Retiré de la vie politique depuis décembre dernier après avoir été mis en cause dans plusieurs affaires de harcèlement, Yannick Buttet a co-fondé une agence immobilière nommée Key We. Active dans le Valais et le Chablais vaudois dès le 1e septembre, elle devrait être inscrite au registre du commerce dans les prochains jours. Toujours sous le coup d'une plainte pénale, l'ex-élu n'exclut pas un retour en politique à moyen terme. Interview.
Yannick Buttet, six mois après votre retrait de la vie politique, vous vous lancez dans un nouveau défi professionnel… ?
Oui, ma volonté était d’entreprendre. C’est ce que je vais faire en ouvrant une agence immobilière qui sera active en Valais et dans le Chablais vaudois dès le 1e septembre.
Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’immobilier ?
Je souhaitais monter une entreprise et investir pour moi-même comme je l’ai fait pour les autres durant de nombreuses années. Je me suis lié d’amitié avec Sandra Rouiller, une professionnelle du domaine. Nous avons fondé cette société ensemble, puisque Sandra sera mon associée dans cette aventure.
«Quand je me balade en Valais, je ressens toujours un fort soutien.» Yannick Buttet
Ce nouveau défi est une manière pour vous de tourner définitivement la page de la politique ?
Il ne faut jamais dire jamais. Mon prochain objectif est de monter cette agence immobilière. Ensuite, on verra ce que l’avenir nous réserve.
Craignez-vous que les «affaires Buttet» qui ont fait la Une des médias vous fassent du tort ?
On verra bien… Ce qui est sûr, c’est que quand je me balade en Valais, je ressens toujours un fort soutien. Et j’ai l’impression qu’il n’est pas près de baisser. Je pourrai le dire dans quelques mois, lorsque nous aurons vraiment lancé notre entreprise. Cela dit, différents partenaires se sont déjà engagés à collaborer avec nous. Donc ça présage plutôt un bon départ.
Donc pas d’appréhension de retrouver une certaine lumière ?
Absolument pas. Je regarde toujours en avant.
«La plainte déposée à mon encontre est en cours de traitement.» Yannick Buttet
Vous avez quitté l’arène politique en décembre. Ça vous manque ?
Pas du tout. Je vous l’ai dit, je regarde toujours en avant. Je n’ai évidemment pas perdu la passion de la politique. C’est une marmite dans laquelle je suis tombé tout petit. Je la suis toujours et ai toujours envie d’amener quelque chose. Mais aujourd’hui, ce n’est pas à l’ordre du jour.
On pourrait donc vous revoir en politique à moyen terme ?
C’est trop tôt pour le dire. Aujourd’hui, j’investis mon énergie dans mon projet professionnel. Après, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Si on m’avait dit il y a vingt ans tout ce qui allait m'arriver ces dernières années, peut-être que je ne l’aurais pas cru. Et si on m’expliquait aujourd’hui ce qu’il va se passer dans les vingt prochaines années, peut-être que je ne le croirais pas.
Mais aujourd'hui, avez-vous encore des mandats politiques ?
Des mandats, c’est beaucoup dire. Je suis encore engagé dans quelques associations, mais ce ne sont pas des éléments purement politiques. Je garde évidemment des contacts avec le milieu, où en vingt ans, j’ai créé beaucoup d’amitiés.
«Actuellement, la porte de la politique est fermée. Elle ne l’est peut-être pas pour toujours.» Yannick Buttet
La porte de la politique n’est donc pas fermée… ?
Actuellement, elle l’est. Elle ne l’est peut-être pas pour toujours.
Yannick Buttet, une plainte pénale a été déposée à votre encontre. Où en est-elle ?
Cette plainte est toujours en cours de traitement.
Etes-vous confiant sur son issue ?
Oui. Par le passé, j’ai laissé passer beaucoup de choses pour protéger ma famille et éviter d’étaler certaines choses dans les médias, car je trouvais que ça n’était pas digne de la politique. Maintenant que je me retrouve dans un contexte privé, je vais évidemment me battre pour que la justice fasse son travail. Je vais me défendre.
«Je dois m’en prendre à une personne, c’est à moi-même. C’était à moi d’agir différemment.» Yannick Buttet
Quel sentiment vous habite par rapport à cette dernière affaire qui a précipité votre retrait de la vie politique (ndlr : en automne dernier, la PLR Laude-Camille Chanton a porté plainte pour «attouchements à caractère sexuel et paroles grossières» à son encontre) ?
Je n’ai aucune rancœur. Je n’en ai d’ailleurs jamais eu, à aucun moment des difficultés que j’ai dû traverser. Je crois que si je dois m’en prendre à une personne, c’est à moi-même. C’était à moi d’agir différemment.
«Agir différemment». Cela veut dire que vous reconnaissez avoir provoqué cette situation ?
Je ne sais pas. C’était peut-être une volonté inconsciente. Mais aujourd’hui, je ne me pose pas la question. Je constate les conséquences, pour tout le monde, de tout cela. Typiquement, dans cette dernière affaire, il n’y a que des perdants. C’est dommage pour tout le monde.
Sur cette dernière affaire justement, vous avez toujours parlé d’instrumentalisation politique. Six mois après, vous persistez ?
En tout cas, l’occasion fait le larron. Probablement que j’ai prêté le flanc. Mais évidemment que la période de campagne n’aura pas aidé à calmer les choses.
Une campagne qui s’est terminée par la non-réélection de Laude-Camille Chanton au Conseil général de Monthey, alors qu’elle en était la présidente sortante. Vous avez suivi cela avec une attention particulière ?
Pas vraiment. Mais évidemment que j’ai reçu énormément de messages. Et puis, indirectement, on a pu voir que mon district a voulu me montrer du soutien. C’est une étape parmi d’autres. Mais très sincèrement, je n’ai eu aucune émotion. J’ai pris acte des résultats.
Selon vous, ces résultats vous donnent raison ?
Non. Je ne me suis même pas posé la question. Peu importe qui a raison ou tort. Je le redis, il n’y a que des perdants dans cette situation.
«Je sais que j’ai une faiblesse avec l'alcool et dois donc rester très attentif pour éviter tout dérapage.» Yannick Buttet
Dans votre commune de Collombey-Muraz, après votre retrait, le PDC a perdu la présidence, une première depuis un siècle…
Je vous avoue que j’ai pris passablement de recul par rapport à cela. Evidemment, lorsque l’on est engagé dans un parti, on souhaite qu’il ait du succès. Mais surtout, la campagne désormais achevée, j’espère que tous les partis arriveront à faire un pas de retrait pour collaborer pour le bien de la population. J’ai toujours envisagé la politique de cette manière.
Yannick Buttet, durant les différentes affaires qui portent votre nom, vous avez reconnu souffrir de problèmes d’alcool, expliquant qu’ils étaient la cause de vos comportements inappropriés. Ces problèmes sont-ils aujourd’hui réglés ?
Le fait de ne plus être engagé politiquement, et donc de ne plus être en représentation très régulière est un élément qui aide. Mais je sais que j’ai une faiblesse de ce côté-là et dois donc rester très attentif pour éviter tout dérapage. Ci-dessous à écouter, notre sujet :