Rencontre avec une famille qui a fui la ligne THT : « C’était une décision difficile à prendre »
Alors que selon Swissgrid, il n’y a désormais plus d’obstacles juridiques à la construction de la ligne à très haute tension Chamoson-Chippis, certains habitants ont déjà déménagé. Le témoignage d’une famille qui a décidé de prendre les devants et de déménager.
Ils sont plusieurs, ces habitants de Grône, à avoir déménagé à cause de la ligne THT Chamoson-Chippis. C’est le cas de la famille Chabbey, que nous avons rencontrée. En 2012, elle décide de s’établir à Grône et achète une maison. Lorsqu’elle s’installe, ses nouveaux voisins lui expliquent que la ligne à très haute tension passera non loin de leur maison et surtout à proximité du centre scolaire. Les Chabbey rejoignent alors les opposants au projet et luttent pour qu’une ligne enterrée ou une modification du tracé soient envisagées.
« On était bien à Grône »
Cependant, plus les mois passent, plus les possibilités d’action se réduisent pour les opposants. Craignant les éventuels effets néfastes des ondes sur ses enfants, la famille Chabbey fait le choix de vendre sa maison et de déménager.
« C’était le jour où le Tribunal fédéral a rejeté un recours déposé par les opposants. Là, on s’est dit que c’était fichu. Avec mon mari, on a beaucoup discuté. On s’est demandé si on se voyait vivre sous cette ligne. Finalement, on s’est di que ça ne servait à rien d’attendre qu’elle soit là. On a décidé de vendre la maison et de partir. On était bien à Grône. Les enfants avaient des copains et nous aussi. C’était une décision difficile à prendre. J’ai beaucoup pleuré ce jour-là », raconte Catherine Chabbey.
La famille quitte finalement Grône pour Ayent en 2019. La semaine dernière, Swissgrid s’est vu octroyer par la Confédération l’accès à toutes les parcelles concernées par les survols de la ligne THT. Une décision définitive. Il n’y a plus d’obstacles juridiques à la construction de la ligne. « Ça me fait mal au cœur pour tous les habitants du village, qui se sont battus, qui ont construit leur maison et qui maintenant doivent faire avec parce qu’il n’y a pas eu une volonté politique plus forte. C’est aussi un énorme gâchis pour le paysage », ajoute la mère de famille. Notons que rien qu’à Ayent, deux autres familles de Grône y auraient déménagé à cause de la ligne à très haute tension. Mais selon les statistiques de l'administration grônarde, le ratio entre les départs et les arrivées est stable depuis quelques années.
Qu’a-t-il manqué ?
Selon la planification de Swissgrid, la ligne Chamoson-Chippis sera mise en service en automne 2022. Même si un projet de déplacement est toujours ouvert à l’Etat du Valais, l’affaire est sur le point de s’achever. Le président de Grône revient sur le combat de la commune et des ses habitants pour essayer de faire modifier le projet de la ligne THT.
« Je ne juge pas ce qui a été bien fait ou mal fait par mes prédécesseurs. Ils se sont battus pour le déplacement de la ligne. On aurait peut-être dû rendre le débat plus rationnel. C’est pourquoi nous allons vérifier si les normes du rayonnement ionisant est respectée. Nous avons aussi installé des instruments de mesure pour pouvoir contrôler en temps réel. D’un autre côté, ces dernières années avec la Lex Weber ou la LAT, les Valaisans ont l’impression de subir ces lois. Et qu’au même moment on lance un projet de ligne THT de cette ampleur. C’est dur pour les gens de comprendre pourquoi on installe ça au milieu du paysage valaisan », confie Antoine Fournier.
Pour rappel, la commune de Grône a mandaté un expert indépendant début 2021 pour vérifier si le rayonnement respectera les normes et s’il correspond aux chiffres avancés par Swissgrid mais qui datent de 2002. Néanmoins, peu importe le résultat de l’expertise, les autorités comptent prendre des mesures pour protéger l’école, qui se situe très proche de la ligne. Elles comptent couvrir les parois du bâtiment avec des matériaux absorbant ou réfléchissant les rayons.