De la fausse monnaie à Saillon. L'histoire semble se répéter un siècle et demi après la mort du faux-monnayeur Joseph-Samuel Farinet. Le Valdotain – qui tentait d'échapper à la Police cantonale – est décédé sur les hauts de la commune en 1880. Et ce sont justement les forces de l'ordre valaisannes qui ont ce jeudi soir remis la lumière sur le trafic de fausse monnaie en Valais. La Police cantonale a décidé de remettre différents lots de contrefaçons, de lingots d'or et de planches à billets à la Fondation du musée de la fausse monnaie de Saillon.
"Les faussaires ont plus intérêt à l'heure actuelle d'imiter l'Euro qu'une coupure suisse."
Julien Reynard, chef de la section financière à la Police cantonale
Saisies lors d'opérations judiciaires, ces contrefaçons – aujourd'hui dédouanées sur la plan pénal – ont servi durant des années à des fins didactiques. " La fausse monnaie a été conservée par la section financière parce qu'elle avait la charge de former les aspirants de l'école de police", explique Julien Reynard, chef de la section financière à la Police cantonale. "A l'école d'aspirants actuelle, sont présentés aujourd'hui les billets de 1985 à ce jour, ce qui fait que la section financière n'a plus la nécessité de conserver la collection qu'elle avait depuis 1973."
Les célèbres histoires des faux-monnayeurs et leur mythe semblent aujourd'hui bien loin. Les temps ont changé. Le trafic de fausse monnaie a presque disparu en Valais. Il représente plus que 2% des activités de la section financière de la Police cantonale. " Nous n'avons pas connaissance de faux-monnayeurs actuellement actifs sur le canton du Valais", rassure Julien Reynard. Deux principales raisons expliquent cela : l'arrivée de l'Euro et la sécurité renforcée sur les nouvelles coupures. " Depuis la création de la zone euro, les monnaies nationales se sont effacées. Les faussaires ont plus intérêt à l'heure actuelle d'imiter l'Euro qu'une coupure suisse parce que le bassin de mise en circulation est plus étendu qu'en Suisse", précise le chef de la section financière de la Police cantonale.
Quant à la sureté de la monnaie indigène, elle a été améliorée par la Banque nationale suisse (BNS) lors de l'émission des dernières coupures, selon Julien Reynard.
La Police cantonale valaisanne s'est dotée d'une section financière en 1973. Initialement, elle était composée de deux enquêteurs. Aujourd'hui, 13 collaborateurs font partie de cette cellule, qui investigue lors d'infractions financières complexes. " On a des profils complètement différents. On a des universitaires, des juristes, des économistes et des policiers qui font des formations dédiées à la criminalité économique", détaille Julien Reynard. Depuis sa création, la section financière a été chargée des principaux faits divers qui ont secoué le canton. Parmi eux : les affaires Savro, Dorsaz ou encore l'affaire de la caisse de pension des enseignants.
Plus récemment, la section financière a été chargée des investigations en lien avec les fraudes aux crédits Covid. Une centaine de procédures ont été lancées en Valais pour un préjudice d'environ six millions de francs. Autre phénomène qui prend de l'ampleur et qui occupe la section financière : la cryptomonnaie. Depuis 2019, les dommages en lien avec ces monnaies virtuelles s'élèvent à environ dix millions de francs, selon les chiffres annoncés à la Police valaisanne.