Les Valaisannes auront-elles la possibilité de se baigner seins nus cet été ?
Avec l’ouverture des piscines ce week-end, le débat du « topless » est relancé. Faut-il couvrir la poitrine des femmes ? Ou assiste-t-on à un changement de mœurs ? Tour d’horizon des bassins valaisans.
Les femmes pourront-elles bientôt faire tomber le haut de leur bikini ? A Göttingen, comme à Grenoble, la question a été tranchée : à titre d’essai dans la ville allemande et de manière permanente dans la cité française, les femmes pourront se baigner sans haut de maillot. En Suisse, le président de l’association romande des piscines se dit ouvert à la question.
En Valais, en revanche, le discours est plus ou moins le même partout : aucun changement n’est prévu pour l’instant. Le règlement tolère le topless pendant la bronzette, pas question, en tant que femme par contre, d'aller acheter une glace ou de se baigner la poitrine libre.
S'adapter à la clientèle
Pour le chef du service des sports à la ville de Sion, responsable de la piscine de la Blancherie, Blaise Crittin, il s’agit de s’aligner sur les sensibilités de la majorité. «Nous ne sommes pas là pour porter des jugements de valeur. Nous cherchons simplement à nous adapter à notre clientèle. Nous accueillons à la fois des écoles, des athlètes ou des familles.» Sans demande de la part des clientes, il ne voit actuellement pas la nécessité d'un changement.
La même politique est appliquée à Martigny. « Si une personne contrevient à ce règlement, les garde-bains cherchent simplement le dialogue, explique Karin Hauser, cheffe du service des sports au coude du Rhône. Mais nous n'avons jamais eu de problème.» La question d'une modification du règlement n'entre pas vraiment en jeu là non plus, puisque, comme à Sion, aucune demande formelle n’a été faite auprès de la piscine.
Seins versus torse: une différence de connotation
De son côté, Thierry Piasenta, co-propriétaire de la piscine des Marécottes, veut bien admettre qu’il y a une forme de discrimination liée au genre. «Oui, on peut le dire, c'est deux poids deux mesures. Mais dans notre société, la connotation liée aux seins nus est tout de même un peu différente de celle du torse d'un homme. Je crains autant les réactions de personnes qui pourraient être choquées, que l'exhibitionnisme ou le voyeurisme.» Pour lui, la pratique des seins nus devrait être réservée à certains lieux "plus qualitatifs" tels que des plages, des plans d'eau ou des lieux naturistes.
Au-delà des piscines, justement, le domaine des îles à Sion applique le même règlement qu'ailleurs. Là aussi, les mêmes arguments: «un lieu intergénérationnel et interculturel où le maître mot reste le respect,» selon Grégoire Iten responsable à la Bourgesoisie pour le plan d'eau. Il nuance néanmoins: si la pratique du topless est faite de manière discrète, cela ne pose aucun problème. Aucune plainte – ni dans un sens ni dans l'autre d'ailleurs – n'a été formulée.
«Il y a la théorie et la pratique»
Tous les différents responsables estiment par ailleurs que leur rôle n'est pas de pousser à un changement des pratiques. «Ce n'est pas à la piscine de Martigny de créer le débat, estime Karin Hauser. C'est à la société de faire le chemin. Nous n'allons pas nous positionner comme précurseur à ce niveau-là.» De son côté,Thierry Piasenta différencie la théorie et la pratique. «Je ne vois pas de points négatifs à faire évoluer le règlement. Mais en réalité, nous ne sommes pas en train de parler de loi, mais plutôt de mœurs. Ce n'est pas parce que quelque chose est inscrit sur un papier que tout le monde l'applique ou l'accepte. Cela prend du temps et on ne doit laisser personne derrière.»
«Ce n'est pas à la piscine de Martigny de créer le débat. C'est à la société de faire le chemin.»
Karin Hauser, cheffe du service des sports à Martigny
En matière de masse de tissu, notons que le Burkini – du mot « burqa » et « bikini » – est bien plus accepté. Au même titre que d'autres tenues longues, ce genre de maillots sont autorisés, en tous cas, à la piscine des Marécottes, à Sion et à Martigny, pour autant qu’il soit confectionné en textile de bains permettant de garantir l’hygiène et la qualité de l’eau. Cacher le corps féminin c'est donc permis... mais le montrer reste proscrit? «Encore une fois, il faut choisir en fonction d'une certaine adhésion sociétale, sourit Thierry Piasenta. Et il faut le faire dans l'acceptation de chacun.»