Ce matin, c'est Anaïs qui s'est tapé l'incruste dans Good Morning Valais... Elevage de gallinacés et fou-rire en perspective!
Très vite Anaïs nous plonge dans le décor: "Bienvenue à la frontière franco-suisse, à Bourg-en Bresse, pour découvrir un élevage. Celui de Bertrand Pépinier, un éleveur de poulet depuis deux générations..." Sa façon de lire fait tilt immédiatement. On se croirait dans un reportage d'une grande chaîne TV française. Et là les garçons se mettent à rire! "Jean-Pierre, sors de ce corps!!!"
Oui, parce que c'est une histoire de ton. Anaïs a reproduit avec talent cette façon particulière qu'ont les journalistes français de parler de façon neutre, sans marquer les points dans leurs phrases. Au contraire, à chaque point, ils élèvent leur voix, comme s'il y a avait trois point de suspension, ce qui donne au texte une musicalité et une dramaturgie qu'on reconnaît immédiatement.
Pourquoi les voix off française adoptent-elles toutes ce ton neutre? C'est une question de glottophobie, un terme qui désigne les discriminations à prétexte linguistique et qui inclut le processus de stigmatisation qui conduit à ces discriminations.
Dans le cadre des médias, cela s'affiche par cette tendance à gommer son accent d'origine. Une discrimination à l'embauche: "Soit tu perds ton accent, soit tu ne pourras pas exercer ton métier sur des chaînes autres que régionales." Jean-Pierre Foucault en est un bon exemple, lui qui est originaire de Marseille.
Cette intonation neutre, voulant faire disparaître le journaliste au profit de l'image, s'est déformée au fil du temps. Ses traits se sont renforcés au point de faire un gros pied de nez aux accents toniques logiques de la langue française. Résultat: une voix de plus en plus artificielle, universelle et évidemment dramatique. Même pour parler d'un joyeux élevage de poulets.
Alexis et Fabrice vont s'y coller et tenter de relever le défi de la voix off. Que pensez-vous de leur prestation?