Les frères Revaz s'affrontent dans la course au Grand Conseil
Ils sont frères et candidats au Grand Conseil. L’un est Vert, l’autre PLR. Réunion de famille sur listes interposées entre Emmanuel et Damien Revaz.
La campagne pour les élections au Grand Conseil prévue le 7 mars prochain est lancée. Dans le district de Saint-Maurice, une opposition attire la curiosité. Celle des frères Revaz. L’un, Emmanuel, est Vert et siège depuis quatre ans au Grand Conseil. L’autre, Damien, est PLR et ancien président de Saint-Maurice. Emmanuel Revaz souhaite conserver son siège au législatif cantonal. Damien Revaz tente d’y faire son entrée.
Devant le sacro-saint Téléjournal
Une situation qui les deux frères évoquent avec amusement et qui ne doit rien au hasard. Car chez les Revaz, la politique est une affaire de famille. «On avait l’habitude dès notre plus jeune âge de regarder le Téléjournal en famille. Pour mon père, c’était une chose sacrée tous les soirs à 19h30», se rappelle Damien Revaz. «Et puis nous avons un grand-père paternel qui a été député PLR, un grand-père maternel qui a été président de commune PDC. Donc on est aussi habitués à avoir de la diversité dans la famille.»
«Avec un grand-père paternel ex-député PLR et un autre ancien président de commune PDC, nous avons baigné dans la diversité politique.» Damien Revaz
En rejoignant le parti écologiste, Emmanuel Revaz est venu élargir encore un peu plus le champ de cette diversité. «J’ai encore ajouté une couche avec mon épouse qui a été conseillère communale PDC à Salvan et dont le papa a été député PDC. Donc je baigne dans la diversité politique depuis très longtemps», explique-t-il. Avant de détailler le déroulement des repas de famille. «Parfois, le ton monte un petit peu. Mais ça ne parle pas forcément que de politique, même si cette actualité spécifique occupe passablement nos discussions. On évoque également d’autres sujets.»
Un coup de fil avant d’officialiser la candidature
Emmanuel Revaz, élu sortant au Grand Conseil, ne craint pas que la candidature de son frère lui fasse de l’ombre. Le Vert estime que la concurrence, dans une élection au système proportionnelle, se situe davantage entre les partis qu’entre les candidats. D’ailleurs, Damien Revaz l’a appelé avant d’officialiser sa candidature. «Je lui ai bien sûr demandé si cela le gênait», précise l’ancien président de Saint-Maurice. «Ça a évidemment été un élément de ma réflexion, un aspect à mettre dans la balance. Ça a freiné un peu ma décision.»
Si les deux frères atteignent leur objectif, ils feront partie des cinq élus du district de Saint-Maurice au Grand Conseil. Est-ce que ça ne fait pas trop, deux membres de la même famille dans une si petite délégation ? «C’est une question à laquelle doivent répondre les électeurs», botte en touche Damien Revaz. «Nous sommes dans une situation où deux personnes ont envie de s’engager. Je pense qu’on peut chacun amener un plus pour le district.»
«Nous ne sommes pas au Grand Conseil pour défendre des intérêts de famille ou particuliers, mais on défend des idées et des visions.» Emmanuel Revaz
Même son de cloche du côté d’Emmanuel Revaz: «Je suis sûr qu’on va trouver, au sein du Grand Conseil, d’autres représentants de la même famille. Certes, peut-être pas des frères et sœurs. Mais de toute façon, nous ne sommes pas au Grand Conseil pour défendre des intérêts de famille ou particuliers, mais on défend des idées et des visions. Dans ce sens-là, je ne verrai aucun problème que deux frères d’un même district siègent en même temps.»
Si les deux frères s’affrontent dans l’arène politique, cela ne les empêche pas de porter un regard sur la carrière politique de l’autre. Découvrez ci-dessous leur interview croisée.
Interview croisée – Emmanuel Revaz: «Ça a vraiment été une immense fierté d’avoir un frère élu président de commune.»
Pourquoi Damien a-t-il choisi le PLR?
Ce n’est pas uniquement pour des raisons familiales. Je crois que c’est le parti qui correspond le plus à sa personnalité et sa sensibilité. Je suis aussi sûr qu’il n’est pas toujours en phase avec les positions défendues par son parti.
Quelle est sa réalisation politique dont vous êtes particulièrement fier ?
C’est son parcours. Je me souviens du jour de son élection à la présidence. On était dans le même bistrot à Saint-Maurice. Ça a vraiment été une immense fierté d’avoir un frère élu président de commune.
En quoi votre frère pourrait être un bon représentant du district de Saint-Maurice au Grand Conseil ?
Par sa très riche expérience politique. Il a été président de commune. Il y en a au Grand Conseil et ce sont des gens qui, par la force des choses, ont un bagage intéressant quand il s’agit de débattre de certains thèmes.
Si vous aviez été à la place de votre frère, à la présidence de Saint-Maurice, vous l’auriez réussie, cette fusion avec Collonges ?
Je n’ai absolument pas cette prétention. J’ai été surpris par le vote des habitant.e.s de Collonges.
Votre frère sera-t-il élu au Grand Conseil ?
Oui.
Fera-t-il plus de voix que vous ?
Oui.
Pourquoi Emmanuel a-t-il choisi le parti des Verts ?
Parce que ça correspond à ses convictions profondes et que son amour pour la nature et les oiseaux datent de sa plus tendre enfance.
Quelle est sa réalisation politique dont vous êtes particulièrement fier ?
Je pense que d’avoir fait élire un Vert dans le district de Saint-Maurice, qui est un petit district où ce n’est pas évident pour un parti minoritaire d’obtenir un siège, est un très gros succès.
En quoi votre frère est un bon représentant du district de Saint-Maurice au Grand Conseil ?
C’est quelqu’un qui s’engage avec sérieux et passion, donc je sais qu’il défend les choses importantes pour le district. Il est aussi attentif aux enjeux de sa commune de Salvan, qu’’il s’agisse des aspects touristiques ou le parc naturel régional.
Votre frère, durant sa première législature au Grand Conseil, a fait, selon le site de l’état du Valais, 39 postulats, interpellations ou questions. Parmi ceux-ci : une question sur l’orchestre de Saint-Maurice, un postulat sur la Gare de St-Maurice, une interpellation sur la rénovation du collège de Saint-Maurice. Est-ce qu’on peut dire que sur ces quatre dernières années, il en a fait au moins autant que vous pour Saint-Maurice ?
Oui ! Je crois que les députés du district – tous partis confondus – ont fait un travail important pour la commune. Il y a évidemment ce que réalisent les autorités communales, mais c’est également précieux d’avoir des soutiens à l’échelle cantonale, notamment au Grand Conseil.
Votre frère sera-t-il réélu au Grand Conseil ?
Oui.
Fera-t-il plus de voix que vous ?
Non.