Médecin cantonal: «Face à la pénurie de soignants, nous ne pouvons plus agir comme il y a 30 ans.»
Le nouveau médecin cantonal est entré en fonction le 1er novembre dernier. Après une carrière sur le canton de Vaud, Eric Masserey revient dans sa région natale. Il le dit : l’enjeu majeur pour le Valais – encore davantage qu’ailleurs – c’est la pénurie de personnel soignant.
Il est le nouveau visage de la médecine valaisanne. Eric Masserey a pris la fonction de médecin cantonal il y a une semaine. Cet originaire de Venthône a fait toute sa carrière sur le canton de Vaud: d’abord au CHUV, entre autres en tant que chef de clinique adjoint, et ensuite 17 ans à l'État en tant que médecin cantonal adjoint.
À 61 ans, il revient en Valais pour succéder à Christian Ambord qui quittera officiellement ses fonctions à la fin de l’année. «C'était assez naturel pour moi, explique-t-il. Pendant longtemps, en tant qu'adjoint, j'aimais être au coeur de la pratique, de la clinique et des populations. Dorénavant, ce poste plus proche de la décision et de la responsabilité m'attire davantage. Et comme je suis Valaisan par mes origines, mes intérêts et mes liens, tout cela a rendu possible cette remontée du Rhône.»
Des nouveaux besoins pour les soignants
Alors que depuis deux ans, le rôle de médecin cantonal nous fait penser au Covid, le travail est en réalité bien plus divers. Eric Masserey identifie d'ailleurs une priorité pour le canton: trouver des solutions face à la pénurie de personnel soignant. «Nous devons travailler sur un mode de fonctionnement différent pour les cabinets médicaux, par exemple. Nous ne pouvons plus agir comme il y a trente ans. Les jeunes médecins veulent vivre une vie plus harmonieuse, travailler en groupe et de manière interprofessionnelle.»
«Nous devons créer de la fluidité entre les systèmes de soin.»
Eric Masserey, nouveau médecin cantonal VS
Il ajoute qu'il faudrait améliorer l'accès aux soins, en réorganisant les relations entre les divers professionnels de la santé. «Nous devons créer de la fluidité alors qu'aujourd'hui les systèmes travaillent de manière un peu isolée. Imaginez, vous êtes quelqu'un qui a besoin de son médecin de famille, mais aussi d'un spécialiste et de soins à domicile. En plus de cela, vous avez une maladie chronique: vous allez forcément avoir besoin de vous déplacer souplement dans le système médical. Si à chaque fois, vous devez tout recommencer, ça va être pénible pour vous et ça va vous coûter cher.»
Bientôt une infirmière cantonale?
Dans cette idée de meilleure collaboration entre les différents domaines de la santé, Eric Masserey est par ailleurs favorable à l’ouverture d’un poste d’infirmière cantonale. «C'est une fonction intéressante. Si on souhaite que le champ de responsabilités du personnel infirmier se développe, c'est bénéfique d'avoir une personne porteuse de cette évolution, affirme-t-il. Sur le terrain, les médecins, les infirmiers et les pharmaciens travaillent ensemble. Cela peut donc être intéressant d'avoir un ou une infirmière cantonale en plus d'un médecin cantonal et en l'occurrence une pharmacienne cantonale.»
Christian Ambord, le médecin cantonal en poste jusqu’alors, reste jusqu’à la fin de l’année pour assurer la transition. Tandis qu'Eric Masserey reste adjoint au médecin cantonal vaudois à 20 % encore quelques mois.