Un bout du Valais bientôt sur Netflix : visite du tournage de "Winter Palace"
Les paysages du Valais se créeront bientôt une place sur la plateforme Netflix. « Winter Palace », première série co-produite par le géant du streaming et la RTS est en pleine phase de réalisation dans le Binntal. Un village entier s’est transformé en plateau de tournage cette semaine.
Le Valais est le théâtre d’un tournage à l’américaine depuis plusieurs jours. C’est un effet de la Lex Netflix, votée par le peuple en 2022 et qui demande au géant américain du streaming de reverser 4% de ses recettes brutes réalisées en Suisse dans les productions locales.
« Winter Palace » — première série co-produite par Netflix et la RTS — raconte la naissance du tourisme de luxe dans les Alpes au tournant du 20ème siècle. La phase de réalisation a débuté en automne pour mettre en boite les huit épisodes prévus. Plus de 50 jours de tournage ont déjà eu lieu, à Montreux, au Simplon, et bientôt à Sierre, au château Mercier. Cette semaine, la centaine de cameramans, techniciens, acteurs, accessoiristes et maquilleurs ont pris leurs quartiers dans le Binntal.
Un village entier transformé en plateau
Dans la ruelle centrale du hameau de Fäld, toute trace contemporaine a été gommée par les décorateurs. Certaines retouches ont même été faites, sur les façades et les fenêtres. De droite et de gauche, on aperçoit une charrette, une botte de foin, et dans le champ voisin, un cimetière avec des clôtures de bois et de corde entièrement créée pour transporter les futurs spectateurs en 1899. « C'est le principal challenge du projet », reconnait le réalisateur Pierre Monnard, le regard tourné vers les habitations du village. « C'est pour ça qu'on est très heureux de pouvoir exploiter ce lieu très préservé. »
La Valais Film Commission, bâtisseuse de ponts
Vieille façade en bois, drapeaux d'époque, mobilier. Sur territoire valaisan, tout a été minutieusement prévu avec l’aide de la Valais Films commission. L’entité s’est activée pendant des mois pour trouver le matériel nécessaire, repérer des lieux adéquats, et surtout, faire le lien avec la population locale.
« Déjà concernant la langue », insiste Patric Zenklusen, opérateur au sein de la Valais Film Commission, « c'est toujours intéressant de compter sur quelqu'un qui connait les lieux et parle le haut-valaisan. Le dialogue est plus rapidement établi avec les autorités, les privés et les organisations présentes sur le territoire. Tout va plus vite par le bouche-à-oreille.»
Pierre Monnard confirme d'ailleurs que la manoeuvre s'est révélée précieuse. « C'est toujours merveilleux de travailler avec des gens qui aiment leur région et qui nous permettent de créer du lien avec les résidents. D'autant qu'ils sont très réactifs et force de proposition, quand il s'agit de remplacer un décor perdu ou trouver un nouveau lieu.»
Apport financier essentiel
Le cinéaste avoue également n'avoir jamais dirigé une équipe d'une telle ampleur. « Tout est plus grand, même si les challenges sont assez similaires à une petite production. »
Chaque jour, une centaine de personnes sont à l'ouvrage. Un projet d'une envergure inhabituelle pour la Suisse, qui n’aurait sans doute pas pu voir le jour sans les moyens et l’apport financier de Netflix. « Cela fait six ans qu'on travaille sur ce projet, ce rêve de créer notre Dowtown Abbey version suisse », confesse David Rhis, co-producteur. « L'élément essentiel a été le soutien du domaine public, par le biais de la RTS. Mais Netflix nous a permis de compléter la jauge financière nécessaire au projet. Sans eux, ça aurait été compliqué. »
David Rhis précise que la collaboration avec ce poids lourd de la production se passe très sereinement. « Ils ont un droit de regard sur le scénario et la production et travaillerons avec nous sur le montage. Mais ils nous font globalement confiance dans nos idées. »
A découvrir fin 2024
La série «Winter Palace» poursuit son tournage pour encore une vingtaine de jours. Le public suisse aura l’occasion de découvrir le résultat d'ici fin 2024, en primeur sur la RTS et Play Suisse pendant sept semaines, avant sa diffusion sur la plateforme Netflix.