L'adjoint au chef de l'état-major russe, Sergueï Roudskoï, a annoncé que "les principaux objectifs de la première phase de l'opération ont été remplis. Les capacités de combat des forces ukrainiennes ont été réduites de manière importante".
L'armée russe va donc pouvoir, selon lui, "concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal: la libération du Donbass". Des séparatistes prorusses ont créé deux "républiques" reconnues par Moscou dans cette région industrielle de l'est ukrainien.
A Washington, un haut responsable du Pentagone a indiqué que les forces ukrainiennes avaient lancé une contre-offensive sur Kherson (sud), seul centre urbain majeur conquis entièrement par les forces de Moscou, qui est désormais "contestée". "Nous ne pouvons dire exactement qui contrôle Kherson, mais le fait est qu'elle n'est plus aussi solidement sous contrôle russe qu'auparavant".
Parallèlement, les négociations russo-ukrainiennes semblaient patiner. "Les positions convergent sur les points secondaires. Mais sur les principales (questions) politiques, nous faisons du surplace", a ainsi lâché le négociateur en chef russe, Vladimir Medinski.
Les discussions sont "très difficiles", a renchéri le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, niant tout "consensus" pour le moment avec Moscou.
Dans le même temps, le président américain Joe Biden a rendu visite à des militaires américains basés en Pologne, la deuxième étape après Bruxelles d'un voyage en Europe destiné à cimenter l'union des Occidentaux face à la Russie.
"Vous êtes au centre d'une bataille entre les démocraties et les autocrates", a dit Joe Biden lors d'un court discours aux militaires en poste dans la région de Rzeszow, à 80 km de la frontière ukrainienne. "Ce que vous faites est important, vraiment important", a-t-il ajouté.
Samedi, le président américain doit s'entretenir à Varsovie avec les dirigeants polonais et ira dans un centre d'accueil de réfugiés ukrainiens. Il doit également prononcer un discours que la Maison Blanche promet "majeur" et "significatif".
Dans la matinée, M. Biden avait annoncé dans un communiqué commun avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen la création d'un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l'Europe envers les énergies fossiles russes et le projet de Washington de fournir à l'Europe 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) cette année.
Au même moment, l'Allemagne, qui importait avant l'offensive russe un tiers de son pétrole et quelque 45% de son charbon de Russie, a assuré qu'elle se passerait du charbon russe d'ici à l'automne et réduirait très fortement sa dépendance au pétrole russe d'ici à la fin de l'année. Elle table par ailleurs sur mi-2024 pour être "largement indépendante" du gaz russe.
Kiev a pour sa part demandé à l'UE de "complètement bloquer les liaisons terrestres et maritimes avec la Russie et le Bélarus" pour empêcher la fourniture de biens pouvant servir à des fins militaires.
Sur le terrain des combats, Marioupol, un port ukrainien stratégique situé sur la mer d'Azov, redoutait qu'environ 300 personnes ne soient mortes dans le théâtre bombardé le 16 mars. Des centaines de personnes, "principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées", s'étaient réfugiées dans ce bâtiment, a rappelé la mairie.
Plus de 2000 civils ont été tués dans cette ville assiégée, selon la municipalité, et 100'000 de ses habitants y sont toujours bloqués et manquent de tout, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Vendredi soir, le président français Emmanuel Macron a annoncé que Paris, Ankara et Athènes allaient mener "une opération humanitaire" d'évacuation "dans les tout prochains jours" de civils de Marioupol. "J'aurai d'ici 48 à 72 heures une nouvelle discussion avec le président (russe Vladimir) Poutine pour bien en arrêter les détails et sécuriser les modalités", a-t-il dit à l'issue du sommet européen.
Sur ce front comme sur les autres, l'invasion russe, qui entre dans son deuxième mois, se mue de plus en plus en une guerre d'usure. La Russie a reconnu que 1351 de ses soldats avaient péri en Ukraine et que 3825 avaient été blessés.
Vendredi, les militaires russes ont affirmé avoir détruit avec des missiles de croisière la plus grande réserve plus grande réserve de carburant de l'armée ukrainienne, située près de Kiev, qui servait selon eux à "approvisionner les unités dans la partie centrale du pays". Une attaque confirmée par Kiev.
Dans la soirée, l'armée ukrainienne a annoncé que le centre de commandement des forces aériennes ukrainiennes, à Vinnytsia (centre), a été frappé par une salve de missiles de croisière russes. Ces tirs ont provoqué des "dommages significatifs", selon elle.
Dans l'est, quatre civils ont été tués et trois autres blessés dans des tirs de lance-roquettes sur un centre médical à Kharkiv, a annoncé la police régionale. Le maire de la deuxième ville du pays, Ihor Terekhov, a dénoncé des bombardements russes "aveugles" et incessants sur Kharkiv.
A Genève, l'ONU a dénoncé des actes équivalant à des crimes de guerre en Ukraine, notamment certains bombardements russes indiscriminés contre les civils.