L'un des plus grands trafics de drogue de l'histoire valaisanne en procès au Tribunal cantonal
Le Tribunal cantonal jugeait ce mercredi deux individus accusés d’être à la tête de l’un des plus grands trafics de drogue jamais organisés en Valais. Le Ministère public a requis de la prison ferme.
Le Tribunal cantonal jugeait, en seconde instance, deux individus – un Valaisan et un Vaudois – accusés d’être à la tête d’un trafic de drogue de grande ampleur. Ce mercredi, le Ministère public (MP) a rappelé à maintes reprises l’importance du trafic de drogue perpétré par le principal accusé, un Vaudois de 46 ans. A la tête d’un magasin de CBD à Saint-Maurice, ce commerçant importait depuis la France voisine des stupéfiants, destinés à être revendus sous la couverture de son coffee shop agaunois. Avec son complice – un Valaisan de 28 ans – il a importé à de nombreuses reprises des substances illicites jusqu’à son arrestation en novembre 2019 à la douane de Perly, à la frontière franco-genevoise. Le principal accusé transportait alors 1,5 kilos de cocaïne et 40 kilos de haschich. Après plusieurs perquisitions au domicile du principal prévenu et à son magasin de Saint-Maurice, les forces de l’ordre ont saisi en tout 16,5 kilos de marijuana, 13,6 kilos de haschich, 404 comprimés d’ecstasy et 397 grammes de cocaïne.
Des faits partiellement reconnus
Le principal accusé a reconnu avoir transporté la marchandise illicite et l’avoir stockée. Mais il réfute la vente de drogue. De son côté, le Ministère public en est certain : ce commerçant agaunois en a vendu dans son magasin, censé ne proposer que du CBD. La procureure a rappelé ce mercredi dans son réquisitoire les nombreux témoignages recueillis auprès des acheteurs. Elle a également mis en exergue les incohérences retrouvées dans la comptabilité du magasin de CBD, qui a réalisé un chiffre d’affaires légal de 147'920 francs entre novembre 2017 et novembre 2019. Or sur la même période, plus d’un million 400 mille francs ont été versés sur le compte courant du commerce. L’avocate de la défense a indiqué lors des débats que cette différence d’argent ne venait pas forcément prouver le trafic de drogue. «On se croirait dans un film avec le réquisitoire du Ministère public», a plaidé l’avocate du principal accusé, Ludivine Détienne, qui a dénoncé des raccourcis pris par le MP.
Quant au complice, domicilié pendant des années à Aix-les-Bains, en France, il a reconnu avoir ouvert la route lors du passage de la drogue entre la France et la Suisse. En quelque sorte, il passait en voiture quelques minutes avant le véhicule rempli de drogue pour s’assurer que les douaniers ne s’y trouvaient pas. Pour ce service, il aurait reçu une montre Rolex de 7'700 francs et des stupéfiants pour son usage personnel. En revanche, le complice nie avoir joué les intermédiaires entre le commerçant de Saint-Maurice et les fournisseurs français. Pour sa défense, le complice a même fait appel à un bureau d’avocat français, spécialisé dans les affaires de drogue.
Même peine requise
Le Ministère public a requis la même sanction qu’en première instance, à savoir huit ans de prison pour le principal accusé et six ans pour son complice. Outre l’importante quantité de drogue importée et vendue, le Ministère public a mis en lumière la connivence qui existait entre les deux accusés. Selon la procureure, les deux prévenus ont agi en bande. Ils n’ont aucune circonstance atténuante. De leur côté, les avocats des deux accusés ont dénoncé des peines excessives et disproportionnées. Dans leur dernière prise de parole, les deux prévenus ont demandé aux juges des sanctions clémentes. Le complice, ce Valaisan de 28 ans, a même glissé un «je regrette».
Le verdict du Tribunal cantonal sera rendu ultérieurement.