Une trentaine de mariages de couples homosexuels prévus en Valais d'ici fin 2022
«La mariée peut embrasser la mariée!» Les personnes de même sexe pourront célébrer leur union officielle dès le 1er juillet prochain, date de l'entrée en vigueur du «mariage pour tous». En Valais, une trentaine de couples homosexuels se sont inscrits à l’Etat civil pour 2022.
En Valais, les couples de même sexe seront une trentaine au moins à se marier d’ici la fin de l’année. La législation change en effet au 1er juillet, date d’entrée en vigueur du « mariage pour tous » accepté par les Suisses en septembre 2021.
Selon le Service cantonal de la population, sur cette trentaine de mariages, deux tiers de personnes sont déjà sous le régime du partenariat enregistré – il s’agit donc de ce que l’on appelle une conversion – et le tiers restant célèbre une nouvelle union.
Les mêmes droits entre couples homosexuels et hétérosexuels
Plusieurs éléments changeront pour les couples de même sexe dans le cadre de ces mariages. Les femmes pourront par exemple avoir accès au don de sperme et à la procréation médicalement assistée. Mais sous certaines conditions. «Si cette PMA a lieu en Suisse, sous la législation suisse, explique Sandra Tiano, cheffe cantonale du Service de la population et des migrations, les enfants nés de cette manière seront automatiquement reconnus comme les enfants du couple marié.» Mais jusqu'à maintenant, beaucoup de femmes partaient à l'étranger pour ce genre d'actes médicaux. «Dans ces cas, l'épouse aura la possibilité d'adopter l'enfant de la conjointe, comme cela pouvait déjà se faire avant la votation.»
La naturalisation est également facilitée pour les couples mariés. «Si l'une des personnes à la nationalité suisse et l'autre étrangère, cette dernière pourra avoir accès au passeport national plus facilement après trois ans de mariage», détaille la cheffe de service.
Quant aux adaptations administratives, Sandra Tiano l'affirme, de nombreuses séances ont eu lieu pour former les responsables qui mettent en place ce mariage pour tous. Ne restent plus que quelques détails de formulaires et de système informatique «mais cela se fait au niveau national», précise-t-elle. Pour toutes les personnes qui auraient des questions, une séance d'information aura lieu dans les locaux d'Alpagai Valais le 1er juillet en présence de l'Office cantonal pour l'égalité et la famille en collaboration avec le Service de la population et des migrations.
Ça, c’est pour le domaine civil.
L'Eglise catholique reste sur sa position
Quant à la partie religieuse, Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion le dit : un changement de loi ne doit pas modifier les pratiques de l’Institution. Il réaffirme la volonté d’accueillir, sans discrimination, les personnes homosexuelles au sein de l’Église. Pour le surplus, la tradition prime.
Reste que les prêtres vont certainement se trouver un jour face à un couple qui souhaite une cérémonie religieuse. « Les personnes homosexuelles qui souhaitent se marier ou qui sont déjà mariées au niveau civil auront certainement le droit d'être reçues, d'être accueillies et d'être accompagnées. Cela pourra conduire à une prière, peut-être à une bénédiction, mais certainement pas à un mariage sacramentel. Il faudra simplement voir, selon les cas, qu'est-ce qui fait sens, qu'est-ce qui est bien et qu'est-ce qui est juste, mais en insistant pour que ce ne soit pas une cérémonie en analogie avec un mariage.»
«Au sein de l'Eglise, les couples homosexuels pourront recevoir une prière, peut-être à une bénédiction, mais certainement pas à un mariage sacramentel.»
Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion
Il affirme qu'il ne s'agit pas d'une discrimination liée à telle ou telle communauté, mais bien de règles établies. « Si quelqu'un venait vers moi et me disait qu'il voulait se marier pour trois ans. Je lui dirais simplement "non, vous avez le droit de vivre comme vous voulez, mais le mariage sacramentel c'est pour toujours"».
Perdre des fidèles?
À noter qu’un certain nombre d’églises réformées ont décidé d’adapter leur pratique en célébrant des mariages homosexuels. C’est le cas à Berne, au Jura ou à Soleure, par exemple. En Valais le choix sera laissé à l’appréciation des pasteurs. Dans ces conditions, n'y a-t-il pas le risque que les personnes croyantes voulant se marier avec une personne du même sexe tournent le dos à la religion catholique afin de pouvoir tout de même vivre une cérémonie à l’église? « Si pour des raisons qui leur sont propres, répond Pierre-Yves Maillard, ils souhaitent s'adresser à une autre église pour pouvoir recevoir ce signe sous la forme d'un sacrement, tel qu'il est reconnu par cette autre église, cela ne me dérange pas.»
Le prêtre sédunois ajoute que cela pose pourtant la question de leur foi. «Ce que je souhaite pour chacun c'est que ce ne soit pas juste pour une célébration ou pour une fête d'un jour, mais si cela s'inscrit dans un processus et dans une démarche de foi, de conversion, alors je me réjouis avec eux.»