winterthour, mais des fois c'est plus compliqué. Cela fait partie du foot. Marquer un but semble toujours plus facile de l'extérieur que lorsque tu es sur le terrain."
En mode papa pour les Brésiliens
L'investissement de José Sinval au FC Sion ne se résume pas au rectangle vert. Il s'engage également pour assurer le bien-être de ses protégés, à commencer par ses jeunes compatriotes. "Ces dernières années, beaucoup de Brésiliens sont arrivés et je me devais d'être là pour les épauler", témoigne-t-il. "Matheus Cunha vivait chez moi durant son année en Valais. Itaitinga a fait de même. Baltazar et Patrick Luan habitaient sur le palier d'à côté. Cipriano est de retour aujourd'hui. Je me comporte comme si j'étais leur père. Je leur fait à manger et j'essaie de leur apporter mon vécu. Je veux qu'ils se concentrent uniquement sur le positif afin qu'ils réussissent une belle carrière."
Parti pour près de 20 millions à Leipzig à l'été 2018 puis passé par le Hertha Berlin, l'Atletico Madrid avant de rejoindre Wolverhampton, Matheus Cunha est évidemment la plus grande fierté de José Sinval. "Durant le 2ème tour chez nous, il avait démontré qu'il pouvait être au-dessus du lot. Aujourd'hui, il est vraiment sur une autre planète. On ne pouvait pas imaginer qu'il aurait une telle trajectoire lorsqu'il est arrivé en Valais. Depuis son départ, nous sommes restés très proches. Je l'ai souvent au téléphone."
Le souvenir d'Emile Mpenza
Si les origines communes renforcent inévitablement le lien avec ses protégés brésiliens, d'autres joueurs ont marqué José Sinval durant ses nombreuses années en Valais. "Un nom me vient immédiatement en tête : Emile Mpenza", relève-t-il. "Lui aussi m'appelle tout le temps. Il a également vécu avec moi, car à l'époque, nous étions voisins de chambre à la Porte d'Octodure. Il me disait toujours "José, on reste ensemble. Il faut qu'on continue à travailler après l'entraînement". Nous avons énormément bossé pour qu'il retrouve sa forme et qu'il réalise une saison fantastique. Il fait partie des nombreuses personnes dont je garde un excellent souvenir et avec lesquelles je suis toujours en contact."
De par sa joie de vivre, son investissement sans faille et sa passion du ballon rond, José Sinval a lui-même marqué des dizaines d'entraîneurs et probablement des centaines de joueurs. Il mérite donc amplement un peu de lumière. "C'est sympa. Au vu de mon passé de joueur, on m'a souvent demandé si je me sentais plus servettien ou sédunois. Aujourd'hui, je suis fier d'affirmer que je suis brésilien, genevois et valaisan...et même un peu italien puisque je suis binational!", conclut-t-il, toujours avec son sourire.