Didier Tholot a atteint les 200 matches à la tête du FC Sion : "Je n'ai pas trop mal travaillé"
Didier Tholot franchit une barre symbolique. Le technicien tricolore a dépassé le cap des 200 matches aux commandes du FC Sion. Pour l'occasion, il revient sur quelques moments forts de son histoire avec le club valaisan.

L'histoire avait débuté en 2003, elle se poursuit en 2025. Trois séparations ont eu lieu dans l'intervalle, mais Didier Tholot et le FC Sion se sont toujours retrouvés. Alors qu'il en est à son 4ème passage en Valais, le technicien tricolore a atteint le cap des 200 matches officiels aux commandes du club sédunois. La barre aurait été franchie dimanche à Lucerne selon transfermakt. Elle l'a toutefois été un peu plus tôt, le site spécialisé ayant "oublié" de comptabiliser les rencontres que l'entraîneur-joueur d'alors avait dirigé aux côtés de Guy David lors de l'exercice 2003/2004. Qu'importe le chiffre exact, franchir un tel cap force le respect. S'il n'y accorde qu'une importance relative, le principal concerné y voit une forme de reconnaissance.
Pour Rhône FM, Didier Tholot a accepté de revenir sur quelques-uns des moments forts vécus au cours de ses plus de 200 matches passés à la tête du pensionnaire de Tourbillon. Une liste, non exhaustive, de dix dates ayant contribué à faire du Français, l'entraîneur, mais surtout l'homme apprécié qu'il est aujourd'hui en Valais.
29 octobre 2003 : un entraîneur-joueur décisif pour sa première
Didier Tholot vit sa première rencontre officielle à la tête du FC Sion depuis…le terrain. Alors âgé de 39 ans, il officie comme entraîneur-joueur d'une équipe qui doit attendre la fin octobre pour lancer sa saison en Challenge League. Christian Constantin vient de gagner son bras de fer avec la Swiss Football League qui avait d'abord refusé d'octroyer une licence de jeu au club valaisan à la suite des déboires de l'ère Kadji. Devant 9'200 spectateurs, le Français inscrit dès la 3ème minute l'unique but d'une rencontre remportée sur la plus courte des marges face à Bulle. "Un très beau souvenir puisqu'on avait dû se contenter de matches amicaux durant plusieurs mois. Deux Brésiliens (ndlr : Leandro et Luis Carlos) s'étaient blessés juste avant le match. Je n'avais pas fait un entraînement, mais comme il nous fallait un attaquant, j'ai joué et marqué ce but assez symbolique."
20 mai 2009 : la découverte de la magie de la Coupe
Le technicien tricolore inscrit une première ligne à son palmarès avec le club sédunois. Appelé à succéder au duo Umberto Barberis-Christian Zermatten au lendemain d'une demi-finale remportée sous les ordres de…Christian Constantin, il conduit le FC Sion à son 11ème sacre en Coupe de Suisse. Menés 0-2 par YB, les Valaisans renversent la situation pour s'imposer 3-2 sur le terrain de leur adversaire. "Le plus gros défi du printemps 2009 était de maintenir le club en Super League. Nous y sommes parvenus. Préparer une finale en sachant que personne ne l'a perdue avant toi, se retrouver mené de deux longueurs après 30 minutes, ce n'était pas facile. Malgré tout, nous avons su faire preuve de calme et de sérénité pour gagner. Il n'y a que ceux qui le vivent qui peuvent comprendre à quel point la Coupe est magique en Valais."

20 août 2009 : une première européenne à…Genève
La victoire en Coupe de Suisse ouvre les portes de l'Europe au FC Sion. Il hérite des Turcs de Fenerbahçe en barrages de l'Europa League. Face à une formation qui compte notamment le Brésilien Roberto Carlos dans ses rangs, le club sédunois ne crée pas l'exploit. S'il parvient à ramener un nul 2-2 d'Istanbul, sa défaite 2-0 à l'aller à…Genève lui est fatale. "Jouer à la Praille plutôt qu'à Tourbillon, ce n'est pas pareil. Ne pas pouvoir évoluer dans notre stade ne nous a pas aidés."
7 juin 2015 : le chef d'œuvre de Bâle
Didier Tholot entre pour de bon dans la légende du FC Sion. Parfaitement préparée, son équipe s'offre un véritable récital au Parc Saint-Jacques. Injouable, elle écrase le grand FC Bâle 3-0 sur son terrain pour remplir le drapeau valaisan d'une 13ème victoire en Coupe de Suisse. "Décrocher la dernière étoile représente mon attachement à ce club et ce Canton. Du début à la fin, nous avons fait un sans-faute. Sentir que toutes les planètes sont alignées est quelque chose d'incroyable. Revivre quelque chose d'aussi fort sera très compliqué. Personne ne s'attendait à une telle performance de notre part contre un adversaire aussi fort. Entre possible et impossible, il n'y a que deux lettres qui changent. Nous l'avions bien compris ce jour-là."
1er octobre 2015 : rendez-vous dans le temple Anfield
L'automne 2015 permet à Didier Tholot et au FC Sion de vivre une merveilleuse épopée en phase de groupes de l'Europa League. Le tirage au sort leur offre notamment le redoutable privilège d'aller défier Liverpool à Anfield. Un but d'Ebenezer Assifuah leur permet de rapatrier un match nul 1-1 des bords de la Mersey où Jürgen Klopp débarquera une semaine plus tard. "Même si ce n'était pas le Liverpool d'aujourd'hui, on se demandait comment on allait pouvoir ressortir d'Anfield avec quelque chose. Au final, nous n'avons perdu ni à l'aller, ni au retour (ndlr : 0-0 le 10 décembre à Tourbillon). Personne n'aurait mis une pièce sur nous. Durant toute cette campagne européenne, nous avons vécu une aventure sportive et humaine fantastique."

