Le lac glaciaire des Faverges est surveillé de près sur la Plaine Morte
Des travaux ont lieu chaque été à hauteur du lac glaciaire des Faverges, au-dessus de Crans Montana. Le but : surveiller l'évolution du niveau de ses eaux pour éviter qu'une vidange subite ne fasse des dégâts dans les villages en aval.

Voilà de nombreuses années maintenant que le glacier de la Plaine Morte au-dessus de Crans-Montana fond en été. Et à chaque fois, une épaisse couche de glace disparaît, ce qui agrandit la taille et augmente le niveau d'eau du lac des Faverges.
"Avec la fonte de la glace, l'eau qui s'écoulait en Valais ne peut désormais plus s'échapper dans cette direction. C'est pour ça qu'un lac s'est formé." Isabelle Kull, géologue auprès de Geostest SA
Et qui dit plus d'eau dans le lac, dit aussi risque accru d'inondation dans les villages en aval. Un scénario qui ne concerne pourtant plus le Valais depuis un certain nombre d'années: "Avec la fonte de la glace due au changement climatique, l'eau qui s'écoulait en Valais il y a une époque ne peut désormais plus s'échapper dans cette direction. C'est pour ça qu'un lac s'est formé", explique Isabelle Kull, géologue auprès de Geostest SA, entreprise notamment responsable des travaux en lien avec le lac des Faverges.
Canal d'écoulement
Scénario totalement différent pour Lenk, dans le canton de Berne, qui est directement sur le passage de l'écoulement des eaux. En 2018, elles s'étaient même brusquement déversées dans le village et avaient fait de nombreux dégâts.
Entre-temps, des solutions ont été envisagées. L'une d'entre elles est même devenue la norme. Celle de l'excavation d'un canal, directement dans le glacier. Problème : il faut en creuser un chaque année. "On ne s'attendait pas à ce que la neige puisse bloquer à ce point le canal. Et puis, on ne savait pas non plus s'il y avait des trous au-dessous, si le canal s'était élargi", raconte Isabelle Kull.
"Le volume du lac a tendance à diminuer avec le temps."Isabelle Kull, géologue auprès de Geostest SA
Et comme le lac évolue d'une année à l'autre, le canal prend des tailles différentes. Et se trouve à des profondeurs qui changent, elles aussi. "Ça varie selon le volume et l'emplacement du lac. Parfois, il se trouve à treize mètres de profondeur et mesure plus d'un kilomètre alors que cette année, il n'est pas aussi long. Il atteint à peu près 160 mètres de long et a été creusé à cinq mètres maximum", précise la géologue.
En constante évolution
Le lac des Faverges est surveillé en tout temps. Surtout lors de la saison estivale. Par le passé, l'évolution du lac a même permis d'observer certains phénomènes naturels. "Le volume du lac a tendance à diminuer avec le temps", explique Isabelle Kull. "D'une part, parce que le glacier s'aplatit et amène l'eau à s'écouler au-dessus de la glace. Et d'autre part, parce qu'il y a de l'eau sous le glacier. Cette eau peut soulever la glace pendant un court instant et créer un petit tsunami".
Mais pas de panique selon elle. Car grâce à la distance entre le glacier et le village en aval, le pic d'écoulement des eaux diminue drastiquement.