Les auteurs de polar Marc Voltenauer et Nicolas Feuz à la Fête du livre de St-Pierre de Clages
Quatre auteurs de romans noirs ou de polars invités samedi à la Fête du livre de St-Pierre de Clages. Parmi eux, les poids lourds du genre en Suisse romande, Nicolas Feuz et Marc Voltenauer. Rencontre.
La Fête du livre a à nouveau cartonné ce week-end à St-Pierre de Clages. Après l’annulation de la manifestation l’an dernier, en raison du coronavirus, le public était impatient de retrouver ses habitudes dans les rues du village et les stands de la cinquantaine d’exposants venus de Suisse et de France.
Une édition 2021 sous le thème du polar. Avec une table ronde qui a recueilli, samedi après-midi, quatre auteurs actifs dans le genre du roman noir. Parmi eux, des poids lourds de l’édition romande. Le Genevois installé dans le Chablais Marc Voltenauer cartonne par exemple depuis la publication de son premier roman, le Dragon du Muveran, en 2016. Il en a vendu jusqu’ici plus de 30'000 exemplaires. Un succès qui ne s’est pas démenti pour les trois romans pour adultes qui ont suivi, ainsi que les deux histoires pour enfants.
Un intérêt pour le roman « éthno »
« Je pense que mon roman a dû sortir à un moment assez propice », explique celui qui se consacre à l’écriture depuis 2018. «On voit dans pas mal de pays européens depuis pas mal d’années qu’il y a une émergence de romans policiers du pays. (…) En Suisse romande, c’était un peu moins le cas. (…) Il y a eu un moment donné où l’attention des lecteurs, de la presse, des libraires s’est focalisée sur les auteurs du crû », note Marc Voltenauer.
Son interview:
Il attribue également son succès au lieu où se passe l’action, le village de Gryon, au-dessus de Bex. Un environnement que beaucoup de Romands connaissent, souligne l’auteur. Cela explique, selon lui, la curiosité que son premier roman a provoquée.
Né d’une mère suédoise et fan de polar nordique, Marc Voltenauer a visité en Suède les lieux où se passent des romans policiers comme Millenium, le série Wallander ou les livres de Camilla Läckberg. « Je trouve ça génial que, au-travers de mes livres, ça donne aussi envie de venir visiter cette région ».
Des lettres de noblesse pour le polar
Pour le Neuchâtelois Nicolas Feuz, « le polar a très longtemps souffert d’une image de littérature de kiosque de gare ». Mais il se réjouit de voir que, désormais, cette image est dépassée. « Le roman noir, le polar a aujourd’hui ses lettres de noblesse et (…) ça contribue aussi au succès du polar ».
Son interview:
Pour lui aussi, écrire sur sa ville et sa région – en l’occurrence Neuchâtel – est naturel. Mais cela peut se révéler dangereux. Il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir montrer qu’on en sait trop sur un endroit et aller trop dans le détail, dans la description. (…) On risquerait de se couper un élargissement du lectorat », souligne celui qui, dans le civil, est procureur à Neuchâtel.
Il rappelle la nécessité d’élargir son lectorat, « en allant dans d’autres lieux ou en voulant faire connaître sa région à des personnes qui viennent d’ailleurs ». C’est d’ailleurs ce qu’il a fait dans son dernier roman, Heresix, dont l’action se déroule dans le sud de la France. Et ses prochains livres, qui sortiront en octobre, se passeront en Valais.
« J’adore le ski, ça fait plus de vingt ans que je viens à Nendaz tous les hivers, j’y ai un pied-à-terre », explique Nicolas Feuz. Il va donc situer une partie d’un de ses romans pour enfants lors d’un camp de ski à Siviez.
"Même âmes pas sensibles s'abstenir"
Il publiera également prochainement un livre chez Gore des Alpes, une maison d’édition fondée en Valais en 2019 et spécialisée dans les textes macabres et funestes. « Mes livres sont graphiques et déjà pas mal gore (…) je pense que c’est pire mais du pire atténué par de l’humour », sourit Nicolas Feuz. II a trouvé un slogan pour ce nouveau livre : « Même âmes pas sensibles s’abstenir ». L’an prochain, c’est la Russie qui sera à l’honneur de la fête du livre de St-Pierre de Clages.