Frédéric Carron sur son départ des Verts : " Je parlerais d'une forme de mobbing"
En désaccord avec le parti notamment sur la gestion de la pandémie, Frédéric Carron et Sophie Sierro quittent les Verts valaisans. Réactions de part et d'autre sur ce clash.
Les Verts valaisans perdent deux élus au Grand Conseil valaisan. Le parti et les deux intéressés – Frédéric Carron et Sophie Sierro – ont annoncé ce lundi dans un communiqué commun que le député et la suppléante quittaient les Verts et leur groupe politique. Le parti écologiste avait pourtant mis en place une médiation pour tenter de remettre les choses à plat. Mais les divergences étaient trop importantes, tant sur des questions de fond que sur la forme. " La pandémie a révélé ces problèmes, qui sont des problèmes de fonctionnement", précise d'emblée Frédéric Carron. Il faut dire que le Fullyerain a remis en doute publiquement les chiffres des hospitalisations Covid et a déposé plusieurs interventions parlementaires avec l'UDC contre la vaccination, qu'il estimait obligatoire.
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Des prises de position qui ont déplu au sein des Verts et amené les instances dirigeantes du parti écologiste à se désolidariser des propos de l'élu. " Le parti aurait tout à fait pu accepter qu'il ait une minorité en son sein et que cette minorité défende son avis. Au sein des Verts, on peut avoir des débats mais pas sur certains sujets. Il y a des sujets sur lesquels on est tout de suite remis en place", dénonce Frédéric Carron.
De son côté, la cheffe du groupe des Verts au Grand Conseil, Céline Dessimoz réfute les dires de Frédéric Carron. " Tout le monde peut apporter les sujets qu'il souhaite. On n'est pas toujours d'accord d'ailleurs. Ça se voit assez dans nos votes au Parlement. Les débats, il y a en a," se défend Céline Dessimoz.
Mobbing chez les Verts valaisan ?
Frédéric Carron a été élu au Grand Conseil lors des dernières élections cantonales. Il faisait partie de ces nouveaux élus, qui ont participé à la percée des écologistes au Parlement. " Si j'avais su avant de m'engager à quel point ma liberté de parole serait restreinte, à quel point j'aurais dû entrer dans le moule du parti, je ne me serais pas lancé. J'avais l'image que les Verts étaient un parti ouvert, progressif. Je me rends compte que ce n'est pas tout à fait ça", déplore Frédéric Carron, qui a eu l'impression d'avoir été peu à peu écarté du groupe pour finalement être poussé vers la sortie. " Je parlerai d'une forme de mobbing. On me reproche mon côté solo, d'avoir fait des choses dans le dos du groupe. Ce comportement s'explique simplement par le fait que je n'avais pas la possibilité de m'exprimer et de débattre sur les sujets qui me touchaient", explique l'élu de Fully. Sur les accusations de mobbing, Céline Dessimoz ne fait pas de commentaire : " Je ne souhaite pas réagir à ce type de propos. Je suis même étonné qu'ils soient tenus."
Quelles conséquences ?
Les démissions de Frédéric Carron et de Sophie Sierro ne resteront pas sans conséquence pour le groupe des Verts. Les écologistes vont perdre deux places au sein des commissions, dont une au sein de la commission de gestion (COGEST) – une commission de haute surveillance. La nouvelle répartition des forces doit être recalculée prochainement par le Bureau du Grand Conseil. Quant à Frédéric Carron et Sophie Sierrro, ils ne quittent pas le Parlement. Ils vont siéger sous une étiquette indépendante. Un statut qui ne leur permettra plus d'avoir accès aux commissions. "Il y a quand même beaucoup de gens qui ont voté pour moi et je veux aller au bout de mon mandat. Je reste quand même un écolo", conclut en souriant Frédéric Carron.
Depuis le début de la législature, 4 députés ont quitté le groupe des Verts. Hormis Frédéric Carron et Sophie Sierro, deux autres élus – Virginie Maret et Céline Lugon – ont quitté le Grand Conseil pour diverses raisons. "Ça peut faire beaucoup. Le groupe a beaucoup grandi. On est passé de 16 élus à 27 avec une proportion de nouveaux élus très importante. Et probablement qu'il y a eu des déceptions, des obligations familiales qui changent et des situations professionnelles qui évoluent", précise Céline Dessimoz.