En Suisse, "on a peut-être atteint le niveau le plus élevé et on voit une tendance au recul; c'est donc possible qu'on soit en train d'amorcer la diminution", a déclaré la responsable de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), lors de la traditionnelle conférence de presse des experts. "Nous nous réjouissons de la perspective de pouvoir lever des mesures", a-t-elle ajouté.
Le virus omicron circule surtout chez les jeunes et dans la population active. Mais l'important est que les admissions en hôpital n'augmentent pas. Aux soins intensifs, le taux d'occupation par des patients Covid est stable autour de 200, soit 24% des places disponibles.
Mardi, les experts ont surtout évoqué le Covid long. Sur 100 malades, 25 ne sont toujours pas considérés comme guéris six mois après et trois souffrent encore de symptômes persistants graves, a détaillé Milo Puhan, directeur de l'Institut d'épidémiologie, de biostatistique et de prévention de l'Université de Zurich.
Au bout d'un an, 9 sur 25 guérissent, 16 pas ou seulement partiellement. Ces résultats sont basés sur une étude menée auprès de 1500 patients dans le canton de Zurich.
On parle de Covid long lorsque des symptômes persistent à partir de trois mois après l'infection pendant au minimum deux mois, selon une définition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils peuvent être constants ou disparaître et réapparaître.
Les principaux sont la fatigue, une charge psychique, l'essoufflement, la perte de goût et d'odorat, des problèmes de concentration et de mémoire ainsi que des douleurs thoraciques ou autres, notamment.
"Une large échelle de personnes gardent des symptômes persistants six mois à deux ans après la maladie", a ajouté Mayssam Nehme, cheffe de clinique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). La vaccination tend à les réduire chez un tiers des malades.
En effet, une vaccination post-infection réduit les symptômes ou les élimine chez 36% des malades, selon une étude menée aux HUG sur 1600 personnes. Ils restent stables dans 29% des cas et s'aggravent chez 3%. L'effet positif est accentué avec deux doses de vaccin.
De manière générale, le Covid long constitue une lourde charge de santé publique, ont relevé les deux experts. Ils constatent un important besoin d'information et de thérapies dans la population. C'est dans cette optique que les HUG ont mis en place leur plateforme interactive Rafael sur le Covid long.
La Confédération, en collaboration avec la Fédération des médecins suisses (FMH), va aussi mettre en place une plateforme pour contribuer à unifier les diagnostics et les traitements, a relevé Linda Nartey, directrice de l'unité Prévention et services de santé de l'OFSP.
Deux groupes de travail planchent actuellement sur cette pathologie. Ils regroupent des experts de la réhabilitation, des représentants des institutions de soins, des organisations de patients, la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS), la FMH, les représentants des assurances et des chercheurs.
Ces groupes de travail se pencheront notamment sur la question d'un registre national pour le Covid long, réclamé avec insistance par les organisations de patients.
Il s'agira notamment d'examiner les différentes méthodes pour recueillir les informations. Une décision devrait être prise dans les prochaines semaines ou mois. Jusqu'ici, l'idée d'un registre national dans ce domaine était rejetée par le Conseil fédéral.
En 2021, quelque 1700 annonces pour Covid long ont déjà été adressées à l'assurance invalidité (AI). Cela représente 2 à 3% des annonces totales. Les chiffres sont cependant restés stables ces derniers mois, selon Corinne Zbären, directrice adjointe du domaine de l’AI auprès de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), qui ne se risque pas à une prévision sur l'évolution future.