Un pompier-volontaire saute dans les flammes pour éteindre le feu ...de son entreprise familiale

Yves Crettaz
Journaliste stagiaire

Un incendie hors du commun s’est produit ce week-end à Leytron. Une entreprise familiale, gérée par un père et sa fille, a pris feu. Les pompiers sont arrivés, avec en tête d’intervention : François, le fils et frère des propriétaires.

Dans son malheur, la famille Rossier a eu beaucoup de chance...

Un incendie s’est produit durant la nuit de vendredi à samedi dernier au sein de la cave Rossier à Leytron. Les voisins ont entendu une détonation et ont appelé les pompiers.

Au total, quelque quarante pompiers du CSI 2 Rives étaient présents, six membres du CSI de Martigny, la police municipale, la police cantonale ainsi que des ambulanciers.

Jusque-là, rien d’exceptionnel mis à part l'ampleur de la mobilisation ...sauf qu'un des pompiers de piquet ce soir-là se prénommait François. Il n'est autre que le fils de Marc-André et le frère de Caroline, les deux propriétaires de la cave familiale. Le jeune homme n'était pas là pour faire de la figuration puisqu'il était le premier à avoir sauté dans les flammes pour éteindre le feu.

"François a permis de localiser l'emplacement du feu depuis l'extérieur"

Pascal Dussex, commandant du CSI 2 Rives

Grâce à lui, l'incendie a pu être éteint en moins de trente minutes : "La reconnaissance faite par François a permis de localiser l'emplacement du feu depuis l'extérieur et ainsi intervenir depuis un axe plus près du sinistre", détaille Pascal Dussex, le commandant du CSI 2 Rives.

Malgré les montagnes russes d'émotions que devait subir François, il faut savoir que le sapeur-pompier volontaire connait l'endroit comme sa poche. Tous les coins et recoins, il les a visités étant plus jeune. Grâce à ses connaissances approfondies des locaux, il a ainsi permis d'éviter que le feu se propage "C'est vrai que cette cave est un labyrinthe", souligne-il avant de reprendre: "Avec la nuit et la fumée, un pompier normal aurait mis plus de temps pour localiser le foyer".

Un peu de chance dans la malchance

La famille Rossier a également eu de la chance de pouvoir compter sur une conduite d'eau en plastique qui était disposée au-dessus du brasier : "Oui, nous sommes chanceux là-dessus. Elle a fondu à cause de la chaleur de l'incendie et a permis de partiellement aider à l'extinction du feu puisqu'en fondant, elle a arrosé tout le mur situé derrière le sinistre", explique tout ému le propriétaire des lieux, Marc-André Rossier.

"Malgré les émotions, j'ai réussi à rester calme"

François Rossier, pompier volontaire

De son côté, François avoue n'avoir même pas vu la classe d'alarme de l'intervention : "Quand mon natel a sonné, j'ai même pas pu regarder le degré d'alerte puisque l'adresse indiquait notre cave familiale. C'est vrai que ce n'était pas facile du tout au niveau émotionnel mais j'ai malgré cela réussi à rester calme", avant d'affirmer qu'il s'était quand même posé la question s'il devait partir intervenir ou non.

Engageable ou non ?

Mais la question mérite d'être posée : François était-il engageable sur cette intervention au vu de la situation ? "Oui, il l'était", affirme Pascal Dussex, le commandant du CSI 2 Rives: "Après réflexion, analyse de la situation et discussion au téléphone avec son père, j'ai décidé de l'engager".

"C'est une belle histoire qu'on va se raconter encore longtemps"

Pascal Dussex

La responsabilité du chef d'intervention est grande. L'engagement d'une personne concernée par le drame est délicate : "Il y a du pour et du contre mais j'ai pensé qu'il pouvait nous être d'une grande aide et il l'était", enchaîne Pascal Dussex.

Des points de situation réguliers

Durant l'intervention, le commandant a décidé de faire des points de situation réguliers avec François: "C'était pour m'assurer que tout aille bien pour lui". C'était un risque à prendre, certes, mais un risque "calculé", selon lui. Et au final, il se dit satisfait de son choix : "C'est vrai. Et c'est une belle histoire qu'on va se raconter encore longtemps".

 

 

"Lorsque François est sorti du brasier, c'était très touchant"

Marc-André Rossier, père de François et propriétaire de la cave

Le père de François, Marc-André ne cachait pas son émotion (il avait les yeux qui brillaient au moment de s'exprimer) à la fin de l'intervention : "Lorsque François est sorti du brasier, c'était très touchant. Ma fille Caroline, qui est en train de reprendre l'entreprise, était avec moi et nous nous sommes retrouvés les trois. Mes deux enfants avaient les larmes qui coulaient... Il a fallu les réconforter car ce n'est que du matériel. L'important, c'est qu'il nous soit rien arrivé".

D'importants dégâts

Précisons que l’incendie a fait d’importants dégâts-matériels en raison du dégagement de fumée et de la suie. Mais comme dit le propriétaire de la cave Marc-André Rossier : « Ce n’est que du matériel ».

YC
Thèmes liés à l'article
Catégories