Portait du mois : Marie Bovard se laisse du temps pour atteindre le Freeride World Tour
La saison 2020-2021 de freeride ne ressemble à aucune autre en raison de la pandémie et de l’incertitude ambiante. Mais pour la jeune rideuse de Morgins Marie Bovard, le possible manque de compétition ne doit pas représenter un frein à sa progression. Son portrait.
Âgée de 19 ans, la Morginoise a déjà un joli palmarès à son actif, avec notamment deux titres consécutifs de championne du monde juniors en 2018 et 2019. Le prochain pas en avant dans sa carrière, celui du World Tour, ce n’est pas pour tout de suite. Car les étapes à franchir sont nombreuses et surtout, la principale intéressée veut se laisser du temps pour progresser. « Je suis encore très jeune. Même si je veux monter sur le World Tour maintenant et même si j’en ai peut-être les capacités, il me reste beaucoup de choses à apprendre. Il y a aussi une très forte concurrence et pour arriver sur le World Tour il faut déjà se montrer très régulier dans le classement. C’est très compliqué.
Le freeride dans le sang
Après un parcours un peu plus classique dans le ski alpin, Marie Bovard s’est tournée vers le freeride. Elle y trouve un espace de liberté et surtout une possibilité infinie de création. « Quand on descend, on se retrouve seul face à la pente », relate la Morginoise. Elle décrit son sport comme un art. « Dans ces moments, je me sens libre. Chaque descente est différente, les sensations et les conditions sont toujours différente. Ce sont des nouvelles sensations. »
« Quand on descend, on se retrouve seul face à la pente. Dans ces moments, je me sens libre. » Marie Bovard
En recherche constante d’adrénaline, la Valaisanne attache une importante particulière à sa préparation. Elle se dit aussi très consciente des dangers qui entourent cette pratique. « Déjà petite, je faisais un peu de hors-piste avec mon papa à côtés des entraînements de ski alpin. C’était donc assez naturel. Il m’a fait prendre conscience des dangers et m’a expliqué quels étaient les risques. Après, c’est certain que l’apprentissage est constant. On n’en apprend jamais assez je dirais. »
La compétition : une carte de visite
En attendant un possible grand saut dans le principal circuit mondial, la Morginoise veut faire ses armes sur les autres épreuves un peu moins cotées. Car la compétition reste au centre de la progression d’un athlète.
« La compétition, la possibilité de se mesurer aux autres, c’est aussi ce qui pousse les gens à en faire. » Marie Bovard
Marie Bovard concède toutefois que les termes compétition et freeride ne vont pas toujours de pair. « C’est vrai que dans freeride, il y a free qui veut dire libre. On peut donc se demander pourquoi on met des notes sur la technique, la vitesse ou le résultat de ce que l’on crée. Mais la compétition, la possibilité de se mesurer aux autres, c’est aussi ce qui pousse les gens à en faire. Contrairement au ski alpin, le freeride conserve une forme de liberté. »
Entre hobby et futur métier
Relativement épargnée par les blessures, Marie Bovard a dû revoir ses plans en 2020 comme tous les autres sportifs. La crise sanitaire a en effet causé pas mal d’annulations. Mais l’année écoulée a aussi permis à la Chablaisienne de poursuivre ses études universitaires et de continuer à skier pour le plaisir. « En Suisse on a beaucoup de chance, car les stations restent ouvertes et on peut en profiter », reprend-elle.
« Le fait de pouvoir m’échapper en skiant cela m’aide à garder ma motivation pour tout ce que je fais, y compris pour mes études. » Marie Bovard
L’athlète nous confie aussi que chaque sortie est vécue comme une bouffée d’oxygène. « Comme tout le monde, j’ai des haut des bas. C’est surtout compliqué socialement. C’est déprimant pour beaucoup de gens. Du coup, de pouvoir m’échapper en skiant cela m’aide à garder ma motivation pour tout ce que je fais, y compris pour mes études. »
Pour son futur, toutes les options sont ouvertes. L’étudiante universitaire s’apprête à changer de cursus pour se diriger vers la médecine dentaire. Et en ce qui concerne le ski, elle se voit poursuivre en compétition encore un moment, avant d’éventuellement se consacrer à la vidéo. « Le stress et l’adrénaline des compétitions sont essentiels pour continuer de progresser, mais c’est vrai que plus tard j’aimerais bien au bout d’un moment faire seulement des films, des images de freeride. J’aimerais aussi que ces vidéos soient accessibles pour le grand public et pas uniquement destinées aux skieurs. »
Marie Bovard espère lancer son hiver en compétition lors des prochaines semaines. Et si d’aventure il n’y a pas d’épreuves au calendrier, elle aimerait simplement se perfectionner en freeride, freestyle ou encore dans les techniques de haute montagne pour plus tard atteindre ses objectifs.