Darius Rochebin accusé de harcèlement sexuel
Harcèlement sexuel, gestes déplacés, abus de pouvoir: une enquête du Temps révèle des dysfonctionnements au sein de la RTS en épinglant plusieurs collaborateurs, dont l'ex-présentateur star Darius Rochebin. La direction de la chaîne réfute toute accusation de laxisme.
L'enquête diffusée samedi par le quotidien, qui a mobilisé trois journalistes pendant plusieurs mois, se fonde sur une trentaine de témoignages anonymisés pour la publication. Un cadre, toujours en poste, aurait fait l'objet d'une quinzaine de plaintes à l'interne pour mobbing, SMS suggestifs et lettres vicieuses, notamment.
Les témoignages évoquent le cas d'un autre collaborateur au comportement inadéquat. Il est question de mains baladeuses et de baisers forcés. Selon le Temps, la direction savait mais n'a pas agi. "La RTS rejette fermement toute accusation de laxisme dans la gestion de harcèlement ou de protection de ses collaborateurs", indique-t-elle samedi dans un communiqué.
Les récits recueillis ciblent surtout Darius Rochebin qui a quitté la RTS cet été pour rebondir en France sur LCI. Une femme affirme avoir été embrassée de force alors qu'une autre raconte comment le journaliste lui aurait saisi la main pour la mettre sur ses parties génitales.
Des témoignages d'hommes, des jeunes qui veulent percer dans le journalisme, mettent en cause le comportement de Darius Rochebin. La star leur aurait proposé un café, un restaurant et la conversation aurait dérapé sur leur vie sexuelle. L'un d'eux aurait eu une relation avec le journaliste. "Je n'avais pas envie d'aller plus loin, mais j'avais l'impression de ne plus pouvoir revenir en arrière", dit-il au Temps.
Faux profils
L'enquête dévoile aussi des faux profils Facebook qu'aurait utilisés Darius Rochebin pour entrer en contact avec ces jeunes. Contacté par le Temps, Darius Rochebin a répondu par l'intermédiaire de son avocat. Il "conteste fermement s’être livré à des actes pénalement répréhensibles» et précise n’avoir «jamais fait l’objet d’une plainte pénale, ni a fortiori d’une quelconque condamnation pénale".
"Si les témoignages concernant les comportements de Darius Rochebin sont confirmés, la RTS fait part de sa consternation et condamne avec force tout manquement ou écart de conduite", précise la RTS dans le communiqué. Elle annonce vouloir vérifier "toutes les informations figurant dans cet article, réexaminer ses processus internes et prendre toutes les mesures nécessaires pour les améliorer le cas échéant".
Dans un message adressé samedi matin à ses collaborateurs, dont Keystone-ATS a obtenu une copie, le directeur de la chaîne Pascal Crittin souligne que "les actes reprochés à Darius Rochebin sont graves et choquants". S'agissant des faux profils Facebook, il indique l'avoir confronté "à ces accusations". Mais il n'y avait aucune preuve pour étayer ces accusations, selon M. Crittin.
Avalanche de réactions
La publication de la longue enquête du Temps a soulevé une avalanche de réactions choquées sur les réseaux sociaux. A l'instar de celle du journaliste Massimo Lorenzi: "Stupéfait, écoeuré, profondément déçu et attristé par la lecture du Temps de ce jour. (...) On croit connaître les gens parce qu’on travaille avec eux. Mais parfois on se trompe dans les grandes largeurs (...)". En revanche, silence radio sur le compte Twitter de Darius Rochebin.
La presse française, qui avait commenté l'arrivée de Darius Rochebin sur LC1 avec beaucoup d'enthousiasme, se fait largement écho de l'enquête du Temps. Selon Le Parisien, "C'est un article qui va faire de gros remous à LCI propriété du groupe TF1". La chaîne française n'avait pas encore réagi samedi après-midi.
A noter toutefois que l'émission "Les Grands entretiens de Darius Rochebin" programmée samedi entre 14h00 et 15h00 n'a pas été diffusée, a constaté Le Temps. Elle a été remplacée par un autre programme. Du lundi au jeudi, le journaliste genevois anime "Le 20h de Darius Rochebin".