Le sujet de l'entretien n'était ni le féminisme, ni le genre, ni la parité. Nous n'avons même pas abordé le sujet, ou peut-être simplement en marge. L'idée était bien plus de rencontrer Sandra Tiano, découvrir la personne qui se cache sous une fonction - tout comme nous l'avons fait avec les autres cheffes interviewées dans cette série. Alors qui se dissimule derrière cette future patronne du service de la population et des migrations?
Tout d'abord, disons que Sandra Tiano était une petite fille qui aimait grimper aux arbres et n'était pas très disciplinée: «J'étais pourtant très appliquée et c'était important pour moi de ramener toujours de bonnes notes à la maison.» Elle se dit aujourd'hui efficace, l'important, surtout, étant de ne pas perdre de temps si l'on peut faire vite et bien.
«C'était important pour moi de ramener toujours de bonnes notes à la maison.»
Sandra Tiano, future cheffe du service de la population et des migrations.
La Martigneraine a toujours eu la bougeotte. Ses classes, elle les a faites dans les différents collèges du canton, dans le Haut-Valais également, pour apprendre l'allemand. Ce n'est donc pas une surprise lorsqu'elle décide de quitter sa région. Elle effectue des études d'économie à l'Université de Lausanne et de St-Gall. Au bord du lac, elle reste une vingtaine d'années. Là, elle sera tour à tour responsable de projet pour Generali Assurances, responsable marketing pour le Groupe Assura, puis directrice des ventes et du marketing au sein de la Compagnie générale de navigation sur le Léman (CGN).
Et puis arrive le covid. «Après plus de quinze ans passés dans ces différents domaines, j'avais vraiment envie de retrouver du sens à ma fonction.» Pour elle, cela passe par un changement total de domaine. Elle décide d'oeuvrer pour le service public. « Je me suis posée beaucoup de questions sur moi-même durant la pandémie. Et c'est là que je suis tombée sur cette annonce qui correspondait parfaitement à ce que je recherchais.»
Elle postule alors pour la fonction de cheffe adjointe au service de la population et des migrations. Elle raconte que son mari a souri doucement en observant le changement de cap qu'elle s'apprêtait à faire, le poste étant décidément bien différent de ceux qu'elle avait occupés jusqu'à maintenant.
Revenir en Valais, cette fois à cinq - un mari et trois enfants - se révèle alors une grosse expédition. «Je n'avais pas la volonté absolue de retourner en Valais. C'était un "dommage collatéral" si on peut dire... que je ne regrette pas du tout, je précise!» Elle arrive alors en pleine pandémie en fin 2020, tout est fermé, il fait un froid de canard... «Ce n'était pas du tout le Valais que l'on avait quitté il y a vingt ans! Mais désormais on s'y retrouve bien.»
Elle est tout d'abord prise en tant qu'adjointe et lorsque que du mouvement se précise à la direction du service - le chef Jacques de Lavallaz prenant sa retraite en 2022 -, elle se lance pour monter encore d'un échelon.
Quand nous rencontrons Sandra Tiano en cette fin d'année 2021, son bureau n'est guère décoré. Simplement quelques imposantes affiches prônant l'anti-racisme. «Oui, c'est quelque chose qui me touche particulièrement. L'intégration fait également partie du travail ici. C'est aussi pour cela que j'ai postulé dans ce service et pas un autre.»
«Je suis sensible aux thèmes tels que le racisme ou l'homophobie.»
Sandra Tiano, future cheffe du service de la population et des migrations.
Difficile à ce stade de ne pas évoquer son nom de famille et ses consonances italiennes. «Je ne pense pas que ce poste ait un lien avec mes origines, non. C'est vrai, mon père est issu de l'immigration italienne. Mais il est arrivé en Suisse il y a très longtemps. Ma mère est du haut du canton. Je crois que je suis surtout issue de la culture valaisanne.» La future cheffe de service dit ne plus avoir tellement de lien avec ses racines paternelles. «Mais d'une manière générale, oui je suis sensible aux thèmes tels que le racisme, mais également l'homophobie par exemple. »
Sandra Tiano prendra ses fonctions le 1er mars prochain. Elle se veut rassembleuse et bienveillante pour ses équipes afin d’accueillir au mieux les Valaisannes et les Valaisans qui passeront presque forcément par son service, le SPM. «On touche la population à tous les moments importants de la vie. Dès la naissance, par l'établissement d'un certificat de naissance, aux mariages, aux adoptions, aux naturalisations. J'ai un peu envie de dire que personne n'échappe au SPM un jour ou l'autre de son existence.»
En 2022, il y a aura donc 7 cheffes de service... ou plutôt 8
La première à avoir été nommée après ce vide de près de 10 ans laissé béant par Françoise Gianadda (cheffe du Service de la population et des migrations) a été Sophie Huguet (Cheffe du Service juridique de la sécurité et de la justice), entrée en fonction en 2018.
En 2019, c'est au tour de Christine Genolet-Leubin de prendre la direction d'un service (cheffe du Service de l'environnement). Est venue ensuite en 2020 Anne-Catherine Sutermeister (cheffe du Service de la culture).
Au début 2021, Marie-Claude Noth-Ecoeur a pris ses fonctions du côté de la sécurité cantonale (cheffe du Service de la sécurité civile et militaire).
Peu après arrivait Karla Z'Brun (-Dirren) comme cheffe du Service des poursuites et faillites.
Fin 2021, une nouvelle cheffe a été nommée à la formation en la personne de Tanja Fux (cheffe du Service de la formation professionnelle).
Et pour finir, en 2022, une septième prendre le chemin de la direction d'un service: Sandra Tiano deviendra responsable de la population et des migrations.
Dans le même statut que «cheffe de service», notons également celui de secrétaire générale d'un département. A ce titre nommons encore Kathia Mettan qui travaille depuis 2015 au sommet du Département de la mobilité, du territoire et de l'environnement de Franz Ruppen.