22 octobre 2015 : victorieux sur ses terres
Trois semaines seulement après avoir rapatrié un point d'Anfield, le FC Sion poursuit son parcours européen à Bordeaux. Une réussite de Léo Lacroix permet à Didier Tholot de triompher "chez lui" face au club de ses plus beaux exploits en tant que joueur. "Une victoire à la saveur particulière à ce moment-là. Elle le serait un peu moins aujourd'hui", souffle un entraîneur qui avait terminé la rencontre…en tribunes. "Je m'étais fait expulser pour avoir voulu séparer deux joueurs qui en venaient aux mains."
24 février 2016 : à quelques centimètres de la qualification
Après avoir créé la surprise en sortant du groupe B encore composé des Russes du Rubin Kazan, Didier Tholot et ses hommes se mesurent à Braga en seizièmes de finale de cette Europa League 2015/2016. Battus 2-1 à Tourbillon, les Sédunois passent à quelques centimètres de l'exploit au retour dans le Nord du Portugal. Alors que le tableau d'affichage indique un score de 2-2, grâce notamment à un doublé de Gekas, et que deux minutes trente-sept exactement ont été jouées dans les arrêts de jeu, Vincent Rüfli expédie une frappe lourde qui s'écrase…sur la latte. Un but aurait alors été synonyme de qualification pour le tour suivant. "J'ai longtemps ruminé cette action. Avec du recul, je pense toutefois que c'est lors du match aller que nous avons manqué le coche."
23 juillet 2023 : Vaduz, point de départ de l'opération reconstruction
Près de sept ans après la fin de son troisième mandat, Didier Tholot revient en Valais dans la foulée de la relégation du FC Sion. Il relève le défi de redresser un club qui semble alors à l'agonie. La première journée du championnat de Challenge League emmène les Sédunois à Vaduz. Le succès 2-0 ramené du Liechtenstein donne le ton d'un exercice marqué par le redressement express des Sédunois. "C'est certainement la fois où j'ai pris le plus gros risque de ma carrière. À mon arrivée, il n'y avait plus grand-chose si ce n'est un profond désamour avec le public. Au moment de lancer la saison, nous ne pensions même pas à la promotion. Mon principal objectif était de ramener du monde au stade. Dix-huit mois plus tard, je suis fier de voir le chemin qui a été parcouru, même si les gens aimeraient que ça aille plus vite. Je n'ai pas pour habitude de regarder dans le rétro, mais repenser à ce qu'on a accompli depuis ce match à Vaduz permet de prendre conscience que le travail a été bien fait."
27 avril 2024 : la déception dans un Tourbillon en ébullition
Très solide tout au long de la saison en Challenge League, le FC Sion renoue avec les émotions d'une jolie épopée en Coupe de Suisse. Après avoir fait tomber YB en quarts, il accueille Lugano en demi-finale. 15'400 spectateurs se pressent à Tourbillon pour offrir à l'enceinte son premier "guichets fermés" depuis bien longtemps. "Je retiens deux choses de cette soirée : la fierté d'avoir rempli le stade et une grosse déception liée au résultat. Nous avons perdu, mais nous n'étions pas à armes égales (ndlr : défaite 2-0 suite notamment à un penalty particulièrement litigieux). Depuis un an et demi, je répète la même chose à mes joueurs : les gens nous soutiendront à partir du moment où on leur apportera quelque chose. Si on donne un peu de notre cœur et de nos tripes, ils seront derrière nous."
20 mai 2024 : pari relevé, remontée validée
Quinze ans jour pour jour après avoir remporté sa première Coupe de Suisse en Valais, Didier Tholot s'offre un premier titre de champion. Le lundi de Pentecôte, son équipe s'impose 3-0 face à Schaffhouse dans une ambiance de fête à Tourbillon. Il boucle la saison de Challenge League avec un impressionnant total de 79 points. "La réussite d'un pari et beaucoup de bonheur pour cette région. J'étais content pour mes proches qui me soutiennent, pour les gens d'ici, pour mon staff et pour mes joueurs qui n'ont rien lâché durant toute l'année. C'est vrai que j'ai eu pas mal de réussite sur ces plus de 200 matches avec le FC Sion, mais je ne vis pas pour les réussites personnelles. Je vis pour ramener quelque chose à toutes les personnes qui m'entourent."
