Les toilettes non genrées fleurissent un peu partout en Suisse, dans les écoles et certaines universités à l'image de l'EPFL ou de l'Uni de Lausanne par exemple. Les pouvoirs publics entrent en jeu : le Grand Conseil vaudois a accepté en mai 2021 un postulat facilitant leur installation dans les établissements publics, tout comme Lucerne l'avait fait dès 2018. De son côté, la ville de Zurich songerait à les introduire dès l'école primaire alors que son homologue bernoise dit encourager leurs constructions.
Ce concept est défendu par la communauté LGBT qui milite pour son instauration. Mais au fait, à quoi ça sert ? Les toilettes unisexes ont pour objectif de permettre à toutes les personnes, qu'importe leur genre, d'avoir un endroit où aller lorsqu'elles se rendent au petit coin.
"Quand on entre dans ces endroits, les personnes sont tout de suite jugées : a-t-on suffisamment l'air d'être une femme ou d'un homme pour être là ?" Gaé Colussi, Alpagai
"Jusqu'à présent, les toilettes sont l'un des rares espaces ouvertement genrés. C'est affiché dessus, c'est réservé soit aux hommes, soit aux femmes", explique Gaé Colussi, qui assure la coprésidence de l'association valaisanne Alpagai. "Lorsqu'une personne entre dans ces toilettes, elle est jugée selon notre apparence : a-t-on suffisamment l'air d'être d'une femme ou d'un homme pour être là ? C'est un enjeu pour les personnes dont l'expression de genre, la manière dont on a l'air, ne correspond pas à ce qu'on ressent". Et Gaé Colussi de donner un exemple :
Imaginez une personne qui se dit : Je me sens femme, mais j'ai l'air d'un homme. Je ne peux pas aller chez les hommes, mais si je vais chez les femmes je vais me faire jeter dehors... Forcément elle se demande : quand est-ce que je pourrai aller dans des toilettes où je me sens légitime ?
Reste que le concept de toilette unisexes suscite un débat passionné : pour ses opposants, ces WC seraient une zone ou seuls les transgenres ou non-binaires pourraient se rendre. "C'est faux", répond Gaé Colussi. "Les toilettes non genrées sont accessibles à toutes et à tous, comme dans les trains ou les avions. L'avantage ici, c'est qu'il n'y a pas de jugement à l'entrée." Gaé Colussi conclut: "C'est un vrai enjeu pour les personnes trans et non-binaires, celui d'avoir un espace où on ne les évalue pas, où on ne les juge pas." Ecoutez :