Les vignerons de Grimisuat et de Bramois tournent le dos à l'hélicoptère. Lors de leur dernière assemblée générale, les Groupements de traitements hélicoptère (GTH) de Grimisuat et de Bramois ont décidé de se tourner vers le drone pour le sulfatage de leurs vignes. " Jusqu'ici on faisait de l'épandage bio par hélicoptère et on a eu beaucoup de problèmes cette année avec les précipitations. On a eu une mauvaise qualité de vendange", indique Bertrand Chassot, président des Groupements de traitements hélicoptère de Grimisuat et de Bramois.
"La précision de positionnement du drone est de moins de 3 centimètres."
Sébastien Micheloud, directeur de Digitalroots SA
Les deux GTH passent donc au drone. Cette solution permet une meilleure précision dans le traitement phytosanitaire de la vigne. "La mission de vol est programmée sur la base d'une modélisation du terrain. Ensuite on dessine une ligne de vol. Le drone va suivre cette ligne de vol. La précision de positionnement du drone est de moins de 3 centimètres", précise Sébastien Micheloud, directeur de Digitalroots SA, société valaisanne spécialisée dans l'épandage par drone avec son service agri.aero.
Côté prix, l'épandage par drone coûte 80 centimes le mètre carré en traitement biologique et 68 centimes en traitement mixte – biologique et produits de synthèse. Le sulfatage par hélicoptère reste meilleur marché avec une moyenne de 50 centimes le mètre carré. "On a un prix qui est plus élevé parce que l'utilisation du drone est moins efficiente en termes de surfaces traitées que l'hélicoptère. Par contre la qualité d'application, elle est quand même meilleure qu'à l'hélicoptère", argumente Sébastien Micheloud. Deux plans de traitement existent : le 100% bio et le mixte [NDLR : des produits de synthèse et biologiques]. "Avec le plan de traitement mixte, les produits de synthèse sont utilisés majoritairement en début de saison et ensuite en fonction de la météo on va adapter le plan de traitement et utiliser que des produits bios pour éviter d'avoir des résidus dans les vins. Par contre une année 2021 où on a une très forte pression maladie due à l'humidité, on est forcément obligé de continuer avec des produits de synthèse pour garantir une partie de la récolte au moins", indique Sébastien Micheloud.
Le drone prend son envol pour le sulfatage des vignes. La société basée à Granges Digitalroots SA voit son activité quasiment doubler chaque année. Elle est passée du traitement de six hectares en 2018 à 220 hectares l'an dernier. "L'an passé, on avait déjà repris hélisulfate, qui fait le traitement dans le Lavaux et puis on a repris le Groupement de Conthey. Pour cette année, on a été approché par les groupements de Grimisuat et Bramois. Le TTH [NDLR : Traitement des travaux héliportés] Fully, c’est-à-dire les communes de Fully, Saillon, Saxon, Charrat et Dorénaz. Cette année on va supprimer l'hélicoptère sur ces surfaces", indique Sébastien Micheloud.
Le Traitement des travaux héliportés de Fully est un groupement qui représente plus de 116 hectares de vigne.
Les groupements de Grimisuat et Bramois représentent moins de 4% des surfaces traitées par Air-Glaciers, selon Gael Gillioz, Marketing & Communication Manager chez Air-Glaciers. L’épandage par voie aérienne représente moins de 10% du chiffre d’affaires annuel de la compagnie aérienne valaisanne. Air-Glaciers dit également comprendre l'intérêt suscité par le drone. L'entreprise met toutefois en avant encore les avantages de son moyen d'épandage : capacité importante de traitement, utilisation optimale des produits, protection de la santé des travailleurs et le contrôle global de l’état phytosanitaire.