Une start-up valaisanne veut capter, recycler et réutiliser les gaz d'échappement des camions

90% du CO2 émis par les camions pourraient être captés et recyclés. Qaptis, une start-up basée sur le campus Energypolis à Sion, en a l’objectif. Son module est au stade de prototype, mais il fonctionne déjà en labo. Des tests en entreprises sont prévus pour 2023.

Et si les gaz d’échappement des camions pouvaient être captés et recyclés ? Qaptis, une start-up basée sur le campus Energypolis à Sion s'en est donné la mission.  Pour y arriver, elle a mis au point un module qui permet de récolter le gaz d’échappement des poids lourds et de le stocker sous forme liquide.

Le domaine du poids lourd et ses 27 millions de véhicules au niveau mondial comportent à bien des égards des enjeux sur le plan écologique. D’autant que dans ce secteur-là, les moteurs électriques et les hydrogènes n’ont pas encore convaincu.

Du gaz d'échappement au carburant

«Nous cherchons à apporter une solution dans un secteur où les alternatives sont encore restreintes, explique Yves Loerincik, cofondateur de la société Qaptis. Les technologies qui existent pour le moment ne sont a priori pas suffisantes et nous sommes dans une forme d'urgence.» D'où l'idée de récolter le CO2 qui, forcément, pour l'instant, sera émis.

Bien loin des préjugés, le carbone n’est pas problématique en soi. «Les plantes ont besoin de CO2 pour grandir, rappelle Yves Loerincik. Et puis, il s'agit d'un élément totalement essentiel dans l'industrie et dans le système économique.» Il est même utilisé dans toute une série de produits de la vie quotidienne, que ce soit dans le domaine de l'agroalimentaire (le gaz dans nos boissons par exemple), dans l'industrie chimique, dans certains matériaux de construction ou encore dans la production de carburant.

De nouvelles filières économiques

Reste que ce carbone liquide issu des gaz d'échappement des camions doit encore trouver sa filière économique. «Cela fait partie des activités que nous développons, affirme le cofondateur de Qaptis. Nous ne sommes pas uniquement sur la partie technologie, mais également sur le développement de ces filières, entre autres en travaillant avec des partenaires. Mais il est évident qu'il s'agit de nouveaux domaines qui doivent se construire, car intéressant au niveau de l'économie circulaire, en Suisse comme à l'étranger.»

En l'état, Qaptis affirme que sa technologie fonctionne. La start-up veut désormais créer un prototype pour ses premiers essais en situation réelle. Pour récolter des fonds et visibiliser le projet, elle a lancé une campagne de financement participatif qui a bientôt atteint son objectif de 25'000 francs –une partie du coût de l'installation totale, estimée à 300'000 francs.

Actuellement, la société valaisanne est en grande partie soutenue par des fonds publics, entre autres au travers de la fondation The Ark. « Les investisseurs ne sont jamais simples à trouver, regrette Yves Loerincik. Nous sommes actuellement dans une transition vers des fonds privés. Notre start-up a été créée en juillet 2021, elle est donc encore très jeune.»

Phase test en entreprise pour 2023

Yves Loerincik se veut optimiste pour la suite du développement: bon nombre de compagnies de transport – grandes et régionales, nous dit-il – sont intéressées par cette technologie. Les premiers tests au sein de la start-up devraient être réalisés en 2023. «A la fin de l'année prochaine, voire en 2024, il s'agira ensuite de les installer sur des camions d'entreprises sur un mode démonstrateur. Il faudra encore attendre une année ou deux pour que la technologie puisse entrer sur le marché.» Il relativise pourtant, cela dépendra du financement et des partenaires.

Plusieurs obstacles pourraient rendre difficile l’application du projet : le prix de l’installation d’un tel module pour les entreprises, la place qu’il pourrait prendre dans une cabine de camion, ou encore le manque de débouchés pour le CO2 liquide capté.

dar
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