Revalorisation des métaux lourds grâce à l'électrochimie
Après son succès dans la production moins polluante de blue-jeans, une entreprise valaisanne se concentre cette fois sur la récupération des métaux lourds dans les déchets liquides. Grâce à cette nouvelle application, RedElect Technologie fait aujourd’hui partie des finalistes d’un prix national.
Il utilise l'électron au lieu d'utiliser des produits chimiques. David Crettenand, directeur de RedElec Technologie, a créé un procédé révolutionnaire capable de teindre les jeans de manière non polluante. Actuellement, une vingtaine de ses machines sont en production dans le monde, que ce soit en Asie ou en Amérique latine.
Du denim aux métaux lourds
Mais l’installation électrochimique qu’il a mise au point peut aussi avoir d’autres applications. David Crettenand se concentre aujourd’hui sur la récupération des métaux lourds dans les déchets industriels liquides. «Il y a un potentiel absolument énorme sur cette récupération des métaux, afin de les garder dans le cycle. On parle ici d'économie circulaire. Ces métaux, comme par exemple le zinc, le nickel ou le cuivre, ne doivent plus se retrouver dans les décharges, il faut les récupérer à la source, au plus près de l'endroit où le polluant est produit.»
«Le potentiel pour la récupération des métaux est absolument énorme, bien plus grand que pour l'industrie du blue-jean.» David Crettenand, directeur de RedElec Technologie
Le fonctionnement est assez simple. «On va donner des électrons aux métaux qui sont solubles dans l'eau, pour qu'ils se déposent dans notre réacteur électrochimique. Et on va ensuite récupérer tout cela sous forme de poudre métallique.»
Excellents résultats
La machine est pratiquement la même que celle développée pour le denim. Seules quelques adaptations ont été faites pour pouvoir l’appliquer aux métaux. Et les essais sont concluants. «En laboratoire, les résultats sont excellents. On s'attend à un retour sur investissement très rapide au niveau industriel», reconnaît David Crettenand. «Mais nous devons encore faire cette étape, que l'on appelle un changement d'échelle ou scale up, soit passer du laboratoire jusqu'au niveau industriel. Nous avons ces compétences, puisque nous l'avons déjà fait pour l'industrie textile, avec le denim.»
«En laboratoire, les résultats sont excellents. On s'attend à un retour sur investissement très rapide au niveau industriel.» David Crettenand, directeur de RedElec Technologie
Selon David Crettenand, plusieurs clients seraient déjà intéressés par cette application. Une installation qui permet de traiter 700 tonnes de déchets par an avec une concentration en métaux de 20%, coûte 2 millions. «Ce montant comprend encore la recherche et le développement de cette technologie (1 million), et on a un retour sur investissement de deux ans», précise David Crettenand.
Le développement à la base a été financé par ce que David Crettenand appelle des "FFF", soit des amis, la famille et des fous. «Nous avons aussi reçu beaucoup de soutien de The Ark et de la HES-SO, avec qui nous avons collaboré pour le développement du réacteur électrochimique, et avec qui nous continuons de travailler aujourd'hui.»
La société valaisanne RedElec Technologie est déjà plusieurs fois primée. Avec cette nouvelle application dans le traitement des métaux, elle fait aujourd’hui partie des trois finalistes du Swiss Start Cup Challenge. «Pour nous ce qui est capital avec ce prix, c'est de faire connaître notre technologie. Pour qu'ensuite, chaque producteur de polluants ou d'effluents aqueux qui contient des métaux lourds pense à nous pour récupérer ces métaux.»
Le vote du public sera ouvert dès le 29 septembre. La remise des prix est prévue le 14 novembre. Le gagnant de chaque catégorie recevra 20'000 francs.