"Le projet de moulin de Riddes est à la croisée des chemins"

Luca Poli
Journaliste stagiaire

L'association pain de seigle valaisan a tiré le bilan de l'année 2022 lors de son assemblée générale annuelle. Une année difficile pour sa production de seigle et pour le projet de moulin prévu pour Riddes.

Des "conditions climatiques difficiles" pour le seigle en 2022. Ce sont les mots prononcés par Jacques-Roland Coudray, président de l'association pain de seigle valaisan, au début de l'assemblée générale de la faîtière qui s'est déroulée ce vendredi à Sion. Les rendements de la production ont d'ailleurs été encore pire qu'une année auparavant. 204 tonnes de seigles ont été produites l'année passée contre 310 en 2021, notamment en raison de la sécheresse.

Deux c'est assez, trois c'est trop

Dans son communiqué de presse, l'association annonce même un exercice en baisse de près de 5% par rapport à la période du Covid. 3'597 quintaux de farine ont été utilisés par la filière ce qui équivaut à la confection de 503'580 kilos de pains de seigle. 38 boulangeries ont fabriqué du pain de seigle valaisan AOP l’an dernier, soit quatre de mois que l’année précédente.

Le président de l'association rassure. Si deux années d'affilée ont été mauvaises pour cette céréale en Valais, il n'est pas dit que ça soit à nouveau le cas en 2023. "D'après les retours des paysans-producteurs, tout a l'air de bien se passer, en tout cas dans les champs de seigle". Il reste d'ailleurs optimiste quant aux récoltes espérées cette année : 500 à 600 tonnes de seigle. "La nature fera le reste des choses, mais si on lit sur plusieurs années, il y a peut-être deux mauvaises années et finalement une année exceptionnelle. C'est ce que j'espère pour 2023", ajoute-t-il.

Un projet qui patine

Autre élément abordé lors de l'assemblée générale, celui du projet de construction d'un nouveau moulin à Riddes. Cette meunerie devait commencer à servir dès 2024 mais son ouverture officielle n'est pas encore connue, a indiqué le Groupe Minoteries SA (GMSA) qui pilote le tout, par le biais d'une lettre adressée aux membres de l'association. La raison : un manque de partenaires pour financer la construction du moulin. Un projet qui s'élève à un peu plus de 7 millions de francs. Sur cette somme, entre 2 et 2,5 millions devraient être financés par des partenaires de la faîtière.

Nous sommes à la croisée des chemins. Il faut à tout prix trouver une solution de financement commune"Jacques-Roland Coudray, Président de l'Association pain de seigle valaisan

L'Etat du Valais l'annonce. Il n'est pas prévu d'y participer car le GMSA est une entreprise cotée en bourse. Même si des discussions sont en cours. L'argent doit donc obligatoirement venir d'ailleurs. "Nous sommes à la croisée des chemins", s'exclame Jacques-Roland Coudray. "Il faut à tout prix trouver une solution de financement commune".

Car l'enjeu est majeur. Après les fermetures des meuneries de Sion en 2015 et de Naters prévue à la fin de l'année, le Valais n'aura bientôt plus aucun moulin. L'installation de Riddes est donc essentielle à la survie du pain de seigle AOP, informe encore le président de l'association. "Mais je peux vous promettre que je ne quitterai pas le bateau l'année prochaine, sans que l'avenir de l'AOP soit assuré", ajoute ce dernier.

Un financement qui questionne

Du côté des boulangers, les questions fusent. "N'y a-t-il pas moyen d'imaginer de redimensionner la taille du moulin, de revoir son prix?", lance un membre de la boulangerie Salamin, dans le Val d'Anniviers. "Et qu'en est-il du moulin de Visp? Est-ce qu'il peut servir?", s'exclame pour sa part Werner Moreillon, de la boulangerie homonyme.

"La balle est dans notre camp"Jacques-Roland Coudray, Président de l'Association pain de seigle valaisan

Il semble d'ailleurs que la question du reste du financement soit dans tous les esprits. Le président de Pain de seigle Valaisan reste d'ailleurs persuadé qu'en temps voulu, les bonnes solutions seront trouvées. "La balle est dans le camp du maitre d'ouvrage. Mais aussi dans notre camp, c’est-à-dire celui de l'association et de l'Etat du Valais".

Le moulin de Riddes doit d'ailleurs permettre de rendre le pain de seigle AOP plus attractif. "On aurait la possibilité de donner de la valeur ajoutée à notre produit grâce à ce nouveau moulin qui serait aussi un peu la nouvelle maison du pain de seigle", confirme Jacques-Roland Coudray.

Une note presque parfaite

L'assemblée générale s'est terminée sur une note plus festive. La meilleure boulangerie de l'année 2022 pour son pain de seigle a été désignée. Il s'agit de la Bäckerei Fuchs à Zermatt qui a obtenu une note de 99 sur 100.

LP
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