A la suite de dysfonctionnements et de conflits de personnes au sein de l'administration communale depuis une année environ, une enquête administrative a été lancée l'été dernier, menée par l'ancien juge cantonal Pierre Muller. Ses conclusions ont été gardées secrètes jusqu'à ce que la section vaudoise du Syndicat des services publics (SSP) en publie des extraits la semaine dernière, accusant au passage l'exécutif de vouloir "étouffer" la crise et dénonçant des "mensonges".
Selon ces extraits, le rapport évoque un comportement du secrétaire municipal "contraire à ses devoirs de fonction". L'enquêteur Pierre Muller y parle notamment de propos "potentiellement blessants, dénigrants ou humiliants". Les autorités auraient dû intervenir, selon lui. Le SSP estime dès lors que la Municipalité s'est rendue "complice d'un système qui brise et isole" les employés.
L'exécutif s'est dit consterné par ces propos et le syndic Daniel Rossellat a tenu à les démentir, déplorant "une lecture partielle et partiale" du rapport de la part du syndicat. Lundi soir, c'était donc l'heure de toutes les questions possibles de la part des élus et l'occasion pour la Municipalité de s'expliquer plus en détail.
Cette séance spéciale - délocalisée au Théatre de Marens avec près de 60 personnes venues y assister dans le public - avait été bien cadrée par le Bureau du Conseil communal. Les groupes politiques avaient transmis une quarantaine de questions, par thèmes, à l'exécutif, auxquelles il a répondu point par point. Des questions orales ont ensuite pu être posées en plénum pour rebondir, dans une atmosphère tendue mais respectueuse.
Plusieurs fois attaqué en cours de soirée, M. Rossellat a reconnu qu'il était évident qu'il y avait eu "des erreurs" dans cette crise. Il a dit "assumer sa part de responsabilité, être prêt à se remettre en question et a aussi admis un niveau élevé d'exigences" qui a pu heurter des collaborateurs communaux.
Mais selon lui, la Municipalité a toujours été attentive aux souffrances des collaborateurs et n'a jamais cherché à les minimiser. "On n'a jamais voulu protéger qui que ce soit", a-t-il réaffirmé.
Au total, cinq personnes se sont portées plaignantes dans cette affaire, sur près de 600 employés communaux. Une vingtaine de personnes ont été entendues dans le cadre de l'enquête, a indiqué l'exécutif.
De son côté, le municipal des finances Claude Uldry a chiffré le coût, à ce jour, de cette crise. Il se monte à près de 280'000 francs, dont 151'000 francs pour l'enquête du juge Muller et 63'000 francs de frais d'avocats-conseils. A cela s'ajoute des frais de médiation, juridiques et de communication pour plusieurs dizaines de milliers de francs.
L'enquête avait été initialement évaluée entre 40'000 et 60'000 francs. "On n'aurait jamais imaginé arriver à un montant pareil au final", a reconnu M. Rossellat.
Le syndic a sinon rappelé que l'exécutif était tenu au secret de fonction et à la protection de la personnalité et ne pouvait donc pas divulguer les détails du rapport de l'ex-juge cantonal. Il a fait une proposition pour répondre aux critiques de manque de transparence: rencontrer la commission de gestion pour donner plus de détails sur des éléments à charge et à décharge, notamment à l'encontre du secrétaire municipal, au coeur de l'affaire.
La Municipalité avait indiqué vendredi que ce cadre, en congé maladie depuis six mois, avait reçu un blâme avec menace de révocation et qu'il avait accepté cette sanction disciplinaire. Il a toutefois été précisé que le rapport d'enquête stipulait que le cadre ne méritait pas d'être licencié et méritait une deuxième chance.
Pour rappel, les tensions qui règnent actuellement à Nyon ont aussi débouché, peu avant Noël, sur le dépôt d'une plainte pénale des membres de la Municipalité à l'encontre de leur collègue Elise Buckle, en charge des ressources humaines. Ils lui reprochent d'avoir fait fuiter des informations confidentielles, dans le cadre de l'enquête administrative.
Une instruction pénale a été ouverte par le Ministère public. Une demande de suspension de la ministre verte a en outre aussi été adressée au Conseil d'Etat.